[Texte] Une âme solitaire

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Comme convenu, voici un texte que j'ai écrit il y a longtemps...

Il est à lire avec cette musique :

"Une âme solitaire dans la grisaille du ciel, voilà ce que j'étais en ce soir de janvier.

Qu'est-ce que j'avais pour moi, sinon des ailes écorchées par la tempête glaciale qui ravage les toits du monde ? Seul, dans mes pensées, l'oiseau que je suis s'envole et fait du surplace. Les abysses m'appellent, me crient de venir les rejoindre. Quand je me fondais dans les tréfonds des rues de la ville, je me sentais balloté comme un bateau ivre sur un océan sans limite. J'étais le seul à rêver de liberté, de cette Liberté inaccessible, au milieu d'âmes nostalgiques et renfermées.

Mon cœur est sur le mode mineur, il pleure des larmes brillantes, salées, amères et brûlantes. Acides, ces mêmes larmes coulent sur ma joue meurtrie. Qu'avais-je encore pour moi, sinon des rêves perdus dans le lointain ? C'étaient l'unique bouée, dans une société furieuse, qui écrasait ses vagues de chagrin à l'horizon.

Une ombre dans une marée humaine.

Les sons manquent à ma gorge, la force à mes muscles, les mots à ma gorge et l'amour à mon âme. On me tendait les bras. L'Hadès ou les Champs Élysée ? Qu'importe, on passait tous par la porte qui menait aux deux chemins à un moment.

Les gens disent que si on meurt, on peut se réincarner en élément, qu'on peut devenir une étoile qui brillait haut dans la nuit. La lumière dans l'ombre. La vérité, ce n'est pas ça, c'est juste foutrement plus clair : une fois étoile, on devient de la poussière de lumière. Et quand on a finit d'illuminer le vide de notre entourage, on se ment, on dit qu'on part dans une grande explosion. Mais c'est faux.

On disperse juste nos cendres dans l'espace, et on s'éteint pour devenir autre chose, de moins glorieux qu'une Supernova. Mais on devient quelque chose.

Une note dans l'atmosphère, un cri silencieux, une poussière sur un meuble, une pluie acide ; les possibilités infinies me chagrinaient. Si on peut être ce que l'on veut à la fin - et là encore, c'est le destin -, pourquoi croire à un chemin en vivant ? Et si c'est l'inverse, pourquoi devenir une chose après la mort ? Les chemins sont infinis mais la vie est limitée. Les sentiments contraires qui me hantent me laisse pensifs : la liberté a-t-elle un prix ? Si oui, lequel ?

Tout de suite, je lui dirais oui. Pour la quête d'une existence, le prix qu'on paie est fort appréciable. Et si je devais le payer, même en m'écorchant à nouveau les ailes, même en voletant d'une aile affaiblie par les flèches perdues et le vent, je le ferais. Sans hésiter."

- "Une âme solitaire", 26 août 2015

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