La Voleuse De Flocons

Chapitre Final

Jonathan a loupé son avion et moi, j'ai enfin atteint mon but. J'ai écrit mon destin, comme dirait le Shérif.

Après ce mouvement d'émotion, où nous nous sommes embrassés au milieu de la foule, il m'a reposé au sol et tous les gens de la salle, qui ont assistés au spectacle, nous ont applaudis.

Nous nous sommes ensuite assis sur le sol, le dos contre l'une des grandes vitres donnant sur les pistes de décollage. Je lui ai raconté tout ce que j'ai dû faire pour le rejoindre à l'aéroport. Nous avons parlé, longtemps.

Grâce à ses économies, il m'a payé un billet pour Paris et nous avons décollés ensemble au vol suivant. J'ai pris l'avion pour la première fois de ma vie, aux côtés de Jonathan, abandonnant  Nantilly et toute mon ancienne vie. Un aller simple pour ailleurs.

***

J'ouvre des yeux embués de sommeil. La nuit règne dans la chambre. Je frotte mon visage en me demandant quelle heure il peut bien être. La lumière de la lune rentre par la grande fenêtre qui donne sur le paysage parisien. 

Je me redresse en douceur, réveillant mes muscles froids. Jonathan dort à mes côtés la tête plongée dans l'oreiller, la lune se reflétant sur la peau claire de son dos nu. Je passe avec délicatesse la main dans ses cheveux ébouriffés par le sommeil, en laissant échapper un soupire de bonheur. 

Voila maintenant un mois que nous nous sommes installés dans un petit appartement de Montmartre et je nage en plein rêve. J'ai découvert la capitale, une ville bouillonnante où il ne neige presque jamais. 

Ici, Je vois le monde sous un nouveau jour, aux côtés de celui que j'aime. 

Malgré qu'il m'arrive souvent de me réveiller en pleine nuit comme ce soir, ces nuits sont les meilleures de toute ma vie. Tous les soirs, je m'endors au creux des bras réconfortants de Jonathan et je me dis qu'il n'y a pas de meilleure place au monde pour moi.

Je le regarde dormir pendant quelques secondes encore, avant de quitter la chaleur du lit. Mes pieds rencontrent la douceur du tapis froid, qui s'étend au milieu de la pièce. 

J'attrape le pull de mon père, abandonné sur un petit fauteuil, le passant sur mes épaules frêles pour retrouver un peu de chaleur. Mes yeux parcourent la pièce, plongée dans la pénombre. 

Nous sommes dans un studio sous les toits, avec un petit balcon donnant une vue magnifique sur la ville lumière. le sol est en vieux parquet et la petite cuisine, comme le vieux bar, est en bois. Le lit et  les rideaux sont dans des tons beige clair. 

Une harmonie très cosy règne dans la pièce, due aux vieux meubles, aux couleurs douces et à la forme particulière du plafond, donnée par le toit. 

J'arrête de fixer la pièce pour enfiler une paire de grosses chaussettes en laine, avant de mettre de l'eau a bouillir, histoire de me faire un thé. Je fixe le micro-onde qui affiche l'heure, vu qu'il est cinq heure passé du matin, je décide de ne pas me recoucher. 

Après avoir préparé la boisson chaude, je sors en silence sur le petit balcon pour m'accouder à la rambarde de fer forgé, le thé chauffant mes paumes et le bout de mes doigts. 

Je fixe la lune, au milieu du ciel étoilé, veillant sur la dame de fer. À ce moment, comme durant toutes les nuits, je repense à Jess. Je me souviens qu'elle me disait de découvrir de nouveaux ciels, que je devais penser à elle en les regardant. Car peut-être que depuis son toit, seule, elle aussi fixe ce ciel.  

Je respire en prêtant attention à chaque inspirant, me rappelant ces inoubliables soirées partagées, collées l'une contre l'autre sous la neige de Nantilly.