Chapitre 20

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Nous sommes toujours au Casino, moi tenant compagnie à Charles avec ses magnifiques yeux de séducteurs. Tandis que Jonathan est assis aux côtés de la somptueuse blonde.

Nous jouons à rendre l'autre jaloux.

La tension est devenu électrique, ardente.

Charles me sauterait sûrement dessus si nous n'étions que deux, et la belle blonde est tout à la merci de Jonathan.

Mais ce n'est rien comparé au regard brûlant et passionné que nous partageons avec le voleur.

Il me fait tressaillir, je me sens nue face à son regard. Je le découvre bestial et viril, et mon corps n'en reste pas indifférent. Jamais je n'avais ressenti de telles émotions, une telle tension entre deux corps malgré la distance.

Jamais.

D'habitude personne ne me remarque, car je veille à être discrète, c'est un choix. Mais je ne contrôle pas Jonathan, il abat avec une facilité déconcertante toutes mes murailles.

Je n'ai jamais ressenti cela, ce désir.

Cette envie d'oublier le reste des clients luxueux autour de nous, cette envie de grimper sur la table et de parcourir le distance qui nous sépare pour l'attraper par son petit nœud papillon et dévorer ses lèvres, plonger mes mains dans ses cheveux envoûtants.

Je secoue la tête, comment puis-je penser à tout ça, mes pensées ne m'écoutent plus... Mais le pire, ce qui me mine le plus, c'est de ne pas savoir ce qu'il pense de moi.

Me voit-il comme une gamine ?

N'a t'il aucun désir ?

Je trésaille, délaissant ces pensées pour me concentrer sur la partie en cours, voyant les esprits s'échauffer autour de la petite table.

Je sens Charles tendu par le jeu, je passe un main toute en légèreté sur son épaule, pour lui montrer que je le soutiens. Il se penche vers moi, susurrant quelque mots à mon oreille, ce jeu de séduction et de jalousie m'enflammant.

"- J'aimerais t'emmener dans un de ces petits salons..

- Mais pour y faire quoi, demandé-je presque innocemment en connaissant la réponse.

- Je pense que je commencerais pas t'enlever ces jolies vêtements."

Il m'embrasse sous mon oreille, ses lèvres caressant la peau de mon cou. Je lui souris simplement, affrontant son regard vert, sachant pertinemment que Jonathan assiste à cette scène. 

Des voix masculines passent derrière moi, et je vois le jeune voleur les suivre du regard. Je me tourne légèrement pour pouvoir jeter un coup d'œil, étonnée que quelque chose puisse détourner l'attention de Jonathan de cette torride partie de jeu.

Il s'agit de deux hommes, plus de quarante ans à première vue, dans de somptueux costumes, encadrés par quelques gardes du corps au regard dur.

Malgré que je ne les ai aperçu que quelques fois lors de soirées, je reconnais aisément le maire et son second. Ils semblent discuter de sujets sérieux, tout en se rendant dans un salon privé, réservé aux VIP.

Jonathan me fixe du regard, je comprends facilement qu'il veut les suivre. Je me lève donc avec le plus d'élégance possible, jetant un regard doux à ma proie.

"- Pardon, je dois régler une affaire, j'ai passer un très bon moment en votre compagnie.

- Tout le plaisir était pour moi, j'espérer vous revoir bientôt."

Il prend ma main avec des manières de gentleman et l'embrasse en me fixant de ses yeux émeraudes, je frémis devant le charisme de cette homme.
Il me lâche avec légèreté et douceur, appuyé d'un regard plein de promesses. Je fais volte face, encore légèrement troublée.

Je rejoins Jonathan et nous suivons, quelque peu en retrait, les deux hommes politiques.

Il me fixe avec des yeux que je n'arrive pas à déchiffrer, je préfère regarder devant pour ne pas perdre la trace du maire, fuyant par la même occasion toute confrontation.

Ils rentrent dans un petit salon privé.

"- On fait quoi maintenant ? Je murmure.

- On écoute aux portes. "

Les deux gardes sont rentrés eux aussi à l'intérieur, laissant le couloir désert.
Nous nous collons aux parois, pour entendre des brides de la discussion.

"- Comment c'est déroulée votre dernière soirée M. Le Maire ?

- Et bien il y a de plus en plus de vols, je n'aime pas cela du tout !"

Nous échangeons un regard avec Jonathan, étant tous deux concernés par cette affaire.

"- Je ne peux laisser le taux de criminalité augmenter de la sorte. Reprend le maire, Nantilly est une petite ville tranquille !

- Je comprends bien mais...

- De plus si les taux décollent, je vais devoir faire construire de nouvelles sécurités et ça risque de me coûter cher.

- Que comptez vous faire ?

- Arrêtez cette poignée de voleurs et l'envoyer directement au pénitencier. Je ne vois que ça comme solution."

Nous nous regardons avec Jonathan, je n'ai vraiment pas envie de me retrouver dans un pénitencier. Je vois de la peur et de la rage se mêler dans les yeux de mon compagnon.

Il a déjà failli y aller une fois, il ne laissera personne essayer de l'y renvoyer.

Je le questionne du regard. Ça va ?

Il ne répond pas, figé dans ses pensées.

Les murmures reprennent et je recolle mon oreille contre le bois de la porte, veillant sur le voleur du coin de l'œil.

"- Nous organiserons une nouvelle fête ce weekend, j'inviterai de nombreux officiers de police parmi les invités pour les coincer.

- Quelle admirable idée, Monsieur !"

Je ferme les yeux, ce que je viens d'apprendre est crucial. Il nous suffit de ne pas nous rendre à cette soirée pour garder notre liberté. Tant que les plans du maire se restreignent à ce genre d'idées, je ne m'en fais pas trop pour nous.

Des bruits se font entendre et je comprends rapidement que les politiciens vont sortir. Je panique en voyant que Jonathan n'est plus opérationnel, figé dans ses pensées et dans ses peurs. Comme s'il revivait un cauchemar éveillé.

Je le pousse dans l'encastrement du mur juste à côté de la porte, derrière un magnifique ficus bien garni.

"- Surtout ne bouge pas de là, murmuré-je, je gère la situation."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant