Je recule de quelques pas, fixant la porte.
Mon cœur bat doucement dans ma poitrine, Jonathan ne bouge pas, toujours caché.
Je prends une grande inspiration, la porte s'ouvre. Les deux gardes sortent suivis du Maire, ainsi que de son second.
J'expire, bon aller, pour Jonathan. Comme le dit une réplique de film, soit on se la pète, soit on se dégonfle.
Dire qu'avant j'étais discrète, je me débattais pour garder ma petite vie. Mais dans quel monde m'as-tu poussée Jonathan ?
Je me mets à marcher en direction du groupe, qui vient d'ailleurs de détecter ma présence. Je prends une démarche souple et rapide, la tête haute, regroupant le plus d'assurance possible pour me donner du courage.
Aller du culot ma fille !
Les gardes s'apprête à m'intercepter, mais le Maire lève la main avant qu'ils n'aient pu faire le moindre geste.
"- Attendez. Depuis quand vous jetez vous sur les demoiselles ?"
J'esquisse un sourire imperceptible. Apparemment les charmes d'une fille ne lui sont pas indifférents.
Je m'approche du Maire, faisant une révérence emplie de politesse.
"- C'est un honneur de pouvoir vous croiser Monsieur le Maire.
- Que faîtes vous là, mademoiselle ?
- Et bien... Je m'apprêtais à rejoindre un ami dans un salon privé, Charles.
- Oh, je comprends mieux.
- C'est une réelle joie de pouvoir vous voir de si près. Contourné-je avec malice."
Je lui tends ma main, qu'il attrape dans un sourire, avant d'écraser ses lèvres contre celle-ci. Je serre les dents, je ne dois pas flancher.
"- Vous devriez passer me voir au palais un jour.
- Avec joie. Répondis-je en minaudant.
- Quelle charmante demoiselle. Je dois me retirer, des affaire m'attendent au palais.
- J'espère vous revoir bientôt Monsieur.
- Moi de même."
Ses gardes du corps l'encadrent et ils quittent le couloir sans plus de cérémonie.
Je prends une grande respiration. Dire que je viens d'utiliser mes charmes sur cet homme ! Je m'écœure moi-même... Je secoue la tête pour chasser ces pensées, me concentrant sur Jonathan.
Je le sors de sa cachette.
"- ça va ? Questionné-je, ils sont partis, j'ai occupé leur attention.
- Je suis désolé, je suis un peu perdu, dire qu'ils veuillent me renvoyer en prison.
- ça n'arrivera pas !
- Tu les a entendus comme moi.
- Nous ne sommes pas encore dans leurs filets, nous sommes libres.
- Tu ne comprends pas Gwenn ! On va nous chasser comme du vulgaire gibier, ils n'arrêterons que quand ils nous auront..."
Je commence à sentir la colère monter en moi. Alors voilà, je me retrouve avec une mec mort de trouille, alors que je me suis démenée à séduire un homme que je hais, juste pour sauver ses fesses.
Ma main part toute seule. Jonathan prend une belle gifle. Il me regarde perplexe.
"- Non mais tu t'entends !? Explosé-je, On est pas mort que je sache ! Arrête d'être aussi désespéré. Toi, quelqu'un veut peut-être te mettre en prison, mais moi, je vais mourir ! Tu comprends ça ? je vais crever ! Est-ce que je me plains ? Je ne crois pas. Je pensais que tu étais quelqu'un plein d'assurance. Je me suis trompée sur toi. "
Je m'écarte, rouge de colère. Dire que je passais une super soirée !
Je commence à marcher d'un pas rapide pour rejoindre les vestiaires. Avant de disparaître, je lui jette une dernière phrase cinglante.
"- Je compte bien faire ce vol et trouver cet argent. Rajouté-je, Si tu me cherches, je suis au bar. J'ai grand besoin d'une bière."
Il ne dit rien, immobile au milieu du somptueux couloir, arrêté sur la moquette rouge. Je n'attends aucune réaction de sa part et je me dirige vers les vestiaires pour récupérer mes vêtements, avant de mettre les voiles.
...
Je suis dans la magnifique pièce pour reposer mon bustier noir sur un cintre, le cœur un peu lourd de devoir m'en séparer.
En glissant dans mon jean, j'ai l'impression de glisser dans ma vie réelle, délaissant ce luxe pour retrouver le froid de l'hiver, accompagné de ma leucémie. Quand je repose les escarpins noirs aux talons vertigineux je remarque à côté, une magnifique paire de bottines à talon en cuir fourré, avec l'avant lacé.
Je craque et les enfile, délaissant mes vieilles chaussures. Comme ça, j'aurais au moins un souvenir de cette étrange soirée.
J'enfile ma veste en daim, glissant tous les objets volés dans les poches. Je m'observe dans le grand miroir, la veste enserrant ma taille fine, les bottines à talons agrandissant mes jambes, mes longs cheveux tombant en une cascade blanche sur mes épaules. Le maquillage est toujours en place sur mon visage, mes lèvres pulpeuses et rouges sang, jurant avec le blanc de ma peau et de ma chevelure.
Contrairement à d'habitude, je prends le temps de me regarder et de m'apprécier. Je me regarde si peu dans les miroirs en temps normal, que c'est à peine si je connais les traits de mon propre visage.
J'oublie ma colère et mon envie de m'enfuir précipitamment de ce Casino. J'oublie ma rage contre Jonathan et notre échange avec le Maire. Pour une fois, je pense à moi, fixant mon propre reflet, me sentant plus féminine.
"- Tu es très belle comme ça. "
Je me retourne, Jonathan se tenant adossé dans l'ombre de la porte. Je ne l'ai même pas entendu entrer.
"- Pardonne moi, Murmure-t-il."
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La Voleuse De Flocons
AdventureGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...