"- Il faut qu'on parle, dis-je directement."
Elle reste silencieuse, comme pour me montrer qu'elle est prête à écouter chacun de mes mots.
Je me tourne vers elle, on ne peut plus sérieuse, avec une expression sincère au visage.
"- écoute on ne peut plus vivre comme ça. Voila trop longtemps qu'on se cache et que tu attends de mourir sur ce vieux canapé. Je t'ai aider toutes ces années, je me suis battue pour deux, j'en suis même arrivée à voler pour nous faire vivre. Mais il y a peu, j'ai touché le fond. En réalité, ce n'est pas arrivé par hasard, c'est arrivé quand mon cancer c'est déclaré. Je n'ai jamais osé te le dire, mais voila, je suis atteinte d'une leucémie, un stade plutôt avancé."
Elle ne bouge pas, murée dans le silence, alors que des larmes dévalent le long de ses joues. Je prends ses mains dans les miennes et lui souris doucement.
"- je vais bien, repris-je, j'aime la vie, mais maintenant tout ceci ne peut plus continuer. J'aurais pu faire un traitement, mais non. Et puis comment m'occuper de toi, alors que je subirais une chimiothérapie ? Ce n'est pas conciliable et je sais bien que sans moi... Tu abandonnerais. Je ne te laisserais pas faire. Il y a peu, j'ai fait un acte peu légal, qui m'a rapporté beaucoup d'argent pour pouvoir payer ma maladie. "
Je suis coupée dans mon monologue par des bruit de poing qui frappe sur la porte. Je serre les dents, le temps presse.
"- écoute, je n'ai pas fait ce traitement, à la place j'ai donné tout l'argent pour te payer une cure. Ils soigneront ta maladie et t'offriront une nouvelle vie.
- mais ... Et toi... dit-elle doucement parlant enfin.
- moi, je veux que tu vives que tu te battes maintenant, bats-toi pour moi."
Je me lève et la force à me suivre jusqu'à l'entrée, je sens tout comme elle, des larmes glisser le long de mes joues dans un contact froid et humide.
"- je t'en prie... Dit-elle.
- je vais continuer à vivre ne t'en fais pas, je ne suis pas encore finie, la rassurais-je. Je sais que tout ceci est brusque mais ce jour devait arriver. Maintenant je veux que tu vives, vies pour moi, on se reverra dans une autre vie."
Elle me prends dans ses bras, calant sa tête dans mon cou humide.
"- merci, dit-elle doucement. "
je l'éloigne doucement pour la regarder en souriant.
"-je t'aime maman.
- moi aussi chérie.
- va mettre tes chaussures il faut partir."
Pendant qu'elle met ses affaires, j'ouvre la porte pour trouver un homme se tenant derrière, souriant.
"- Bonjour dit-il.
- merci d'être venu.
- c'est normal, nous nous étions déjà contactés il y a longtemps pour parler du cas de votre mère."
Je lui tend le sac contenant tout mon argent.
"- prenez bien soin d'elle je vous en prie. dis-je comme une prière.
- nous ferons tout notre possible.
- merci."
Ma mère sors à son tour, et salue l'homme poliment tandis que je lui confie le sac comportant ses affaires. Elle me serre un dernière fois dans ses bras, tandis que l'homme lui indique de la suivre pour se rendre à la voiture.
Avant de me quitter, ma mère enlève son pull et me le donne en souriant.
"- maintenant je n'en ai plus besoin, prends en soin pour moi. "
Je me contente d'hocher la tête et de la regarder partir sous la neige, avant de rentrer dans la voiture et de disparaitre au loin. Je me sens tout un coup si seule, mais soulagée au fond de moi.
Je rentre à l'intérieur, ma maison paraissant tout un coup vide de toute vie. Je me rappelle de cette sensation que j'avais tous les soirs en rentrant chez moi, cette sensation en sachant que ma mère était la dans le canapé. Juste le fait de sa présence me rassurait, je me sentais moins seule et ça me donnait du courage.
J'enlève doucement la chemise que m'a donné Jess, pour enfiler le pull noir de mon père. Je touche doucement le tissus en souriant. Je pense qu'à mon tour je ne le quitterais jamais, malgré qu'avant je le détestais.
Je sais que je ne reverrais jamais ma mère, mais je pense que tout est mieux ainsi.
Et maintenant que faire ? Je m'assois ans le canapé en prenant ma tete dans mes mains.
Ma vie n'est plus ici, mais que dois-je faire ? Maintenant je suis livrée à moi-même, plus que jamais. Je regarde mon téléphone.
9H10.
Jonathan décolle pour toujours ce midi. Cette idée se met à me hanter et je commence à faire les cent pas au milieu de mon salon.
Que faire ?
Un espoir infime me prend, alors qu'une idée folle commence à germer dans mes pensées. Après tout pourquoi ne pas tout tenter, pourquoi ne pas le rejoindre ? Tout n'est pas encore perdu !
Je laisse tout derrière moi, ne prenant aucun bagage. J'abandonne ma maison, lançant un dernier regard en arrière avec un adieu muet, pour prendre le chemin de la gare à pied.
Je t'en prie Jonathan attend moi, laisses-moi une chance.
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La Voleuse De Flocons
AventuraGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...