"- J'arrive tout de suite. "
Je repose lascivement le combiné, avant d'enlever mes pieds du bureau.
Un vol a été signalé au musée. Avant, cette nouvelle affaire m'aurait fait vibrer, mais aujourd'hui je ne vois ça que comme le prolongement de ma, déjà longue, journée.
La lumière du néon grésille au dessus de ma tête, tandis que j'attrape les clés de la voiture et glisse mon arme de service à ma ceinture. Pure décoration, elle n'a presque jamais servi. Dommage, je suis très bon aux entraînements de tir.
Avant de sortir de la pièce, je coupe les lumières et salue le vigile qui garde les lieux. Je me glisse sur le siège de la voiture de police, le moteur se réveillant dans un ronronnement fatigué quand je mets le contact. Je m'élance sur les routes enneigées, les mains tenant fermement le volant.
Un accident est si vite arrivé.
Je gare ma voiture avant de me rendre devant le musée, où déjà un grand nombre de personnes se démènent, entouré par les barrières de sécurité.
Je ne me souviens pas qu'il y ait déjà eu un vol dans cet établissement, il faut dire qu'il n'y a que très peu de crimes à Nantilly.
Newton arrive vers moi, du haut de son mètre soixante cinq, les yeux cernés et la moustache recouverte de flocon. Il me salue respectueusement d'un simple hochement tête.
"- Content de vous voir Chef.
- Bonjour Newton. Et ta soirée en couple ?
- Eeportée."
Il hausse les épaules dans un geste bien humain, avec une moue dépitée sur le visage. Ce sont les aléas du métier, si je puis dire.
"- Quel est l'objet volé ? Repris-je en fixant la large porte d'entrée.
- Juste un tableau, avec pas mal de valeur.
- Il y a combien de temps ?
- Quelques heures, je dirais, peut-être que de nouveaux indices nous permettrons de retracer l'heure exacte."
j'hoche la tête, silencieux, observant l'homme assit sur les marches dans une couverture, entourée par des agents de police et des infirmiers. Sûrement une victime.
Pendant que je gravis tranquillement les escaliers pour me rendre sur le lieu du vol, les personnes s'écartent sur mon passage avec respect. Il faut dire que ces longues années de services m'ont conféré une certaine notoriété, je suis reconnue comme "le Shérif de Nantilly" et tout le monde a fini par me démontrer un certaine forme de respect.
Tout en traversant les salles remplies d'œuvres avec Newton sur mes pas, je scrute minutieusement le décor à l'affut d'un quelconque indice.
"- C'est cette salle Chef, dit Newton en arrivant à ma hauteur.
- Très bien. Commence par là, moi je vais de l'autre côté on sera plus rapide comme ça.
- Oui Chef."
Je lui pointe une extrémité de la pièce tandis que je me retourne pour partir à l'exacte opposé. Tout est calme, nous sommes les premiers à arriver sur le lieu du vol. Les indices sont tout frais, pour peu qu'il y en ai.
Je cherche, fixant l'emplacement vide sur le mur, où était accroché le fameux tableau. Je me demande bien à quoi il ressemble d'ailleurs.
"- Newton ?
- Oui Chef ? Sa voix me répond en résonant de l'autre bout de la salle.
- Tu as eu la description de l'objet ?
- Oui.
- Et alors ? à quoi il ressemble ce fameux tableau volé ?
- C'est étrange, c'est un paysage qui ressemble beaucoup à notre pays.
- De la neige ?
- Exactement. On y voit au premier plan un train qui part. Un paysage plutôt banal je trouve, étonnant qu'il aie autant de valeur.
- Hum d'accord. Dis-je avant de me replonger dans le silence."
Je regarde le cadre démonter abandonner au sol. Pourquoi le laisser là ?
Je veux dire, le voleur avait déjà si peu de temps pourquoi prendre la peine d'enlever le cadre... Je fronce les sourcils, n'ayant aucune réponse pour le moment.
Je m'écarte un peu, continuant de chercher des indices dans le périmètre. L'ambiance calme de la pièce est agréable et mon collègue et moi sommes tous les deux plongés dans nos réflexions.
Quelque chose finit par attirer mon attention sur le sol. Je me baisse, posant mes coudes sur mes cuisses, pour pouvoir voir cela de plus près.
Des petites gouttes de sang reflètent la lumière des néons un peu partout sur le sol. Je n'avais pas vu ça en entrant. Étrange, il n'y a pas eu de blessé, ni de lutte, alors comment du sang a bien pu se retrouver sur le sol...
En regardant la forme des projections, on pourrait croire que la personne à craché ce sang. Je fixe les gouttes en fronçant les sourcils, l'esprit rempli de questions.
" j'ai appris il y a peu que je suis atteinte d'une leucémie chronique, aujourd'hui j'ai commencé à cracher du sang."
Mon sang se glace, tandis qu'une expression d'horreur se fixe sur mon visage. Une seule personne peut laisser de telles marques de sang sur le sol, et malheureusement je tiens mon voleur.
Gwenn.
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La Voleuse De Flocons
PrzygodoweGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...