Chapitre 42

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Je suis debout, à l'entrée de la salle d'embarquement bondée, sondant avec un regard paniqué la foule. Mon cœur bat dans mes tempes à une vitesse folle.

Quelque chose heurte ma jambe droite, je me retourne pour découvrir une petite fille écroulée par terre. Je la regarde, surprise, avec des yeux globuleux, mon stress m'ayant fait oublier le monde autour de moi.

Je me baisse à son niveau en pliant les jambes. Elle est toute petite... Nous nous fixons avec le même regard perdu et étonné.

Je finis par lui tendre une main rassurante, en souriant. Je regarde sa bouille toute ronde se radoucir et elle attrape enfin ma main avec hésitation. Je la remets sur ses pieds, en me relevant par la même occasion.

Elle a un petit carré brun, avec des cheveux très fins, encadrant son visage enfantin. Elle me regarde perplexe et finit par dire quelques mots.

"- Pourquoi tes cheveux ils sont tout blancs madame ?"

Je rigole, alors qu'elle me demande ça avec toute l'innocence du monde dans les yeux. J'entends une voix aiguë crier un nom derrière moi. La petite dévie le regard en comprenant qu'on l'appelle.

Elle reconnecte avec la réalité et part en courant de façon maladroite, après m'avoir salué.

Je suis des yeux cette petite aux allures de bonbon rose, jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la foule.

Je reconnecte à mon tour, en me rappelant ce que je fais ici. Je décide de me replonger dans mon observation du hall, le stress envahissant mon corps de nouveau.

Quand je relève les yeux pour sonder la foule, j'aperçois à l'autre bout de la salle, près des comptoirs, des cheveux bruns légèrement en bataille.

Mon cœur s'arrête, mon monde se fige. Il est là. C'est lui.

Tout mon être s'enflamme de bonheur et de soulagement. Enfin.

Je crie son nom de toute mes forces, de toute mon âmes.

mon cri se perd dans le brouhaha présent, il ne peut pas m'entendre. Je réagis au quart de tour, mes jambes prennent le contrôle, je fends la foule. Je pousse les gens, je crie son nom à en perdre haleine. Je me bats avec la vie, je me bâts avec le monde. Je veux juste le rejoindre.

Je ne te laisserai pas partir, attends moi encore juste un peu.

J'ai parcouru la moitié de la salle, j'ai l'impression de me faire dévorer par la foule, mais je continue sans cesse de courir et de me débattre pour avancer.

Des larmes perlent sous mes yeux, je ne veux que lui.

Il pose son billet sur le comptoir, devant l'hôtesse. Mon cœur bat à en exploser ma cage thoracique. J'ai peur, le voir partir sous mes yeux me crèverait le cœur.

"- JONATHAN !"

Je crie à plein poumons, à m'en arracher la gorge. Je le fixe, le souffle coupé et les poings serrés.

Il se retourne doucement, ses yeux étonnés se posent sur moi. Son regard me foudroie.
Mon souffle s'accélère, les larmes coulent. J'avais peur qu'il ne m'entende jamais.

Il est figé, me fixant sans réaliser, il lâche ses valises au sol sous l'étonnement. Des gens protestent, l'hôtesse l'interpelle. Mais il n'écoute pas.

Il laisse tout en plan et commence à marcher vers moi avec un regard encore perdu, rempli d'incompréhension.

Je me remets à courir, faisant tout pour le rejoindre. Les gens autour de nous commencent à s'écarter, comme s'ils réalisaient notre présence.

J'avance vers lui de plus en plus vite, nos corps ne sont plus qu'à quelques mètres.
Nous nous faisons face. Face à face et il n'y a plus que lui dans tout le monde entier à mes yeux.

Sans réfléchir, je saute dans ses bras, enroulant mes jambes autour de ses hanches, le serrant de toutes mes forces. Je pleure de joie, tandis que des milliard d'émotions explosent en moi. Il referme ses bras autour de ma taille. Je n'arrive pas à décrire tout ce que je ressens en le sentant enfin là, contre moi.

Les seconde passent, nous restons dans cette position, prenant petit à petit conscience de la situation.

Il passe une main dans mes cheveux et nous nous écartons pour pouvoir se regarder. Je respire fort, les joues mouillées de larmes et je peux lire l'émotion sur son visage.

Il finit par troubler mon moment de réflexion, en demandant d'une faible voix.

"- Gwenn ?"

Je le devance, laissant mon cœur couler à travers mes paroles. Je relâche tout, enfin.

"- Be n'ai pas pu pardon ! Je ne pouvais pas sans toi, ma vie n'avais plus de sens, rien que de penser que j'aurais pu, ne plus jamais te revoir. Ça me rendais dingue... Plutôt mourir que de continuer vainement. Dis-je, la voix entrecoupée par ma respiration irrégulière. "

Il me regarde, tentant d'assimiler tout ce que je viens de dire.

"- Mais je-

- Ne pars pas sans moi, ne m'abandonne plus jamais. Le coupais-je."

Il ouvre la bouche pour parler, mais je ne lui en laisse pas le temps, je pose mes mains le long de ses joues avant de plaquer mes lèvres sur les siennes.

Mon corps explose, mon estomac se retourne. Je le sens soupirer contre ma bouche et il répond doucement à mon baiser, en mouvant ses lèvres contre les miennes.

Ses mains descendent pour me soutenir au niveau des cuisses, tandis que ma main glisse dans ses cheveux pour se fixer ensuite au niveau de sa nuque.

Ses lèvres sont chaudes et douces et je me sens défaillir dans ses bras. Sa langue rencontre la mienne dans un contact brûlant et humide. nos bouches se répondent encore et encore comme une délivrance. Des frissons parcourent tout mon être.

Je m'écarte de lui à bout de souffle, brûlante de sensations. Il est dans le même état que moi et je peux voir ses lèvres bien rosées et gonflées par notre baiser.

Je colle nos fronts et il caresse doucement mon dos avec sa grande main.

Il murmure avec une voix aussi irrégulière que la mienne.

"- je ne te laisserais plus. Pardon... Je t'aime tellement."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant