Chapitre 29

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Je fixe le sang, horrifié.

Je sais qui est le voleur, et j'aurais préféré ne pas le découvrir...

"- Chef venez voir ! Je crois que j'ai un indice !"

La voix de Newton résonnant contre les murs, me coupent dans ma réflexion, augmentant par la même occasion ma panique.

Bon dieu Gwenn, dans quoi t'es-tu fourrée cette fois ? Je dois la dénoncer. La justice plane au dessus de mon âme. Avant, j'avais un sens aigu du bien et du mal et de la puissance de la loi. Je ne jurais que par ça.

Je dois le faire.

Mais qui peut dire ce qui est bien ou mal ? 

Maintenant du haut de mes longues années de travail, je ne suis plus sur de rien. A part d'une chose, je crois dure comme fer que cette fille est infiniment blanche. 

J'attrape mon mouchoir de poche en souriant, maintenant sûr de mes actes. Abat les lois, la justice et tout le reste. Je te laisse ta chance, envole toi, vis. 

Grâce a moi tu vas gagner du temps.

J'essuie le sang au sol, avant de glisser le tissus usagé dans ma veste, tout en me redressant. 

"- Chef ? J'ai trouver une plaque d'aération mal fixée ! C'est sûrement par là que le voleur est entré !

- Oui, j'arrive Newton. "

À toi de jouer maintenant petite, je ne peux plus rien. Ton destin est entre tes mains.

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( point de vue de Gwenn) 

Jonathan m'a rejoins et nous regardons tous deux par la fenêtre en silence, accoudés au rebord. Sa présence me rassure.

"- Iù sommes nous ? Finis-je par dire.

- Chez moi, et chez Toule.

- Vous êtes colocataire ?

- Oui."

Un long blanc suivi, sans gêne. Je me sens calme, toute adrénaline disparue, ne restant que mon corps fatigué et mon état léthargique.

"- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Demandé-je, alors qu'une centaine d'autres questions me brulaient les lèvres."

Alors tout était fini ? Tous ces moments partagés mêlant danger, adrénaline et des myriades d'autres sentiments... Nos chemins se séparent maintenant ? Pour toujours ?  Est-ce que ce moment hors du temps, accoudés à ce rebord devant la nuit, sera le dernier que l'ont partagera de notre vie ? 

Je secoue doucement la tête, faisant valser mes cheveux blancs autour de moi. 

Je refuse que tout cela s'arrête maintenant, je veux que ça continue, encore et toujours. Comme une cigarette que je viens d'allumer, je ne veux jamais qu'elle se finisse, quitte à ce que je me brûle la gorge pour le reste de ma vie.

"- Je dois fuir cette ville, tu le sais, je n'attends que ça. Surtout depuis qu'ils ont décidés de me renvoyer dans ce pénitencier. 

- Quand pars-tu ? 

- Bientôt." 

Je serre les dents, le temps se jouant de moi. (NDA : petite référence à mon ancien livre :p)

Il se tourne vers moi et je peux lire une légère tristesse dans le fond de ses yeux. Il passe sa main chaude sur ma joue et je laisse retomber ma tête tout contre. 

"- Toi, reprend-il, il faut que tu ailles faire ce traîtement pour te débarrasser de ce cancer."

Je soupire, oui le cancer. Mais en n'ai-je vraiment envie ? À quoi bon vivre, si plus rien ne nous anime ?

Je ne suis plus sûre de rien. J'aimerais juste oublier ce cancer et continuer de passer mes journées aux côtés de Jonathan. 

Ma maladie ne m'en laisse pas le temps, je le sais. Malheureusement.

"- Je ne sais plus si j'en ai vraiment envie. dis-je lascivement. 

- Je t'y obligerai !" 

j'affronte son regard, de nouveau, avec plus de force.

" - Et comment ? Tu seras déjà loin !L'accusé-je ouvertement. "

Il soupire, accablé par la vérité de mes mots. Ses deux mains remontent pour soutenir mon visage et me forcer à fondre mon regard dans le sien. 

"- Promets le moi. Promets-moi que tu vas faire ce qu'il faut pour te débarrasser de cette maladie. 

- À quoi bon ? 

- Promets le moi !"

Je fronce les sourcils n'ayant pas le courage d'affronter sa volonté de fer. Mais pourquoi s'obstiner sur mon sort, pourquoi ne pas juste se soucier du sien, puisqu'il s'en va si loin ? 

Je repense à cette soirée partagée sur ce toit en face des étoiles, son visage face au mien. Alors tout ce qu'il me restera de lui ne sera qu'une poignée de souvenirs qui s'effaceront avec le temps ? 

"- Écoute Gwenn. Reprend-il. Tu es comme un flocon, mais si je t'attrape... Tu fonds. Et si je ne fais rien... Tu tombes inévitablement. Je suis impuissant face à toi."

Je serre les dents, touchée par ses mots. Il se contente de lâcher mon visage pour fixer le vide par la fenêtre, comme plongé dans ses pensées.

"- Je te le promets, je te promets d'au moins essayer, dis-je presque à contre-cœur."

Il me regarde avec un visage indéchiffrable. Il est vraiment dur de lire en lui. 

"- Où pars-tu, demandé-je d'une petite voix résignée.

- Partout. Où mes désirs m'emmèneront dit-il en haussant les épaules.

- Ta première destination ? 

- Paris. Je veux revoir ma ville. En réalité, je prends l'avion demain midi."

Mon sang se glace. Si tôt.

"- Ton argent est posé sur la table du salon dans ton sac de sport. Je pense qu'il est temps que tu retrouves ta mère. C'est la dernière fois qu'on se voit."

Je fais un pas en arrière, les yeux embués de larmes, sentant la colère et la tristesse monter en moi. Je refuse ! Je ne veux pas,  je ne veux plus me laisser faire par la vie et suivre son cours sagement ! 

Alors quoi ?

Il va partir et je vais me soigner et reprendre ma vie morne sans intérêt, où mon seul but est de survivre, cachée et apeurée à voler comme une misérable ? 

Je ne veux plus de cette vie là. Il m'a fait goûter à de nouvelles choses, je ne peux revenir en arrière maintenant. 

Je voudrais enfin être le maître de mon destin !

La Voleuse De FloconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant