Merco

XXX

Ken, 10 Juin 2017.

Je ne réalisais pas, ma mère l'avait eu. Nous venions de terminer de manger, mon père débarrassait avec Silvanna.

« Je suis désolé de ne pas pouvoir fêter la bonne nouvelle mais je suis épuisé. » Dit-elle en revenant vers ma mère et moi.

Ma mère se leva et serra Silvanna dans ses bras avant de lui chuchoter des paroles qu'elle seule pouvait distinguer. Silvanna recula hocha la tête et souhaita bonne nuit à tout le monde avant de monter les marches.

Irène n'avait pas pu se joindre à nous, Amine était malade alors elle voulait éviter qu'il rentre en contact avec ma mère.

Mon cerveau n'arrivait toujours pas à assimiler la nouvelle, c'était terminé, tout cela était finit. Ma mère posa sa main sur mon épaule.

« Tu rêves ? » Me demanda-t-elle.

« Non, j'arrive juste pas à assimiler que c'est finit. » Lui souriais-je.

Elle me sourit doucement mais une forme de mélancolie se posa sur ses yeux.

« Il est temps que tu rentres chez toi Ken, que tu reprennes ta vie. » Dit-elle.

J'hochais la tête doucement et tournais mon visage vers la pile de papiers pour le label que Silvanna m'avait donné.

« Ouais t'as raison, il est temps que la vie reprenne. »

Je me levais et m'installais en commençant à travailler, sous le regard de ma mère et mon père.

« Ken ? »

Je levais la tête et une douleur vive me transcenda la nuque, je planchais sur cette paperasse depuis plusieurs heures.

« Tu crois pas que tu devrais aller te coucher ? Rejoindre Silvanna ? » Me demanda ma mère resserrant sa robe de chambre autour d'elle.

J'appuyais sur le bouton central de mon téléphone pour voir qu'il était 3h32. Je n'avais pas vu le temps défilé, je n'aurais jamais cru que la paperasse m'aurait manqué.

Paris me manquait, les gars me manquaient, le studio, les rues beaucoup de choses me manquaient, mais Silvanna me manquait encore plus.

« Qu'est ce qui te tracasses Ken ? » Me demanda ma mère.

Je masquais un rire, on ne dira jamais assez qu'une mère sait tout sur tout.

« Je crois que j'ai merdé maman. » Dis-je en posant mon stylo.

« Tu crois ? » S'exclama-t-elle avec un regard noir.

Je baissais les yeux tel un gamin pris en flag.

« J'avais autre chose à foutre que de t'engueuler parce que je me débarrassais de cette merde, mais... » S'arrêta-t-elle. « Ken Samaras tu n'imagines pas le nombre de fois ou j'ai eu envie de te mettre des aller-retour. » Trancha-t-elle durement.

Ma mère n'avait jamais évoqué la violence ayant horreur de ça, mais là, j'avais du dépassé les limites.

« Je ne t'ai pas éduqué comme ça Ken, ton père et moi on ne t'as pas élevé comme ça. Tu te rend compte une seule seconde dans ton cerveau d'égoïste ce que tu as fais subir à Silvanna ? Juste deux petites secondes ? » Me gronda-t-elle. « Est ce que tu te rend compte qu'elle est venue toute les semaines ou presque à Nice, se coltinant les gamins qui braillaient dans les wagons. Elle est venue à chaque fois alors qu'elle avait l'air épuisé, elle ne disait rien, elle se faisait repoussé par mon fils qui est assez con pour ne pas remarquer ce qu'on faisait pour lui. » Continua-t-elle en posant ses mains sur la table alors que mes yeux se baissaient.