Chapitre 38

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Alors que je guide le Shérif, la voiture prioritaire s'élance avec vitesse sur les routes enneigées. Mon corps bascule d'un coup sec vers l'avant, retenu fermement par la ceinture de sécurité.
Les freins crissent des la neige, peinant à maintenir le cap. En seulement trois minutes, nous sommes arrivés.

Mais arrivés où, n'est-ce pas ?

Nous sommes arrivés juste devant le petit immeuble où vivaient Jonathan et Toule, encore la veille.

Je me retourne, tout sourire, vers le conducteur de la voiture. Il m'a redonné confiance et espoir et m'a offert un temps précieux, par dessus le marché.
Cet homme est un saint, et surtout mon ami. Je trouve cela étrange de parler d'amitié entre deux personnes séparées par tant d'années, mais je pense que les amitiés les plus étranges sont souvent les plus belles.

Au diable la banalité.

Je me re-concentre sur le moment présent, en m'adressant au Shérif qui attend patiemment à mes côtés.

"- Merci pour tout. Dis-je en souriant.

- De rien, nous sommes quittes.

- Quittes ?

- Sans t'en rendre compte, tu m'as quand même beaucoup aidé, explique-t-il sans entrer dans les détails."

Nous nous fixons simplement, sans arrières pensées, juste avec des regards qui se veulent bienveillants.

"- Je suis vraiment heureuse de vous avoir rencontré, repris-je.

- Moi de même, si tu n'avais pas été derrière cette grille, mes soirées de garde m'auraient paru bien longues et ternes.

- Et moi donc ! Rigolé-je.

- Merci d'avoir égayé ma vie de quelques touches de blanc.

- Pourquoi dire que je suis si blanche. Je suis une voleuse, on ne peut pas dire que c'est une activité louable, surtout vis à vis de vous. Contesté-je."

Il pose un main rassurante sur mon épaule, et la presse doucement avec compassion.

"- Un jour quand tu auras mon âge et que la vie te paraîtra bien fade, tu te rendras comptes que les actes ne font pas les gens. Tout est une question de contexte et de foi. Qui tu es vraiment il n'y que ça qui compte, et ceux qui sauront le voir, sont des personnes qui compteront vraiment pour toi.

- Alors vous êtes quelqu'un de bien ?

- à toi de décider, dit-il ironiquement en souriant."

je ferme les yeux en souriant pour seule réponse, le temps file et je sais qu'il faut partir.

"- Merci je ne vous oublierai pas. Dis-je simplement.

- Moi non plus. "

Nous nous fixons quelques instants, tout en sachant que c'est sûrement la dernière fois que nous nous voyons. Je regarde ses traits lasses et fatigués, lisant la sympathie dans ses yeux.

Un adieu muet flotte entre nous. Je décide d'ouvrir la portière pour partir, jetant un dernier regard sur cet homme.
Nous n'avons pas ajouté un seul mot, il a démarré, me laissant seule sur le trottoir enneigé. J'ai fixé la voiture qui partait au loin, les traits bien particuliers du Shérif encore gravés dans mon esprit.

Je me retourne, me retrouvant face au petit immeuble triste et commun. Décidant d'agir pour éviter de me plonger dans de sombres pensées, je pousse la porte d'entrée pour me rendre dans le petit hall mal éclairé.

Je redécouvre l'endroit, ma dernière visite de la veille étant si rapide que je n'avais pas vraiment fait attention au lieu. La décoration simple et épurée, s'imose dans des tons grisonnants.

Je m'empresse de rejoindre les escaliers, pour me rendre au premier étage, où se trouve l'appartement.

J'avais peur que la porte soit fermée et que je doive la forcer de quelque manière que ce soit, me faisant perdre beaucoup de temps. Mais à ma grande surprise, la porte est ouverte, montrant bien que l'appartement a été totalement abandonné par ses occupants.

Je pousse celle-ci, qui s'ouvre, dans un crissement, troublant le silence présent. Quand je rentre dans le petit salon, presque rien n'a bougé, laissant un drôle de sentiment planer sur les lieux.

Je me mets à l'action, tournant dans toutes les pièces mettant le petit appartement sans dessus dessous. Je fouille rapidement tous les endroits possible, retournant tous les tiroirs, vidant toutes armoires. L'appartement prend vite une allure chaotique par ma faute, mais je n'y prête pas la moindre attention, bien décidée à trouver quelque chose en particulier.

Je pénètre dans la chambre de Jonathan. La fenêtre est restée ouverte, laissant rentrer une légère brise hivernale. Son odeur plane dans les lieux. Après un bref frisson, je reprends mon activité en retournant toute la chambre.

J'ouvre le grand placard aux portes blanches, encastré dans le mur, découvrant tous ses vêtements qu'il a décidé d'abandonner là. N'ayant rien trouvé, je passe à la petite table de nuit pour ouvrir le tiroir principale.

Pour mon plus grand bonheur, je trouve enfin l'objet que je recherche, au milieu de ses différentes affaires personnelles.

Je sors fièrement les clés de la Jeep, les fixant quelques instants dans ma paume de main avec une fierté mal dissimulée sur le visage.

Enfin.

Si je ne les avaient pas trouvées, rejoindre l'aéroport aurait été tout bonnement impossible. Je regarde par la fenêtre, pour apercevoir La Jeep dormant sur une place de stationnement sur le trottoir d'en face.

Ne bouge pas ma grande, j'arrive.

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant