Chapitre 4
La colère d’Ambre
L’Ambréenne et l’Azurienne sortaient de la dernière rangée de plants de maïs lorsqu’elles virent le carnage que la déesse avait causé. Cette dernière, Élysée, se reprocha aussitôt ses origines divines qui venaient bien sûr de ses parents biologiques. Les bungalows étaient détruits. Des centaines de villageois criaient et la cloche d’un grand bâtiment religieux sonnait, donnant l’alarme aux habitants du château et à Sa Majesté. Le vent, puissant, faisait tournoyer les débris et la pluie faisait rage. Aux alentours, arbres, buissons, fleurs et feuillages brûlaient. Les bûches, empilées pour former un barrage entre le Passage des Glaciers et le Royaume d’Ambre, n’étaient pas épargnées. Un homme, quoi qu’un peu sonné par tout ce désastre, courait dans tous les sens en criant:
-Toute cette malédiction vient des champs ! Des sorciers ont creusé un cratère et formé le séisme ! Ils sont responsables de tout ça ! Venez vite !
Il semblait être le seul et unique témoin, pourtant une bande de gens curieux et prêts à tout pour régler les comptes à ceux qui ont causé cette grande catastrophe le suivirent. Déjà, ces hommes fouillaient le secteur dans les champs et d’autres examinaient le cratère. Mais tous ne ressentaient que de la haine et de la colère envers les intrus ayant ravagé le pays.
Sentant ceux-ci approcher, les deux jeunes filles piquèrent un sprint vers la forêt feuillue en proie aux faibles flammes. Malheureusement, les hommes en chasse les repérèrent au premier son d’un froissement de plant de maïs et s’empressèrent de pourchasser indiscrètement les deux personnes. Élysée trébucha sur une racine d’arbre et s’étala de tout son long sur la terre. Ancolie allait lui prêter main forte, mais se fit interrompre par les soldats. Armés de petites lames simples, ils foncèrent comme un taureau vers les criminelles. Accédant à son instinct de survie, la fille de la déesse de la guerre se concentra et ferma les paupières. Suite à ce geste, toutes les armes des Ambréens s’élevèrent dans l’air et se posèrent aux pieds de l’élue. Saisissant deux lames, Ancolie les lancèrent sur les premiers soldats, les atteignant directement au cœur, ce qui les tuèrent sur le coup. Figés depuis l’œuvre de magie sur les lances, épées, arcs et dagues, ils furent éclaboussés par les geysers de sang. En effet, une fontaine de ce précieux liquide chaud se déversait sur ce groupe, maintenant aveuglé. Cet obstacle permit aux magiciennes de s’éclipser par magie, malgré leur fatigue. Lorsque les soldats retrouvèrent la vue, les deux filles avaient disparu. Pas même une seule trace de d’empreinte de botte ! Mais les gardes avaient reconnu le visage de la tueuse. Et ils la reconnaissaient parfaitement.
Le bruit sec et la fumée se dégageant permirent à Sidvin de reconnaître la visiteuse. C’était bien sa fille au bras d’une inconnue. Sans attendre, il attaqua Ancolie avec la question qui lui brûlait les lèvres:
-Qui est-ce ?
Ancolie allait lui répondre, cependant sa nouvelle amie la devança. L’Azurienne s’avança de quelques pas, ses yeux noirs hypnotisant le fixèrent.
-Je suis la déesse Élysée, fille de la déesse Kialyne, se présenta-t-elle avec un mince sourire.
Déstabilisé, l’Ambréen ne bougea pas d’un muscle. Sa fille aînée, toute en sueur, ne savait pas comment allait réagir son paternel. Il n’aimait pas particulièrement les dieux, car Ancolie était impliquée dans une “malédiction” qui consistait à sacrifier beaucoup pour sauver Auristhal du Mal. Finalement, Sidvin s’approcha d’Élysée avec un regard menaçant.
-J’espère que tu ne feras pas de mal à ma fille et que tu prendras soin d’elle.
Il tourna les talons et partit dehors.