Chapitre 13

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"- Tu ne voudrais pas plutôt faire le choix de t'évader avec moi ?"

Je le fixe, consternée.

"- Mais Jonathan ! Comment peux-tu me demander ça... Je suis en cours. Deploré-je.

- Aller, viens avec moi.

- Sérieusement, pourquoi es-tu venu me chercher ?"

Je le regarde n'arrivant pas à déchiffrer ses intentions camouflées par son visage angélique. Il se tient là derrière la grille, me suppliant du regard.

Mais pourquoi est-il là ?

J'ai l'impression de le connaître et de ne pas rien savoir de lui, en même temps.

Je me retourne, Alan et Jessica nous regardant toujours avec intérêt.
Mon amie me questionne du regard et j'essaye de la rassurer.

Jonathan attire de nouveau mon attention.

"- S'il te plait ! Il n'y a pas de caméra, personne ne te verra. Supplie-t-il.

- Je ne sais quoi dire."

La sonnerie retentit, et tous les élèves commencent à se rendre en cours, dans un flot humain et rapide. Jess saute du mur et disparait à son tour, me saluant du regard.

Bon sang, que dois-je faire ?

Je devrais faire demi-tour et retourner moi aussi dans l'établissement. Pourtant mes pieds sont encrés au sol, retenus par la seule volonté de Jonathan.

Je fronce les sourcils, sachant pertinemment que je ne vais pas faire le bon choix.

"- Attrape ça, avant que je ne change d'avis ! Dis-je en lançant mon sac par dessus le portail"

Il l'attrape au vol, un grand sourire de vainqueur sur les lèvres.

Je te ferais ravaler ta fierté un beau jour. Je pense en jetant un regard inquiet sur mes arrières.

Je recule de quelques pas, fixant la grille avec détermination. Je prends une grand inspiration, mon coeur battant dans ma poitrine.

Je m'élance, deux enjambées rapides et je prends mon appel. Je saute le plus haut possible poussant sur mes muscles avec volonté. J'atteris sur la grille et commence à l'escalader avec aisance.

Mes mains s'agrippent aux barreaux avec force, avant que je ne prenne une dernière impulsion pour sauter de l'autre côté. Mon saut dans le vide se passe très vite, cette drôle de sensation de gravité m'aggripant le bas du ventre. Mes pieds rencontrent le sol avec dureté et j'amortis lourdement la chute avec mes genoux.
Je me redresse, le souffle haletant, fixant mon lycée. Je viens de passer de l'autre côté du portail, le mal est fait.

À ce rythme là, je serais renvoyée avant la fin de la semaine, il faut être un peu réaliste.

Malgré tout mon dépit, je ne peux cacher ma joie et l'excitation qui parcourt mon corps en bravant les interdits.

Je me tourne vers Jonathan qui n'a pas cessé de sourire.

Il me tend mon sac.

"- Impressionant.

- dire que je viens de fuguer par ta faute... Murmurré-je.

- Je suis plutôt fière.

- Ne le soit pas ! Dis-je en levant les bras, faussement éxaspérée, tu devrais culpabiliser !"

Il rigole d'un rire grave et doux à la fois, ne se sentant absolument pas concerné par mes remontrances.

Il commence à marcher le long de la rue, je me lance à sa suite sans me poser de questions.

"- Que fait-on maintenant ?

- On prend la Jeep, puis on va voir Toule.

- On peut passer chez moi ? J'ai quelques trucs de la soirée à lui vendre.

- Pas de soucis, dit-il en sortant les clés reconnaissables de la jeep."

Un haut le coeur me prend, j'attrape sa manche par réflexe.

Je me plis en deux, me sentant toute faible. Je commence à m'étrangler, un goût âcre dans la bouche. Je ne m'arrête pas de tousser, faisant trembler tout mon corps, une main protégeant ma bouche.

Jonathan me regarde perdu, ne comprenant pas ce qu'il m'arrive. Moi-même, je ne comprends pas.

Le goût métallique se fait de plus en plus persistant et j'ai l'impression de cracher mes poumons entiers.
Je reconnais enfin ce goût, l'incompression barrant mon front.

Ce goût, c'est celui du sang.

Mes toussotements se calment jusqu'à disparaître totalement. Je me redresse doucement, observant ma main recouverte de sang.

Ma tête tourne, le sol se dérobant sous mes yeux.

J'affronte le regard horrifié de Jonathan, me rappelant les paroles de l'infirmière avec effroi.

"Les symptômes ne vont pas tarder à apparaître"

Merde.

Mon compagnon ne dit rien. Il se contente de m'attraper un peu plus fermement, craigant que je tombe. Il m'installe sur le siège passager, avant de prendre le volant.

il démarre, lançant la voiture sur les routes enneigées.

Un silence de mort règne entre nous, ma crise ayant refroidit l'atmosphère.
Ma tête est posée contre la vitre, vibrant avec la voiture. Je ne pense plus à rien.
Le moteur ronronnant de la Jeep m'enveloppe, calmant mes peurs.

"- Je vais bien, dis-je d'une petite voix.

- Je n'en suis pas si sûr. Me répond-il en fixant la route avec attention."

Je prends une grande inspiration, en fermant les yeux.

"- Mais à quoi tu t'attendais ! Repliqué-je un peu plus fort, j'ai une leucémie pas un rhume des foins ! Un cancer bordel. "

Une colère inexpliquée monte en moi, je tente de me calmer. Je passe une main sur mon front.

Jonathan ne répond rien, se murrant dans un silence pesant.

"- Pardon. Repris-je avec plus de calme, je ne voulais pas que tu assistes à ça.

- ça t'es déjà arrivé ?

- Non, c'est la première fois."

Je le regarde, sondant son visage.
Pour la première fois depuis le début de la route, il m'offre un regard timide, délivrant ses yeux noisettes emplis d'inquiétude.

"- Tu as peur ? Me demande-t-il simplement. "

Je soupire, fuyant ses yeux insistants, pour regarder la route enneigée.

"- Oui, bien-sûr."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant