[Texte] Ciel

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Hey mes nounours lecteurs préférés !

Il y a quelques temps, j'avais publié deux de mes textes datant de 2014/2015... Mais qu'en est-il de mon niveau en 2017 sur ce genre de textes ?

Eh bien, je vais vous partager mon tout dernier texte, écrit fraîchement aujourd'hui. Bonne lecture !

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Le ciel a au moins le mérite de ne pas être hypocrite, contrairement à ce monde infecté, qui ne jure que par les mensonges et qui a la vérité en horreur... C'est ce qui avait traversé mon esprit embrouillé tandis que les premières lueurs de l'aube tailladaient l'immensité de l'horizon. Il ne ment pas, même si on peut le croire de toutes ses forces.

J'ai longuement pensé le contraire. Mon esprit a toujours été un peu brumeux, et il flottait dedans les parfums de l'incertitude et de la mélancolie. La brume de la douleur m'a toujours enveloppé dans ses bras d'argent. Chaque jour qui passe est un pas de plus au cœur d'un monde que l'on ne connaît pas, un monde d'ombres sinistres et de lumières hypocrites qui aveuglent plus que de permettre de voir. Et dans ce bordel - j'ose le dire -, il n'y a qu'en regardant le ciel, qu'on peut sortir, ne serait-ce qu'un peu, de ces routes qui se ressemblent toutes.

Quand on regarde l'infini trônant au-dessus des têtes mortelles que nous sommes, il est aisé de se rendre compte que tous ces bâtiments orgueilleux que nous construisons, ces rues désertes qu'empruntent nos cœurs, ces voitures noires de fumée que nous utilisons ne sont rien face à un monde de gris et d'azur.

Moi, j'ai longuement choisi de ne pas croire au ciel. Je le trouvais sale, petit, nul, impossible à atteindre ; je ne comprenais pas, je n'avais pas choisi de comprendre, que des âmes puissent s'émerveiller dans ce bordel uniforme, dans cette peinture surréaliste sans profondeurs. Je préférais encore les étoiles ; quitte à les voir briller, au moins, on savait que l'illusion était crevée, au loin, et qu'il fallait juste que le temps nous rapproche de la vérité. Que peut-on admirer dans ce qui n'est pas en accord avec notre souffle, avec notre cœur, avec notre « nous » profond ?

Le néant. Chaque soir, quand je rentrais, les soupirs qui ne voulaient pas s'échapper dans cet enfer d'injures, d'ennui, de désespoir, de routine, qui tourbillonnaient autour de moi, s'échappaient dans un « putain » que j'envoyais là-haut, avec tous mes compliments et mes majeurs distingués. Chaque soir, je le regardais et je me demandais : pourquoi est-ce que tu ne t'intéresses pas à moi ? Pourquoi est-ce que tu n'accordes pas tes violons à ma putain de symphonie du désespoir ?

Et il me narguait, chaque soir, en me renvoyant son reflet bleu, ou son gris pas trop sali, tout juste immaculé. Son reflet était parfait, le mien était souillé. Je rageais, ma colère bouillonnait et elle et moi on dansait sous cette foutue pluie de soleil pour lui montrer à quel point on l'emmerdait. Et il nous le rendait bien.

J'ai toujours pensé que le ciel n'en faisait qu'à sa tête ; après tout, je n'étais qu'un damné errant parmi sept milliards. Chaque nuit, on ne rencontre pas le regard de la même étoile, morte sûrement avant même que l'on naisse. Alors pourquoi les nuages pleureraient pour nous ? Je pensais que nous étions juste un amas d'atomes livrés aux secousses de l'existence, et que nous n'avions pas besoin d'être pleurés. J'ai toujours trouvé que cette idée du ciel qui pleure était poussiéreuse et entièrement fausse.

Mais aujourd'hui, je suis au-dessus de mon petit monde, et je me rends compte que j'avais tort. Oui, j'avais tort. Et c'est avant de rejoindre celui que j'ai tant détesté pendant ces années de solitude et de désespoir que je le comprends. Aujourd'hui, je suis sur un toit. En-dessous de moi, une grande étendue d'eau. Au moins, je ne dérangerais pas les gens... Le sang est une matière poisseuse. Je m'en fichais de tâcher le sol, mais je préfère encore m'enfoncer littéralement dans les profondeurs absolues. Du figuré, je passe au propre, propre qui restait quand même sacrément sale.

Le soleil se lève à peine, mais j'ai l'impression que les chaleurs du matin m'entourent de leurs tendres bras inconnus. Une dernière trace de la douceur de ce monde, voilà ce que je vois, alors que le vent trace un sillon sur mes joues trempées de larmes et sur mes cheveux dont la couleur est à l'honneur du plumage des corbeaux. Dommage, je les aimais bien, ces cheveux. C'était peut-être une des choses que j'appréciais le plus. Je ne pourrais plus jouer avec quand l'illusion du bonheur se présente. De toute façon, ce n'est pas comme si elle avait se représenter.

Le vent caresse mes mains, mon dos et mon visage ; il est calme, un peu aigre. Je sens mes lèvres bouger un peu, s'étirer autant qu'elles le peuvent. Chouette journée pour partir... Est-ce à ça que pensent les gens avant d'emprunter une voie invisible pour ceux qui continuent à s'agiter dans le tourbillon de la vie ? Est-ce qu'il est normal de penser à mes cheveux, au vent, au soleil ? Ce n'est pas comme si je l'avais fait plusieurs fois. C'est tout nouveau, pour moi, comme pour tous ceux qui l'ont fait et qui ont réussi. Je n'ai vécu qu'une succession d'échecs, alors, en regardant les couches grises, j'espère de tout mon cœur que j'aurais au moins une victoire dans ma vie. Ce n'était certes pas la plus glorieuse mais elle avait au moins le mérite de me plaire. C'est ce qui compte, non ?

Je m'approche du rebord. J'inspire. Je sens mes poumons se contracter, et un flot d'images m'envahit. Les phalanges qui composent mes doigts blanchissent sous ma fureur. Alors, je lève la tête. Une goutte, puis deux, trois, dix, cent. Le ciel gris accompagne mes pleurs de ses sanglots. J'ouvre la bouche, la tête renversée. Ce n'est pas prudent, m'auraient dit mes proches, de rester là sous la pluie ; tu risques d'attraper froid. Je peux même entendre leur voix me murmurer de courir et d'arrêter. Mais je le sais, ils ne sont pas là. Je suis seul sur ce toit, je suis seul à rire, je suis seul à pleurer. Et je suis le seul à me rendre que je pleure, que je ris et que je suis seul sur ce toit.

Je regarde le ciel. Aujourd'hui, j'ai compris qu'il n'était pas hypocrite, juste qu'il pleure au-dessus de tant de têtes qu'il n'a pas pu sangloter au-dessus de la mienne. Je souris. Vraiment. D'un pas robotique, je fonce vers le vide. Le sol ne me retient plus, la route ne me supporte plus, je suis totalement offert aux caresses et au regard céleste.

Et avant de tomber tant dans les profondeurs que dans l'oubli, je n'ai qu'une chose à lui dire, à ce ciel qui m'a toujours accompagné : « Excuse-moi de n'avoir pas cru en toi. ».

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N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez <3

[RANT BOOK 2] Le carnet du Capitaine Umi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant