Chapitre 23

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Cette soirée avec Jonathan était magique, hors du temps.

Je crois que ce soir là, je me suis vraiment attachée a lui.

Après cette nuit, sur ce toît, quelques jours sont passés. J'ai revu Jess, mais je ne lui en ai pas parlé, je me suis contentée de profiter de mon amie. J'ai aussi vu Jonathan quelques soirs au bar. Il faut dire qu'on se voit assez souvent depuis qu'il est venu me trouver ce fameux soir, ce fameux soir où il m'a offert une bière.

Je ne regrette pas.

Je ne regrette pas qu'il m'aie offert une bière.
Je ne regrette pas de lui avoir envoyé un message.
Je ne regrette pas de le voir chaque jour. Au contraire, J'adore ça.

Mais voilà, ce soir, c'est la fin du flottement de bonheur de ma vie.

Vous savez comme une réplique de film le disait : La vie c'est comme un film. Les pubs sont les moments de bonheur, et le film, c'est les coups durs, le reste, la vraie vie.

Ce n'est pas la réplique mot pour mot, mais l'idée est là. J'ai en tête que la page de pub de ma vie arrive à son terme. Et que je vais replonger brutalement dans la réalité.

Mais après tout, c'est mon choix.

Si je pense tout cela, c'est car ce soir, c'est le grand soir. Ce soir je cambriole un musée. Une page décisive de ma vie.

Quelles vont être les conséquences ?

Soit je me fais lamentablement coffrer, et je finis le reste de mes jours rongée par un cancer, au fond d'un cellule de pénitencier, perdu dans les montagnes. Soit je vole un tableau, et ensuite Jonathan s'envole pour le monde, tandis que moi je vais me faire brancher à une machine, pour me battre avec un cancer.

Le vrai film de ma vie est loin d'être réjouissant. Mais les choix sont restreints et je veux payer ce traîtement, je veux me battre.

J'ouvre et cligne des yeux quelques fois, sortant de ma léthargie du moment.

"- À quoi tu penses ?"

Je tourne la tête, observant ma mère assise en tailleur à côté moi. Elle a un gros plaid sur les genoux, les cheveux en bataille, toujours dans l'éternel pull de mon père. Elle tient une tasse remplie de thé brûlant, remplaçant l'habituelle bouteille de vodka, les volutes de vapeur venant s'écraser contre son visage.

"- Je pense à ma vie. Dis-je simplement.

- Tu ne l'aimes pas ta vie ?

- Disons que ça dépend des jours."

Je la trouve de plus en plus vivante ces temps-ci, et ça me motive. Si je fais tout ça, c'est aussi pour elle.

Si je ne fais pas ce traîtement, que deviendra-t-elle ?

Je ne peux pas simplement disparaître en laissant tout derrière moi. je ne peux pas mourir et les abandonner, mon père a déjà ce rôle, je ne ferais pas la même erreur.

Parfois quand je la vois comme ça, j'ai envie de lui payer une cure, pour qu'elle oublie l'alcool et qu'elle reprenne goût à la vie. Elle réapprendrait a marcher, vivre normalement. Avoir la chance de tout recommencer à zéro.

Mais cette cure est bien trop chère. Depuis que je dois payer mon traîtement, je n'ai vraiment pas les moyens pour un tel investissement.

Elle sirote sa boisson chaude en regardant les informations à la télévision, en silence. En la voyant toute calme et fragile, je me dis que je l'aime. Mais aimer est dur quand on voit les personnes tomber lentement dans la décadence, aimer est dur car cela nous donne envie de protéger au delà du possible.

"- Maman, je suis de sortie ce soir.

- Tu vas où ?

- Qu'importe. Je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer, ne t'inquiète pas je reviendrai vite."

Je sers les dents en disant ces mots. Peut-on promettre des choses si incertaines ? Vais-je réellement revenir ? Je n'en sais rien, mais il va le falloir.

"- Si tu reviens, alors tout va bien, murmure ma mère avec un faible sourire.

- Si tu as faim je t'ai préparé un plat, il est au frigo, je te laisse te débrouiller, je dois aller préparer des affaires."

Elle acquiesce du menton, n'opposant aucune résistance.
Je la regarde longuement une dernière fois, mémorisant chaque détail de son visage, chaque trait.

après m'être levée du canapé en cuir, je monte dans ma chambre. C'est bientôt le moment.

J'enfile ma combinaison légère et collante, totalement blanche. Puis je réunis mes cheveux en une longue tresse, qui retombe mollement dans mon dos. Mes mains glissent dans des petits gants blanc et mes pieds dans des petits chaussons d'un tissus très résistants.

Je me retourne pour me fixer dans le miroir. Je n'ai sûrement jamais été aussi blanche qu'aujourd'hui, s'en est presque dérangeant.

Je ferme les yeux en prenant de grandes respirations. On y est.

"... mais toi, je pense que tu es infiniment blanche"

Les paroles du shérif résonnent dans mon esprit. Je suis une voleuse. Les voleurs ne sont pas blanc. Je suis désolée de vous décevoir, vous croyiez en moi.

Je passe mon éternel sac de sort par dessus mon épaule, avant de sortir de chez moi, ne jetant aucun regard en arrière.

La Jeep est garée devant le portail.

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant