Chapitre 22
Un combat digne des anciens élus
-C’est long, se plaingnit Ancolie. J’habite dans un pays de roche volcanique et de température chaude et je me retrouve en un mois à l’intérieur d’un pays de neige et frais et de plus, sans magie. Je déteste la neige.
-Oh, arrête de te plaindre, mademoiselle princesse, ironisa Alisen. Je viens d’un royaume de sable chaud et de somptueuses forêts, mais je ne prends pas ça comme une malédiction de me promener pendant des jours dans la neige collante.
-Et toi, mademoiselle je sais tout, arrête donc de faire ton intellot, la provoqua l’Ambréenne.
Alisen allait la bousculer, mais Élysée s’interposa juste à temps et put séparer les deux jeunes filles adverses.
-Hé, taisez-vous toutes les deux, ordonna fermement l’Azurienne. Je n’es pas envie de traverser toute cette neige avec vous deux toujours sur le dos et se disputant. Je n’aime pas ça.
-Toi tu n’aimes rien, bougonna la Marinéenne.
-Ouais, c’est vrai, ajouta Ancolie. Tu as raison, Alisen.
Élysée crut voir défiler un paris dans le clin d’œil qu’envoya Alisen à Ancolie, mais ses yeux noirs étaient un peu brouillés par d’innombrables flocons de neige.
-Faites ce que vous voulez, laissa tomber Élysée en s’éloignant.
-Attends ! s’écria sa demi-sœur. Je ne voulais pas te vexer, je te le jure…
La déesse se retourna brusquement et s’exclama avec colère.
-D’accord, on est peut-être coincées dans à l’intérieur d’un désert de glace et où il fait froid, mais pas la peine de se plaindre et se battre entre nous ! Nous devons rester en bonne conscience pour former une union et ainsi atteindre notre but.
-Et toi, pas la peine d’être aussi en colère juste pour ça ! cria Alisen, le visage cramoisi.
Cette dernière bouscula Élysée qui roula avant d’être stabilisée par Alisen. Ancolie s’approcha et voulut écarter la Marinéenne, mais celle-ci résista.
-Tu veux te battre ? hurla l’Azurienne. Si oui, je désire un combat loyal !
Sa demi-sœur parut un instant surprise, mais se repris aussitôt et s’éloigna en se mettant sur ses deux jambes. Sa poche pesait d’une dizaine de pierres précieuses, tout comme Élysée et Ancolie. Cependant, Alisen ne laissa pas Élysée se remettre sur pieds qu’elle lançait déjà son sort.
-Éclats de glace !
Elle agita sa main devant et sa pierre bleue partit toute seule en se transformant en plusieurs fragments d’allure cristalline. Personne ne vut l’éclat des yeux d’Élysée miroiter, qui jeta à ses pieds un rubis tout en murmurant faiblement.
-Protection enflammée…
Quelques éclats de glaces se fichèrent près de ses pieds, mais disparurent aussitôt en raison de la grande chaleur que projetait le bouclier de l’Azurienne. Les autres fragments fondirent instantanément dans le bouclier de flammes de la déesse. Les yeux écarquillés de stupeur, Alisen vit Élysée ajouter un autre rubis. Les flammes du bouclier se détachèrent pour se diriger vers elle. Avec horreur de participer à une bataille inutile, Ancolie s’écria en laissant tomber un morceau de péridot entre les deux combattantes.
-Absorbation !
D’un coup, il n’y eut plus de flammes, plus rien, personne ne bougeait. Une seule trace de brûlure tapissait près d’Élysée, là où la neige avait subitement fondu.
Une voix masculine leur parvint à leurs oreilles froides et rouges. Elles se retournèrent pour voir l’individu et virent une homme, probablement un Ardois, puisqu’elles étaient sur le territoire d’Ardoise et qu’un de leurs villages se trouvait à proximité. L’inconnu s’arrêta devant eux et ils les toisèrent un instant avant de leur demander qui elles étaient, sans aucune courtoisie.
-Voici Ancolie d’Ambre, Princesse Alisen de Marine et je suis la Princesse Élysée d’Azurite.
-Je suis Driankli d’Ardoise, dit-il. Que puis-je faire pour vous, mesdames ?
Il fit une courte pirouette de salutation royale et attendit la réponse de l’unes d’entre eux, tout en remarquant qu’elles s’échangeaient des regards interrogatifs. Voyant qu’elles ne se décidaient pas, Driankli trancha.
-Suivez-moi. Le quatrième Conseil est à notre portée.
Les jeunes filles le suivirent sans un mot. Ils atteingnirent les portes de bois, au milieu du long mur encerclant tout le village et entrèrent. Plusieurs huttes rondes d’argile à leur gauche lâchaient de la fumée par une curieuse ouverture au plafond de paille, des femmes avec leurs petits cueillaient dans un champs de blé à droite, les hommes raportaient des seaux d’eau fraîche ou taillaient des cailloux. Certains les toisèrent avec crainte et d’autres, avec incertitude. Enfin, Driankli les firent rentrer à l’intérieur d’une tour de pierres irrégulières située au fin fond du petit village. Ils montèrent un escalier de bois grinçant sous leurs lourds pas de fatigue et l’unique pièce du deuxième étage se révéla. Le Conseil, composé de trois hommes et d’une femme, les attendaient sur de simples trônes en chêne. L’Ardois s’inclina devant ses maîtres et les trois élues firent la même chose, même si leur statu de pouvoir était bien plus élevé, autant élevé qu’un dieu.
-Que me vaut cette visite ? demanda la femme.
-J’ai trouvé ces demoiselles à proximité, mais à l’extérieur du village, répondit à leur place l’Ardois.
-Je ne le demandais pas à toi, paysan, siffla-t-elle.
-Eréea, dit l’un des trois hommes en lui lançant un regard chargé d’avertissement.
-Nous nous sommes retrouvés ici par erreur, dit Ancolie avec diplomatie. Nous étions en route pour Obside et une dispute a éclaté et Driankli nous a trouvé.
-Et où alliez-vous comme ça ? s’enquit Eréa.
-Nous devions voir la voyante d’Obside, l’informa la Marinéenne.
-Et vous avez pris ce chemin ? s’exclama Danesi, l’homme qui avait interrompu la jeune femme.
-Il y avait un autre moyen de s’y rendre ? demanda l’Azurienne, surprise.
-Il y en a un, un raccourci, qui passe à travers notre village, dit Sammer, le troisième homme. Sa vous prendra environ quelques heures pour y arriver.
Les élues s’échangèrent une fois de plus des regards et Ancolie prit finalement la parole.
-Pouvons-nous passer à travers votre village pour nous rendre là-bas, Votre Honneur ?
-Si ce n’est que pour ça, sa nous fera plaisir de vous rendre un service, trancha Eréa.
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-Je veux venir, insista Driankli.
-Non, répondit plusieurs fois Ancolie. Je te l’ai déjà dit, ce que nous faisons est très dangereux.
Alisen arriva et trancha en la faveur de l’Ardois.
-Écoute, dit-elle, s’il veut venir, il n’a qu’à venir. Nous l’avons déjà prévenu. C’est son choix.
Élysée fit irruption à son tour, mais lorsqu’elle vit Driankli, elle releva son manteau de fourrure jusqu’au menton afin de cacher son cou strié de veines noires.
-Allons-y. Le temps nous est compté.
Les quatre aventuriers traversèrent le petit village et ils s’arrêtèrent après avoir franchi la porte de bois située au milieu de la palissade. L’Ambréenne, la Marinéenne, l’Azurienne et l’Ardois observèrent l’horizon flamboyant avant de se décider à faire un pas de plus et recommencer à marcher un court, très court voyage.