LXIII

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- petit chapitre transitoire, le prochain sera plus long je vous rassure et arrivera rapidement, vu le rythme que je viens de retrouver.- 


Silvanna, 22 Décembre 2022.


« Doucement. » Murmura la voix de Ken, dans mon dos alors que je venais d'ouvrir les yeux, ayant eu en tête l'image de mon jean en sang.

Etourdie, suffoquant, je tentais de me tourner mais Ken resserra sa prise sur mon corps comme pour me tranquilliser.

« Calmes-toi. » Dit-il sur le même ton alors que je pouvais sentir ses doigts glisser dans mes cheveux pour tenter de mettre en action son propos.

Ne comprenant plus trop où je me situais, je tentais de bouger la tête même si le contact de la paume de Ken avait toujours eu le don de me canaliser. Lui étant de nature plus calme que la mienne.

Désorientée était le terme parfait à mon ressenti actuel. Je me rappelais vaguement des propos de l'urgentiste alors que le terme stress post-traumatique tournait en boucle dans mon crâne. J'avais donc si mal digéré cette fausse couche que mon corps et mon esprit en était traumatisés.

« Moro, faut que tu te douches et tu te changes. » Me dit Ken doucement alors que je n'avais pas plus de réponses à mes questions qui arrivaient comme des fusées dans mon crâne.

« Je.. » Arrivais-je à peine à articuler.

« Je sais. » Murmura-t-il alors que je sentais son corps quitter le lit alors que ses pas contre le parquet avant qu'il ne se retrouve accroupi devant mon visage.

Doucement, il posa sa main sur ma joue. Alors nous en étions rendus là. Tous deux éclatés comme des vagabonds. Vides de tous, sauf de nos fils.

Alors que je l'observais, je vis une lueur dans ses pupilles que je ne connaissais que très peu, cette espèce peine mélancolique, cette lueur de souffrance et d'impuissance, ce regard douloureux quand il vous ait adressé.

« Je suis désolé Ken. » Murmurais-je doucement alors que je sentais cette boule dans la gorge qui était presque devenu une habitude pour moi.

Il me regarda toujours avec cette lueur sans pour autant cesser de caresser ma joue.

« Ça suffit. » Prononça-t-il doucement avant de se redresser doucement et de saisir mes mains.

Comprenant son initiative, je me redressais tant bien que mal, comprenant que mon corps, par ce malaise avait définitivement lâché.

Comme si je ne sentais que le poids des mots de l'urgentiste, je peinais à tenir debout, bien trop fatiguée.

Dans un silence douloureux ou seul nos respirations flottaient, Ken m'amena dans la salle de bain. Comme si j'avais marché des heures, je me tenu au rebord du lavabo. Je levais doucement le visage vers mon reflet, mais je crois que le mien ne fut pas celui qui me fit le plus mal, car j'avais pris le pli de ne plus me reconnaitre. Mais c'est en voyant le reflet de Ken que je compris qu'il y avait les marques de ces deux années de souffrance comme il avait su me le faire comprendre plus tôt dans la soirée.

Ses traits que je connaissais si bien malgré toutes ces années me semblaient méconnaissables, ce qui me fit le plus de peine c'est de me faire la remarque que même lors du décès de sa sœur, il n'avait pas eu l'air si épuisé.

C'est alors tristement que je constatais que même en ayant voulu le protéger, je l'avais souffrir.

A croire que je ne savais faire que ça depuis ces deux dernières années. Ce triste constat me fit baisser les yeux vers mes mains.

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