Finalement j'ai quitté Jess et notre moment hors du temps, vers cinq heures du matin.
Je me suis écroulée sur mon lit, plongeant littéralement dans le sommeil.
Environs trois heures plus tard, mon réveil sonne, me sortant de ma léthargie.J'ouvre les yeux en grimaçant, mon corps me faisant payer mon manque de sommeil.
J'abats une main sans appel sur mon réveil, le silence revenant dans la pièce.Je me lève et me dirige avec un pas lent vers ma salle de bain, où une douche brûlante achève de me réveiller.
J'attache mes cheveux blancs en une queue de cheval haute, avant d'enfiler des vêtements chauds.
Je descends prendre mon petit déjeuné et préparer à manger pour ma mère.
Les placards sont presque vides... Je dois aller faire des courses ce soir, mais mon budget est serré, puisque je dois de payer le loyer.
Je sors dehors. La neige recouvre toujours plus l'allée du jardin, et je me dis que je ne pourrais bientôt plus ouvrir la porte.
Ce matin il ne neige pas, un soleil timide recouvre le pays, faisant scintiller la poudreuse. Je souris devant ce spectacle que j'aime tant, puis décide de me mettre en route voyant l'heure tourner.
Je marche, des écouteurs dans les oreilles, me dirigeant vers le seul lycée de la ville. Puisque j'ai un peu de temps de marche devant moi, je vais vous parler un peu de notre ville.
Beaucoup de gens passent leurs vies à Nantilly, si bien que tout le monde finit par se connaître, ou presque.
Au milieu de la ville, il y a une sorte de petit château en pierre pâle, c'est là que le Maire réside.
Notre société, coupée du monde, est régie par ses propres mœurs et ses propres lois, le Maire étant considéré comme une sorte de roi.
Souvent, des riches des villes alentours viennent participer à de somptueuses fêtes, organisées dans le château, où personne de la ville n'est jamais convié.Nous n'avons jamais vraiment été une démocratie.
J'interromps mon monologue mental, voyant les grilles du lycée apparaître au coin de la rue.
Je me mêle à la foule d'élèves, qui pénètrent tous dans l'enceinte de l'établissement.
Certains rentrent directement dans leurs classes, d'autres profitent encore de quelques minutes dehors avant d'être enfermés.Ne voyant pas Jess sur notre petit mur habituel, je rentre dans le bâtiment pour commencer ma journée d'études.
Je suis plutôt une bonne élève, mes notes suivent le rythme et je ne fais jamais d'écart de comportement. À part l'intérêt que procure mes cheveux blancs, je suis totalement transparente, très discrète.
À la pause de midi, une fois avoir mangé, tous les élèves se retrouvent devant le lycée, une petite place couverte.
Au milieu d'une foule de gens, je finis par passer la porte, regagnant le froid de l'hiver. Mon sac sous le bras, je m'éloigne du troupeau, rejoignant un petit mur en pierre plus à l'écart.
Il fait toujours soleil, le temps décidant d'être enfin un peu clément.
Jess est assise, ses cheveux bruns cachés sous un gros bonnet en laine, elle regarde le ciel.
"- Salut, dis-je pour annoncer ma présence."
Elle tourne les yeux vers moi en souriant, heureuse de me voir.
"- Il fait vraiment beau aujourd'hui. Reprend-elle."
Je me hisse à ses côtés sur le mur.
" - Oui, c'est agréable.
- Je suis épuisée, dit-elle en souriant.
- Moi aussi... Mais je ne regrette pas."
Elle sourit, partageant mon opinion.
Je regarde le ballet incertain des lycéens sous le préau. Détaillant leurs démarches, leurs vêtements, les expressions gravées sur leurs visages.
J'aime observer les inconnus, essayant d'imaginer comment pouvait être leurs vies.Jess reprend la parole, mettant fin à mon moment d'absence.
"- C'est la visite médicale ce soir.
- J'avais oublié. "
Nous étions soumis tous les ans à une visite médicale dans le lycée, l'hôpital de la ville craignant pour notre santé à cause du froid constant.
C'est devenu une habitude. Ça ne me dérange pas vraiment, contrairement à Jess.
"- J'ai cette visite en horreur ! Reprit-elle en faisant de grands gestes.
- Je sais.
- Ils vont encore me diagnostiquer une dépendance au tabac, me refaire tout un exposé sur les dangers, et envoyer une lettre à mes parents... Se plaignit-elle.
- C'est tous les ans pareil.
- Et comme tous les ans, mes parents, découvrant que je continue, vont me recouper les vivres.
- Conséquence, plus de tabac.
- Je n'ai même plus de quoi me payer un paquet, dit-elle en mimant des pleurs.
- C'est une bonne occasion pour arrêter."
Elle me regarde, consternée.
"- C'était juste une proposition en l'air, me défendé-je. "
Un silence s'installe, Jess imaginant sûrement de nombreux plans pour pouvoir continuer d'alimenter son addiction.
Moi, je ne pense à rien, reprenant mon observation des inconnus."- Regarde ce type là-bas, me dit-elle en pointant quelqu'un du doigt."
Je tourne les yeux pour découvrir un jeune homme de notre âge, blond plutôt beau, attirant toute l'attention.
Il est accoudé pas loin du distributeur de boisson, au milieu de son cercle d'amis.De toute évidence nous n'appartenons pas au même monde, le fait qu'il vit dans l'aisance et la popularité saute aux yeux.
"- Et bien ? Questionné-je.
- Lui, il ne doit pas avoir de problèmes dans la vie. J'aimerais bien être à sa place. Attirer tous les regards, que tout le monde me désire et m'envie. Avoir assez d'argent pour tout me payer..."
Jess a raison. Je ne le quitte plus des yeux, étudiant ses gestes et ses mimiques avec attention.
Il s'éloigne de quelques pas pour s'acheter quelque chose au distributeur, je souris.
"- Donne-moi un euro, dis-je à mon amie en sautant du mur.
- Tu rigoles ou quoi ?! C'est quasiment toute ma fortune ! Crie-t-elle horrifiée.
- Ne t'inquiète pas je te le rendrai, avec les intérêts."
Elle me tend la petite pièce, intriguée. Je fais volte-face, marchant vers le jeune homme d'un pas décidé.
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La Voleuse De Flocons
AdventureGwenn a 17 ans, elle vit dans une ville perdue dans l'hiver, coupée du monde. La vie n'est pas facile. Pour vivre, elle s'improvise voleuse. Que faire quand le destin s'acharne contre vous ? Elle va se battre. Se battre pour vivre. elle va essaye...