Silvanna, 6 Mai 2023.
Comme tout dimanche matin, depuis plusieurs mois, je m'autorisais un rituel, seule. Une tasse de café dans mon lit et je prenais un plaisir fou à le savourer. Me réveillant toujours avant sept heures, je prenais le temps de prendre un long café alors que Lo était lové contre moi alors que Nami elle dormait encore dans la chambre des jumeaux ou encore avec Amine, trop tôt pour elle.
La lumière de ma lampe de chevet éclairait la chambre, Lo somnolait alors que ma main grattait son endroit préféré, sous la tête.
Pendant une dizaine de minutes, je fis le vide, me contentant de ne penser à rien même si au fond de moi je repensais à ces derniers jours, les chansons et photos au studio, ma discussion avec mon père, la soirée de la concession, la diffusion de son film et la tension qui avait suivi, le jour suivant quand il débarque chez moi et accompagne les garçons avec moi voir Éros, hier soir chez Hakim et Reneta, Ciel noir, les au-revoir puis aujourd'hui à venir.
En trois jours, je n'avais jamais été aussi proche de Ken qu'en presque trois ans. Évidemment, les paroles de mon père tournaient en boucle dans ma tête, comme un mantra, et encore là.
Mon amour propre, mon égo et ma fierté avaient pris le coup de grâce lorsque j'avais découvert Ken.
Je savais quel était mon choix, mais par moment, l'égo remonte et la douleur l'accompagne.
Je savais pertinemment que Ken tiendrait sa promesse de tout faire pour sauver ce qu'il restait ou encore ce qui revenait au fur et à mesure de ses efforts en seulement trois jours, même si évidemment je notais les efforts précédents, non sans oublier ce dîner chez Raffaelo, celui où j'avais enfin eu réponse à cette terrible question que je me posais souvent quand mon esprit ne tournait pas rapidement.
Dans un sens, je lui en voulais encore d'avoir cru les paroles des autres, infondées. Mais dans le fond ce n'est pas à lui que ma colère voulait se déverser mais sur ces personnes, ceux qui parlent sans connaissance de cause, faisant tout écrouler après leur passage.
J'étais tiraillée, comme rarement je l'avais été, je crevais d'envie de le retrouver puis dans un sens j'avais peur de jamais ne pouvoir lui pardonner entièrement et de conserver, au plus profond de moi, cette rancœur marquée au fer rouge.
Mes idées se confondaient, me faisant fermer les yeux alors que je venais de reposer ma tasse, désormais vide. Puis je me m'y à cogiter encore plus et sur un détail à ne pas omettre, trois plutôt, les enfants.
En faisant le choix de me séparer de Ken, j'avais imposé à mes fils de diviser le socle familial, de changer de maison toutes les semaines, de perdre leur repère, une telle déchirure qu'aucun enfant ne devrait subir à deux ans.
La première année de la séparation, je me souviens avoir eu des remords atroces, m'en vouloir tous les soirs en entendant les jumeaux réclamés leur père chaque soir, me faire écho à une activité avec leur père, comme le bain du soir, chose que Ken adorait faire quand nous vivions ensemble.
L'arrivée d'Amine avait bouleversée notre quotidien déjà assez houleux, la tutelle d'Amine avait été délicate car nous avions dû faire comprendre à nos fils qu'Amine ne verrait plus jamais sa maman, qu'il allait vivre avec nous, ce qui perturbait encore le quotidien de mes fils alors que Ken comme moi devions gérer le deuil d'Irène chez Amine mais aussi chez Ken, prendre en charge mon rôle de mère pour mes fils mais aussi celui de tutrice pour Amine alors qu'il était mon neveu par alliance.
Tout était délicat, les allers et venues de Ken pour son album, mes emplois du temps chronométré au millimétré près.
Le souci qui se posait et que je retournais sans cesse dans ma tête était de plusieurs ligne de mire. Après presque trois ans de séparation avec Ken, presque un an depuis l'arrivée d'Amine dans notre quotidien, le considérant comme mon fils, à égale de mes fils, les enfants semblaient avoir trouvé un équilibre dans ce désordre. Ken et moi tenions systématiquement à ce que notre situation, de parents séparés ne les impactent le moins possible, leur confort et bonheur passant avant le mien.

VOUS LISEZ
Merco
Fanfiction" L'amour le vrai, celui qui détruit, qui fait mal, fait vibrer, qui implose, qui coupe le souffle, qui étouffe, mais, surtout celui qui fait vivre." Ken Samaras - Silvanna Mallet 14.05.17