Chapitre 39

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Vous vous demandez sûrement comment j'ai pu deviner que la Jeep était encore devant chez Jonathan ?

En réalité, j'ai tout misé sur une pure supposition, on peut même dire que c'était un vrai coup de poker.

Je me suis dit que si Jonathan et Toule était dans ce train comme il me l'avait assuré, ils n'auraient pu en aucun cas emmener la voiture. Ainsi elle aurait été devant l'appartement, et pourquoi emmener les clés, si on abandonne la voiture ? C'est ce que je me suis dit. Ma plus grande peur a été que Toule puisse vendre la Jeep avant son départ, mais je crois que Jonathan y était attaché, et il n'en a sûrement pas eu le temps.

Moi, qui d'habitude me plains tout le temps du destin, cette fois-ci, il m'a été favorable, il faut croire que la roue tourne ! Voyons voir jusqu'à quand elle tournera encore... Je croise les doigts, car rien n'est encore joué.

Tout en vous expliquant mentalement mes dernières pensées, je dévale les escaliers de l'immeuble à toute vitesse pour me rendre dans la rue. Je souris une nouvelle fois en voyant la Jeep juste en face de moi.

Serrant les clés dans ma main avec fermeté, je m'en approche, avant de la déverrouiller et de prendre la place du conducteur. Je referme la portière derrière moi, me retrouvant seule dans l'habitacle silencieux du véhicule.

Je dois l'avouer, mon plan est tout à fait fabuleux. Malgré tout, on arrive à l'étape que je maîtrise le moins et je suis légèrement anxieuse. En effet, les seules fois où j'ai conduit les fameuses Jeep, ce sont aux fabuleuses soirées mondaines du maire de la ville.

Je glisse les clés dans l'interstice le long du volant, avec appréhension. Je dois vous rappeler que mon père a perdu la vie dans un accident de la route, alors je suis plus que tendue.

Je peux le faire, il ne faut pas penser à ça, je dois me concentrer sur mon objectif. Si je veux revoir Jonathan un jour, je dois me rendre à cet aéroport sans perdre de temps.

Je prends mon téléphone et programme le parcours sur mon GPS, pour pouvoir me rendre jusqu'à l'aéroport qui se trouve en dehors de la ville. Je le fixe sur le tableau de bord.

10h30.

Il faut que j'y sois avant midi, je sens que tout cela va se jouer à la minute près.

Je fais tourner les clés dans le contact, la voiture se réveillant dans un ronronnement puissant. Je pose mes deux mains sur le volant en cuir, tout en prenant une grande inspiration.

Je peux le faire.

Je pose doucement mon pied sur la pédale d'accélérateur, tout en actionnant l'embrayage. Avec le levier de vitesse j'enclenche la première vitesse et d'un jeu de pédale je lance la voiture sur la route déserte, le moteur criant sous le capot. Je tremble littéralement comme une feuille, ma conduite étant tout sauf fluide et assurée.

Je passe la seconde puis la troisième, guidée par la voix monotone de mon GPS.

Heureusement, très peu de voitures roulent en ville à cause de la neige, les routes sont ainsi vides, la Jeep avancement sans peine grâce à ses roues spécialisées pour le climat.

J'arrive sur la route principale, m'éloignant un peu plus à chaque seconde de la ville, de ma vie d'avant, de mon monde.

J'aperçois bientôt le petit panneau "Nantilly" barré, indiquant que je viens de quitter les murs de la ville. Je prends une grande inspiration avant d'enfoncer mon pied sur l'accélérateur pour m'éloigner encore plus vite.

Je ne reviendrais plus jamais, je le sais, qu'importe ce qui se passera ensuite. Mon ancienne vie n'existe plus.

Le paysage commence à se faire redondant, mais je ne m'en lasse pas, tout bâtiment disparu, je suis entourée par les sapins enneigés et les plaines blanches et épurées. Voila maintenant un petit temps que je roule, ayant pris de l'assurance avec la conduite.

J'allume la radio pour faire passer le temps et meubler le silence. La voix tranquille et relaxante de Bob Marley vient remplir l'habitacle du véhicule, me faisant hocher doucement la tête.

Je souris en commençant à chanter les paroles répétitives et salvatrices, oubliant tout le reste, profitant de cette douce solitude au milieu de nulle part, protégée par la Jeep.

Je me sens bien, totalement libre et maître de moi-même, durant toutes ses années passées à me battre et à voler dans un stress omniprésent, j'ai rarement ressenti un bien-être et une tranquillité telle. Mes seules moments de vrai bonheur étant ceux partagés avec Jess sur son toit, à refaire le monde.

Bercée par la musique, je replonge doucement dans un flot de souvenirs.

je me rappelle de mes premières tentatives de vol et souris aux premières soirées à rester au poste dans cette attente incessante. Je me souviens de tous ces flics au regard dur, me fixant durant toute une nuit avec l'amabilité d'une porte de prison. Ils me faisaient incroyablement peur. Puis un nuit, le flic habituel a été remplacé par le Shérif, pensant qu'il était comme tous les autres, j'étais morte de peur, recroquevillée au fond de ma cellule.

Contrairement aux autres il est venu jusqu'à la grille en s'agenouillant pour être à ma hauteur, un café à la main. il m'a juste dit quelques mots anodins qui m'ont pourtant mis beaucoup de baume au cœur.

" -Tu veux du café ? Je te préviens tout de suite, il est dégueulasse."

j'avais souris, et notre amitié avait commencé. Tout simplement. De nombreuses nuits ont suivis, où nous sommes restés assis dos à dos à cette grille, sur le sol froid, à critiquer et contester le monde entier.

Je souris à ces souvenirs, ce sont des moments importants de ma vie, je ne les oublierais jamais.

Je n'oublierais pas ces moments passés avec le Shérif, ni ceux partagés avec Jess ou Jonathan. Ces gens m'ont donné de la force.

***

Petit mot de l'auteur

salut vous ;)

Merci tout d'abord d'avoir lu jusqu'ici, et surtout merci à tous ceux qui me félicitent et me soutiennent par commentaire, ça me motive énormément pour écrire, vous n'imaginez pas.

Voila, comme cette histoire n'est pas très longue, vous avez bien pu remarquer qu'on arrive sur la fin. D'ici quelques chapitres elle sera définitivement finie :)

Je ne m'attendais par vraiment à ce qu'elle soit lue, j'ai juste eu envie de m'inspirer d'une histoire que j'avais écrite sur une voleuse dans un pays fait de neige, quand j'étais toute gosse.

En tout cas merci de me lire, j'espère que l'histoire, comme sa fin, vous plaît, et vous plaira.

VOILA, bisous <3

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant