LXI

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Silvanna, 27 novembre 2022.


Je venais de me garer. J'avais déposé les garçons chez les parents de Ken qui étaient plus que ravis de revoir leurs petits-enfants.

Magalie et Payanotis m'avaient prévenu de prendre mon temps pour rester avec Eros, que pour ce dimanche, ils géraient leurs trois « princes » comme Magalie les appelait, ce qui lui valait de la part de son mari, un retournement de pupille.

Coupant le moteur et prenant mon courage à deux mains, je pris la décision de d'abord m'occuper de mon cheval à qui je n'avais réellement porté de l'attention depuis presque un mois, me contentant juste d'une séance par semaine et des passages rapides inférieurs à une heure.

Saluant au passage quelques cavaliers de manière polie, je souris franchement en remarquant Eros dans son paddock, couvert de ses deux couvertures, tonte oblige.

Doucement, je me postai devant le paddock où se situait mon 5 ans et le regardais brouter. Après quelques minutes à l'observer, je claquai ma langue contre mon palais 3 fois.

Il releva ma tête avant de s'avancer vers moi. Rien que cette image me fit du bien. J'avais oublié que dans ces lieux, j'oubliais un peu le reste.

Après une heure de préparation, je posais enfin mon pied à l'étrier. Comme à notre habitude, depuis quelques bons mois. Eros ne bougeait pas d'un pouce une fois à côté du marche pieds, une fois que je me retrouvais sur son dos je restais environ une minute en équilibre, répartissant mon poids sur mes pieds de manière égale pour ne pas faire souffrir le dos de mon cheval.

Malgré le froid saisissant, je pris la décision d'aller dans la grande carrière, le manège était un confort pour moi mais pas pour lui.

Alors pendant presque une heure, je travaillais Eros, prenant un plaisir fou, ne pensant à rien, entendant juste les bruits de ses sabots, sa respiration, mes félicitations ou mes petites colères face à son caractère.

Quand il eut fait son dernier changement pied, satisfaite, je détendis mes rênes au maximum toujours au galop et sourit encore plus quand je le vis chercher le sol de ses naseaux, signe qu'il tirait son dos et que cette séance avait été plus que fructueuse pour lui mais encore plus pour moi.

Trois tours de carrière au galop en équilibre pour moi, la tête en bas pour lui, mes mains tapotant son encolure, les larmes aux yeux, là, j'étais bien.

« Ça fait plaisir de le voir comme ça. » M'interpella une voix que je connaissais alors que je venais de désangler d'un tour et fait de même avec la muserole, voulant faire encore quelques tours de carrière au pas.

Je tournais la tête et comme si Eros avait été autant surpris que moi, il c'était arrêté de matière nette.

Je posais mes yeux sur Edouard, appuyé sur les barrières de la carrière. Pendant une dizaine de seconde, nous nous fixions. Un mélange de gêne, colère et presque de peine se mélangea.

Je crois que lui comme moi, ne savions que dire.

« Tu me donnes une heure ? » Lui demandais-je au loin.

« Bien sûr, il a déjà son foin au box. » Dit-il avant de repartir.

Je souris doucement en voyant Eros expiré bruyamment alors que je venais de me décontracté alors qu'Edouard venait tourner le dos. Je tapotais l'encolure d'Eros avant de presser mes mollets contre son ventre pour lui demander de marcher vers la salle de soin.

Je prenais de plus en plus de plaisir à travailler Eros, il commençait, au que moi, à prendre goût à nos séances de plat. N'ayant plus les mêmes objectifs qu'à l'époque où je montais en concours, je prenais le temps, non, je le faisais pour le loisir et non pour le sport. Je ne regrette en aucun cas mes années avec Tao, je vivais cependant la chose complètement différemment, les deux étaient deux expériences extras.

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