J'ouvre la portière noire aux vitres teintées, avant de me hisser sur le siège passager. Jonathan est là, devant le volant. Il ne démarre pas, se contentant de me fixer sans expression.
"- Comment te sens tu ? Finit-il par me demander.
- Un peu tendue, mais ça va.
- Tu te rends comptes de ce qu'on va faire ? Tu as bien pris en compte les conséquences ?
- Oui."
On va faire un acte infiniment noir, pensais-je sans rien ajouter. Il démarre la voiture, laissant le moteur ronronner quelques secondes avant de s'élancer sur les routes enneigées.
Nous roulons en direction du Musée, un silence de mort régnant dans l'habitacle du véhicule.
Je regarde le paysage nocturne défiler à travers la vitre, l'esprit plongé dans de sombres pensées.Ce soir il faudra aller jusqu'au bout des choses, quoi qu'il arrive.
"- Il faut que ça marche, murmuré-je pour moi même.
- Tu te souviens du plan ?
- Oui, il est simple."
Effectivement le plan est simple, je vais vous l'exposer rapidement.
Le froid de cette ville est pour une fois un bon avantage, qui va servir notre plan. Effectivement, le froid risquant d'abimer les œuvres avec le temps, le musée dispose d'un système de chauffage personnel. Une petite station de chaufferie est installée à l'extérieur du bâtiment, envoyant de l'air chaud dans de grands conduits, débouchant dans toutes les salles d'exposition.
Cette installation va me servir de porte d'entrée.
Une fois arrivés et après avoir cachés la Jeep, Jonathan dévissera un embranchement de système externe, me permettant de rentrer dans le conduit menant à la bonne salle. Il a passé une année entière à construire ce stratagème, étudiant minutieusement tous les plans de constructions du Musée. Il en connait chaque parcelle sur le bout des doigts.
Alors pourquoi avoir besoin de moi, vous demandez-vous. Pour une raison très simple en réalité, presque ironique.
Jonathan ne passe pas dans le conduit, ses épaules bien droites et finement musclées sont trop larges.
Alors c'est pour cela que je dois faire parti du plan. Pendant que je ramperai dans cet espace long et réduit, Jonathan "neutralisera" le seule gardien de nuit et se rendra à la salle de contrôle pour couper le courant.
Dit comme cela, tout parait simple. Mais il y a un soucis auquel je vais devoir faire face, la sécurité se rebranche sur un générateur interne au bout de cinq minutes.
J'ai cinq minutes pour enlever la toile du cadre, qui évidemment ne passe pas dans le conduit, et retourner dans le tuyau, où je serais en sécurité.
J'ai du mal à croire que je vais vraiment faire ça.
La voiture s'arrête. Le musée s'étend devant nous, fier et lugubre dans la nuit. Nous échangeons un regard avec mon compagnon, mais aucun de nous n'ose parler. J'ai pourtant envie de lui dire tant de chose, tant de mots se bousculent sur le bord de mes lèvres, mais je reste silencieuse, paralisée.
J'ai peur et je suis confiante à la fois, un drôle de mélange.
Ce silence qui règne dans le véhicule me fait penser au calme avant la tempête. Un calme plat où règne une atmosphère pesante, chacun méditant sur les conséquences de cette tempête.
L'heure de la voiture annonce 1 h du matin, le début de la ronde de nuit.
"- C'est l'heure, dit doucement Jonathan avec une expression concentrée.
- Jonathan ?
- oui ?
- ... Non rien, allons-y."
Il sonde mon visage pendant quelques instants, comprenant que je n'ose pas dire tout ce que je pense. Il ouvre la portière de sa voiture. Je comprends que c'est à partir de ce moment précis que le plan commence.
Je sors à mon tour du cocon réconfortant du véhicule, pour m'enfoncer dans la neige battante à la suite de Jonathan. Nous commençons à contourner le Musée, pour nous rendre au niveau de la station de chauffage externe. Le froid me mord la peau, mais je me concentre sur le plan, ne pensant plus à rien.
Ma combinaison parfaitement blanche me camoufle dans le paysage enneigé, mes longs cheveux longs et ma peau pâle se fondent au décor. On peut dire que mon aspect actuel est vraiment parfait pour ce pays.
La petite station blanche apparait devant moi, des dizaines de tuyaux s'enfonçant dans les murs pour emmener l'air chaud.
je fixe Jonathan qui examine les tuyaux avec minutie, avant de m'en montrer un du doigt.
"- C'est celui-ci qui de mènera à la bonne salle, murmure-t-il."
Je me contente d'acquiescer du menton, un air grave fixé au visage.
Jonathan pose son sac à terre et commence à sortir des outils pour retirer le tuyau externe afin me créer un entrée dans le musée. Il dévisse lentement les clous, concentré, dans un silence de mort. les arbres nous entourent ainsi que la station, nous conférant un abris à l'écart des regards. De toute façon, la ville ne s'étend pas après le musée. il n'y a donc vraiment personne à la ronde, pour notre plus grand plaisir.
Le voleur attrape fermement le conduit et le détache avec attention du mur, une vague d'air chaud se répand autour de nous. je fixe le tunnel noir, qui s'enfonce dans le mur, gagnée par l'appréhension. Bientôt je ramperai dans ce boyau étroit et oppressant.
Je regarde Jonathan, il me fixe avec une expression sûre et confiante.
Comment fait-il ?
j'oublie mes raisonnement du moments et m'apprête à lui dire un dernier mot, avant de faire face à mon destin.
"-Jonathan, Je... commençé-je."
Il pose une main chaude sur ma joue, coupant ma phrase et toutes les pensées qui se bousculaient dans mon esprit un peu plus tôt. Je sens nos respirations se mélanger, j'affronte ses yeux intenses pour me donner du courage.
"- Reviens-moi entière, chuchote-t-il."
Il m'observe une dernière fois, sondant mon visage, avant de s'écarter de quelques pas et partir en se faufilant rapidement entre les arbres.
Je suis sa silhouette des yeux, la regardant disparaître dans la neige avec un léger pincement au cœur.Il file en direction de l'entrée, tandis qu'il ne me reste plus qu'à me glisser dans ce trou repoussant.
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La Voleuse De Flocons
AdventureGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...