Vivre dans la peur

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Seigneur, qu'ai-je fait pour attirer la souffrance dans ma vie ? Dois-je douter que Dieu existe ? Où était-il tout à l'heure ? J'éclate en sanglots toujours avec ma jupe en sang et la douleur qui a doublé. Pourquoi mes parents m'ont-ils abandonné ? Je me pose beaucoup de questions sans réponse. J'ai tellement pleuré que j'ai fini par m'endormir dans la douche sur le carrelage.

Les cris de tata Cira m'ont sorti de mon sommeil profond, j'essaye de me mettre debout comme un bébé qui apprend à marcher. Faisant face au miroir, je ne me reconnais pas, mon visage et mes yeux ont gonflé. Je laisse couler l'eau sur mon corps dégoûtant. Je me bats avec mes pensées, car je n'ai guère envie de me souvenir de ce viol subi. Je lave mes vêtements et frotte mes parties intimes pour les arracher. Petite Cira toque à la porte en criant.

— Mimi, grand-mère t'appelle.

Ayant pris mon temps, je débarque devant tata Cira.

— Tu as de la chance que c'est un jour de joie pour tous, car tu as réussi ton examen ; sinon je jure que j'allais t'envoyer à la morgue.

C'est mon plus grand souhait en ce moment de rejoindre mes parents. Pensais-je tout bas ?

— Viens choisir tes premières boucles d'oreilles en or, c'est le cadeau de ton succès. Qu'est-ce que tu as à marcher comme un canard ?

— J'ai mes menstruations et j'ai trop mal au ventre.

— Tu peux jurer que chaque semaine tu vois tes règles. Tu seras le genre de demoiselle facile à engrosser avec ton cycle irrégulier.

Elle a décrit sa fille avec ses deux enfants sans pères. Pensai-je encore tout bas. Je récupère cette paire de bijoux avec ses deux petits diamants, je dis merci et je vais chercher un rafraîchissement.

Je sors de la cuisine ; je croise mon bourreau et j'ai tellement eu peur que j'ai laissé tomber mon verre de jus d'ananas.

— Tu as vu un démon. Lance-t-il en ricanant ?

Maïmouna, la ménagère accourt vers nous et me propose d'aller m'allonger. Je me dirige vers ma chambre quand j'entends tonton Sakher dire tout bas : — ma prostituée, depuis tout à l'heure je suis en érection. J'accélère le pas et rentre avant de m'effondrer sur le lit. Le lendemain matin, Maïmouna me réveille avec un bol de bouillie.

— Ma petite Mimi, cette bouillie à base de maïs bien chaud, te fera du bien.

— Mais je me porte bien ; je ne suis pas malade.

— Mimi, je suis dans cette maison depuis longtemps. Je sais bien ce qui s'est passé hier.

J'éclate en sanglots, mais je ne raconte rien du tout à celle-là.

— S'il t'a fait quelque chose, tu dois le dénoncer, car tu as moins de 18 ans.

— Je ne comprends pas.

— D'accord ma petite Mimi, tu vas boire pendant qu'elle est encore chaude pour être en forme.

— Merci Maïmouna.

Pourquoi n'ai-je rien raconté à Maïmouma ; elle est une cousine à tata Cira et n'a jamais été de mon côté. Quelques jours se sont écoulés et c'est les grandes vacances. Chaque été, mes activités se limitent à faire des aller–retour entre les magasins et la maison. Ce soir, tonton Sakher reçoit des amis, l'ambiance festive règne et je vais essayer de passer un bon moment sans penser au viol. Mon cousin Djiby est de la partie. Nous ne le voyions pas souvent, car il vit avec des étudiants comme lui pour être plus proche de son université.

— Mimi, peux-tu nous servir un autre plateau d'amuse-bouche ? Demande mon agresseur.

Sans donner de réponse à cet imbécile, je me dirige dans la cuisine. Je dépose l'assiette de nems et de beignets sur la grande table basse, un ami à tonton Sakher dit sans gêne :

— C'est bien ta nièce Mimi, tu me la confies pour la coacher.

— Non ; elle est trop bonne pour toi.

— Si cela est ta réplique donc elle doit très bien sucer.

Ils enchaînèrent avec des éclats de rire. N'ayant rien raté de leur conversation, je baisse les yeux en me retirant de la pièce. Un autre me dit : — félicitations pour ton examen. Quel âge as-tu ?

— J'ai 16 ans, dis-je timidement.

— Tu as un numéro pour prendre de tes nouvelles.

— Mimi, quitte ce salon ; crie tonton Sakher avec un ton sec et violent.

Je presse le pas à la sortie et je vais m'enfermer dans la chambre, car j'ai une bande de pervers. Le lendemain, mon bourreau demande à ce que j'aille dans son cabinet à 10 h 30 pour récupérer un document à donner à sa femme. La peur m'envahit tout le long du trajet, mais je me dis que dans son bureau je ne risquais rien. Je défile les vidéos TikTok avec ce foutu portable, un iPhone 12 qui m'a coûté ma virginité que je garde malgré moi. Après quelques minutes d'attente, la secrétaire m'annonce puis m'accompagne. Je fais mon entrée avec Karima, il lui demande de nous laisser. Il avance vers moi, il me plaque contre le mur et me chuchote à l'oreille.

— J'irai tout doucement avec toi pour cette fois, tu me remercieras plus tard.

Je sens que je suis en train de faire pipi dans mon pantalon. Au secours...

La Destinée De Mimi N'diayeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant