Chapitre 37

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( point de vue de Gwenn )

Je suis assise sur les marches enneigées de la gare, le visage calé entre mes mains, déprimant sur mon pauvre sort.

Tout est foutu. Ce train était ma seule solution et elle vient de s'envoler juste devant mes yeux.

Dire que c'est le seul de toute la journée...

J'enrage devant mon incroyable impuissance. Je ne peux pas croire que je me suis battue de la sorte, me faisant tirer par un barman, fuyant l'hôpital, rentrant chez moi, m'occupant de ma mère, revenant à cette gare en pleine crise... Tous ces efforts vains, pour voir ma vie fuir devant mes yeux, sans moi.

Je serre mes poings de rage. Que faire ?

Alors que mon morale s'est perdu beaucoup plus loin que dans mes chaussettes, un bruit de pneu, fendant la neige encore fraiche, attire mon attention. Je relève doucement la tête, en desserrant les poings, pour apercevoir juste en face de moi, sur la route, La voiture de fonction du shérif.

Je souris alors que la vitre s'abaisse calmement, la vue de cet homme que j'apprécie me mettant du baume au cœur.

"- Gwenn ? Me questionne-t'il surpris, qu'est-ce que tu fais là ?"

Je me lève doucement, poussant sur mes genoux pour me mettre debout. Je marche jusqu'à sa voiture, mettant mon visage au niveau de la fenêtre ouverte.

"- c'est une bien longue histoire... Dis-je un air lasse au visage."

Il me fixe avec attendrissement, comme un père le ferait. Je repense à l'instant, que notre relation est vraiment très particulière. Les deux compagnons de fortunes que nous sommes, se regardent avec l'air compatissant, plaignant la vie de l'un et de l'autre.

Son regard change, avant qu'il me désigne d'un bref coup de menton mes vêtements. Évidemment, du sang a encore sali mes affaires, tachant mon torse et le bas de mes manches.

"- une nouvelle crise ? Demande-t'il tristement.

- oui... Au plus mauvais moment.

- tu comptais prendre ce train, n'est-ce pas ?"

Je regarde la gare derrière moi en soupirant.

"- oui, avouais-je, mais je l'ai raté, et en beauté. Cette ville ne me laisserais donc jamais partir... ?

- alors quoi, tu abandonnes ?!"

J'hausse les épaules, mon comportement trahissant le désespoir profond qui me hante.

"- que voulez-vous, à un moment donné on ne peut plus aller à l'encontre du destin. Soupirais-je.

- tu t'es toujours battue autrefois.

- Je me suis relevée tant de fois, combien de fois faudra-t-il encore le faire ?

- Tant que tu pourras te lever il faudra te remettre debout, ou écroule-toi et abandonne. C'est ton histoire, c'est à toi de l'écrire. Ne crois pas à la destinée et à toutes ces conneries. C'est à toi de décider de ton avenir.

- écrire mon histoire...

- Monte dans la voiture. Dit-il avec une voix autoritaire qui ne m'en laisse pas le choix."

J'obtempère docilement en contournant le véhicule, pour ouvrir la portière côté passager, avant de me glisser dans l'habitacle chaud de la voiture du shérif.

Je ferme la porte derrière moi, et nous nous retrouvons ainsi tous les deux dans un silence rassurant, où nous fixons la route enneigée depuis la voiture arrêtée.

Il finit par tourner la tête vers moi avec un sourire amical sur le visage.

"- Alors, dis-moi, où va-t-on maintenant ? me questionne-t-il.

- comment ça 'où va-t-on' ? répétais-je surprise par la question.

- Je pense que tu as juste besoin d'un petit coup de pouce. A toi de me dire, où je dois t'emmener pour que tu puisses avoir ce que tu désires, quoi que ce soit.

- écrire mon destin, c'est ça l'idée ? devinais-je en souriant."

Il me répond par un sourire, tandis que l'espoir grandit de nouveau en moi.

Mais maintenant comment faire si le train est parti...? Il me faut tout de même un moyen de transport pour me rendre à l'aéroport et aussi bon soit-il, le shérif ne peut pas sortir de la ville pour m'y conduire.

je caresse mon menton avec ma main, montrant que je suis en pleine réflexion, tandis que le protecteur de la ville reste dans un silence respectueux, à mes côtés, pour me laisser réfléchir.

Si je comprends bien, le Shérif va me conduire au moyen de transport, qui lui pourra m'emmener à l'aéroport... J'ai l'impression de faire face à une course sans fin, je dois tenir sinon je n'arriverais jamais au bout.

Mais attendez un peu... Jonathan à pris le train, n'est-ce pas ? Ce qui veut donc dire que...

Une idée improbable germe dans mon esprit.

Je frappe avec force et conviction le tableau de bord du poing, faisant presque sursauté le Shérif à mes côtés.

"- Je sais où nous allons ! dis-je, toute volonté retrouvée.

- je t'écoute.

- Je ne connais pas l'adresse précise mais je peux vous guider !

- aucun soucis, c'est toi le patron. dit-il ironiquement."

La voiture démarre dans un ronronnement puissant pour s'élancer sur la route. tandis qu'il me jette un regard de fierté et de joie, voyant que j'ai retrouvé toute ma hargne et mon esprit de combattivité. Il sait que je n'abandonnerais pas.

Il y a très peu de chance que mon idée marche, mais il faut dire que j'abats ma toute dernière carte, si cela échoue j'aurais définitivement tout perdu.

Je joue le tout pour le tout.

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant