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Silvanna, 18 mars 2016.


« Tu es sur la route ? » Me demanda Renata, soucieuse.

« Oui je pense arriver dans 2h30. Ca va aller Reneta t'en fais pas. »

« Mais quel con ce boss Martin, te faire aller dans une concession à Lyon un vendredi à 14h alors que tu ne connais pas les équipes sur place. » Dit-elle quelque peu agacer.

« J'étais la seule à peu près dispo tu sais. »

« Arrête tes conneries ça fait des semaines qu'il te fait chier et il sait que tu ne diras jamais non à un supérieur, arrêtes de me prendre pour une niaise qui ne voit rien, je vois très bien qu'il est louche avec toi depuis quelques semaines nana. » Trancha-t-elle d'un ton dur.

Ses paroles raisonnaient dans la voiture, laissant quelques secondes de blanc.

« Tu te fais des films Ré', il est entièrement normal avec moi. » Tentais-je.

« Silvanna quand tu arrêteras de mentir et de faire la grande tu me rappelleras parce que je ne serais pas là quand il dépassera les bornes à ce rythme là. » Dit-elle en me raccrochant au nez.

Je soufflais de frustration. Je savais qu'elle avait raison mais une partie de moi ne voulait pas l'admettre. Il est vrai, depuis quelques semaines, Mr. Martin avait un comportement déplacé à mon égard. Des réflexions sur mes tenues, une surcharge de travail qui ne relevait pas de mes compétences mais de celles de mes collègues, des objectifs à atteindre impensables, il avait même eu un geste déplacé envers moi dans l'ascenseur un soir.

Mais cet homme –connard- étant mon patron, je me résignais à chaque fois à ne rien dire et à essayer tant bien que mal à réaliser les tâches qu'il me demandait et pour ce qui était du geste dans l'ascenseur j'avais préféré laisser penser que son geste était involontaire.

Un panneau m'indiquer qu'il me restait 300 kilomètres avant d'arriver à Paris et mon tableau de bord affichait 18h46. Je pris la première brettelle qui menait à une station autoroute pour aller prendre un café dans l'espoir que cela fasse passé mon coup de barre passager.

Une fois le liquide amer avaler et une grimace afficher à son gout, je jetais mon gobelet dans une poubelle pour aller fumer une cigarette avant d'aller dehors fumer une cigarette.

La sonnerie de mon téléphone ne coupa pas mon élan pour autant. Je vis un numéro que je ne connaissais pas s'afficher.

« Allô ? » Répondis-je énonçant un ton qui prouvait que je ne connaissais pas mon interlocuteur.

« Tu aimes les pizzas au chèvre ? »

« Pardon ? Vous avez dû faire une erreur. »

« C'est Mekra » Je reconnu sa voix grave.

« Oh excuse-moi je ne t'avais pas reconnu. Comment tu as eu mon numéro ? »

« J'ai des connaissances, le monde du rap ouvre quelques portes » Ricana-t-il. « Bon du coup tu aimes les pizzas au chèvre ? »

« Mais pourquoi tu me poses cette question ? »

« Parce qu'on est vendredi et que c'est soirée poker et tu es convier. Tu n'as pas oublié que tu avais interro ? » Me demanda-t-il.

« Non je n'ai pas oublié j'ai appris mes leçons professeur, mais je crois que ça va être sans moi, je suis encore sur la route et je ne pense pas arriver de bonne heure. Mais c'est gentil d'avoir proposer. »

MercoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant