Chapitre 34

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(point de vue de Jonathan)

C'est avec le cœur lourd que je regarde ma montre. 8H23.

Je fais mon sac et je dégage de ce pays, c'est mon choix. Cette ville ne sera pas mon tombeau et je ne laisserai personne m'envoyer dans ce pénitencier. 

Je dois prendre mon train à 9h42. Ce train m'emmènera à l'aéroport où un avion en destination de Paris décollera à 12H00, avec je l'espère, moi à l'intérieur. 

Je ferme les yeux quelques instants, repensant au visage de Gwenn, à son expression de rage et de tristesse la dernière fois que je l'ai vu, la toute dernière fois. Cette fille est probablement la seule chose qui me retient dans cette ville de glace et de neige. 

Mais je me suis toujours promis de partir, quitte à tout laisser derrière moi, et je m'y tiendrai. malgré cela, j'ai cette expression gravée dans mon esprit, me hantant sans relâche. 

Un bruit de porte coupe le court de mes pensées et je me retourne pour me retrouver face à Toule, la tête calée dans l'encadrement de la porte. 

"- Comment tu te sens ? me demande-t-il. 

- Ça va. 

- T'en es sûr ? 

- Toule, tu sais que tout comme toi, mon seul rêve est de quitter ce pays. Alors évidement, je suis heureux."

Il me regarde, l'air dubitatif. 

"- Tu sais petit, reprend-il alors que je grince des dents en entendant ce surnom, rien ne sert de poursuivre de vieilles chimères. Parfois il vaut mieux abandonner d'anciens rêves, pour se rendre compte que le bonheur se trouve ailleurs."

je le regarde, sceptique à mon tour. 

"- Depuis quand sors-tu des phrases philosophiques de la sorte ? Le questionné-je presque ironiquement. Je ne pense pas qu'un roi du marché noir soit vraiment bon pour se pencher sur les problèmes des autres.

- Laisse-moi dire ce que je veux.

- De toute façon, je ne sais même pas ce qu'est une chimère.

- T'es vraiment inculte, dit-il avec un regard blasé.

- Je ne comprends pas trop ce que tu attends de moi. Repris-je plus sérieusement.

- C'est à toi de voir petit, maintenant si tu veux toujours partir boucle tes affaires et on se casse d'ici.

- Ne m'appelle pas PETIT !"

Malheureusement il a déjà quitté les lieux. Je fronce les sourcils en réfléchissant à la discussion que je viens d'avoir avec Toule. Que veut-il dire ? de toute façon je partirai, quoi qu'il en coûte. 

Pour vous expliquer, Toule et moi partons tous deux ensemble à l'aéroport, avant de nous séparer là-bas, prenant chacun notre propre chemin. Je crois bien qu'il veut ré-ouvrir son marché noir en Asie, mais je ne suis pas trop sûr.

Je termine de mettre mes affaires dans la petite valise, choisissant de prendre le stricte minimum et d'abandonner le reste ici, de toute évidence je ne peux pas tout emmener. 

Dans mon sac de voyage je mets tout l'argent qu'il me reste et que j'ai économisé depuis toutes ces années, le reste se trouvant sur mon compte en banque. Je finis par vérifier si j'ai bien mon billet d'avion et mes papiers les plus précieux, avant de boucler le tout pour rejoindre Toule qui m'attend dans le salon. 

"- Prêt ? me demande-t-il. 

- Ouai. 

- Sûr de toi ? 

- Puisque je te le dis.

- Bon, termine-t-il presque déçu de ma réponse."

Nous abandonnons la Jeep ici, laissant volontairement la porte de l'appartement ouverte puisque nous avons prévu de ne jamais revenir. 

Un allé simple pour ailleurs. 

C'est ainsi que nous partons à pied sous la neige, nos bagages à la main dans un silence de mort, en direction de la Gare de Nantilly.

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( point de vue de Gwenn)

Je passe doucement la porte, me faufilant dans l'entrée avant de refermer derrière moi. 

J'entre dans le salon, et c'est sans surprise que je trouve ma mère endormie dans le sofa dans l'éternel pull de feu mon père. Je passe derrière le canapé sur la pointe des pieds pour me rendre dans la chambre de mes parents qui n'a pas été utilisée depuis très longtemps.

La pénombre y règne à cause des volets fermés, la tristesse régnant dan cette pièce sombre et froide. Pas étonnant que plus personne ne vienne ici. 

Sachant que mon temps est compté, je sors un grand sac de voyage et ouvre le grand placard en ébène, qui meuble la plus grande partie de la chambre en plus du grand lit. 

Je commence à le remplir avec des vêtements appartenant à ma mère, choisissant minutieusement le stricte minimum. Je me dépêche de finir et ferme avec le cœur lourd le grand sac, avant de partir le déposer devant l'entrée. 

Je retourne m'asseoir à côté de ma mère sur le canapé, la regardant dormir paisiblement. Je passe ma main dans ses longs cheveux bruns, légèrement gras à cause du manque de lavages. 

Il est vrai que depuis que j'ai rencontré Jonathan je me suis moins occupée de ma mère, occupée à me démener et vivre plus fort aux côtés du voleur. Je regrette évidement mon manque d'attention, mais ma mère ne m'en a jamais tenu rigueur.

Je culpabilise donc seule au beau milieu de mon salon silencieux. 

Je secoue son épaule, prenant mon courage à deux mains. 

Elle ouvre des yeux embués de sommeil et met un certain temps avec de réaliser ma présence. 

"-Chérie ? Me questionne-t-elle avec une voix enraillée."

Je la fixe, sentant de légers relents d'alcool émaner de sa personne. Ce qui ne me surprend en évidence pas. Elle se redresse avant de se retourner face à moi. 

Je prends une grande inspiration. 

"- Il faut qu'on parle, dis-je directement."

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant