Chapitre 30

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Je me suis éloignée de lui, le fixant toujours sous le choc alors qu'il ne réagit pas, parfaitement serein.

"- Alors ton départ ne te fais ni chaud ni froid ? dis-je d'une voix froide.

- Ne t'avance pas sur ce terrain Gwenn.

- Et pourquoi pas ? Répliqué-je. Alors tous ces moments passés ensemble ne sont que du vents pour toi ?

- Ce n'est pas ça.... C'est que..."

il semble chercher ses mots en fuyant mon regard. Pour ma part, je le fixe avec une expression d'horreur gravée sur le visage.

"- Tu m'abandonnes... Tu me laisses seule ici avec mon cancer pour seule compagnie, repris-je avec tristesse.

- Tu ne comprends pas !"

Je le menace en pointant sa poitrine du doigt.

"- Non c'est toi qui ne comprends pas ! Crié-je presque, tu ne comprends rien de moi !"

Je lui jette un regard dédaigneux.

"- Adieu, Jonathan."

Les larmes montent et commencent à se déverser sur mes joues. Quelle faiblesse. Je fais volte face pour disparaître, voulant fuir plus que tout cet endroit et encore plus Jonathan.

"- Non... Murmure-t-il, Gwenn attends ne pars pas... Pas tout de suite."

À quoi bon rester plus longtemps.

Je ne prends même pas la peine de répondre, sortant dans le salon toujours vêtue de ma combinaison. La salle est plongée dans le noir, mais je peux distinguer mon sac posé sur la table basse au milieu de la pièce, devant un petit canapé en tissus gris.

J'attrape celui-ci, qui semble bien rempli par ma part du gain, et quitte avec un pas pressé cet appartement. Je me retrouve seule dans la rue et me situe assez rapidement. Toujours contrôlée par la colère, j'arpente les rues enneigées d'un pas rapide, mon téléphone à la main. Je sens mes joues mouillées se recouvrir de gel sous le froid de la nuit.

Je compose le numéro de Jess sur mon téléphone, qui ne tarde pas à répondre d'un voix ensommeillée.

"- Bordel Gwenn il est quatre heures du mat' ! C'est pas une heure pour appeler les gens ça, t'es au courant ?! commence-t-elle.

- J'ai besoin de parler. Maintenant.

- T'es pas possible toi... Bon grouille, je sors le plaid.

- Merci, t'es une vraie.

- Je me déteste moi même d'être aussi gentille. "

Elle raccroche et je retrouve un sourire fébrile grâce à ma meilleure amie.

Je me retrouve bientôt dans son jardin et j'escalade sa maison comme à l'habituée. Le froid attaquant mes doigt meurtris, mes joues gelées et mes cheveux se rebellant autour de moi... J'ignore tout, repoussant la neige pour grimper sur le toit légèrement pentu.

Jess m'attends, accoudée nonchalamment à la fenêtre avec ses petits yeux bouffis de sommeil.

"- Mais qu'est-ce que c'est que cette tenue ? dit-elle en pointant ma combinaison blanche, recouverte de sang et déchirée à quelques endroits.

- Je vais t'expliquer.

- Viens, je vais te filer d'autres vêtements tu me fais pitié là. Dire que tu t'es baladée comme ça dans la rue.

- Tu sais, on ne croise pas trop de monde à cette heure-ci dans les rues, précisé-je en haussant les épaules d'une manière je-m-en-foutiste. "

Je pose mon précieux sac sur le rebord de sa fenêtre, avant de me glisser dans sa chambre pour enfiler des vêtements plus décents.

Après avoir passé un jean et une chemise trop grande sur un col roulé noir, nous nous installons sur le rebord de sa fenêtre. Le fait d'être avec Jess m'a immédiatement calmé, laissant juste place à un tristesse sourde serrant mon cœur.

Comme à chaque fois, mon amie sort son paquet de cigarette et moi mon briquet. Une clope entre les lèvres, fixant le vide béant face à moi, je lui raconte tout, du vol jusqu'à ma récente engueulade avec Jonathan.

"- Et bien... dit-elle en laissant s'échapper de la fumée entre ses lèvres, si je m'attendais à apprendre tout ça à quatre heures passées du matin."

Je fais la moue, avant de recracher à mon tour la fumée grise, en volute au dessus de mes yeux.

"- Tu te sens comment ? me questionne-t-elle.

- Vide, triste et abandonnée. dis-je simplement.

- Je comprends.

- Alors quoi ? je n'ai plus qu'à faire ce traîtement n'est-ce pas ? Relevé-je indignée.

- Il peut te sauver la vie.

- Je sais... Mais toi qu'est-ce que tu en penses ?

- Ce que j'en pense ? reprend-elle en se rallumant une nouvelle cigarette et en fixant le ciel au dessus de nous. Je pense que c'est à toi de faire ton choix et qu'il n'y a pas de bon ou de mauvais. Il s'agit juste de toi. Bien que ta vie soit en jeux change un peu la donne, il s'agit quand même de la mort."

Je soupire.

Je me tourne vers elle, un sourire triste aux lèvres.

"- Qu'en sait-on ? Repris-je avec une voix claire, la mort est peut-être magnifique."

elle me regarde me rendant mon sourire. Les flocons défilent devant mon visage.

"- Plus belle que la vie ? Demande-t-elle.

- Sûrement. La mort est triste pour ceux qui restent."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant