Chapitre 25
Mort d’un Marinéen
Sidvin sortit de son lit douillet et enfila rapidement, malgré sa fatigue, un habillement chaud, car la nuit à Marine, bien qu’ils soient au Sud, était froide au bord de l’océan. Il descendit les escaliers sur la pointe des pieds et réussit à atteindre les portes de métal qui menaient à l’extérieur sans se faire intercepter. Dehors, le vent sifflait, les branches se balançaient et de puissantes vagues venaient s’écraser sur les galets. Depuis quelques heures, l’Ambréen ressentait de plus en plus proche une menace, mais n’arrivait pas à l’identifier. Elle était sûrement protégée par une magie quelconque ou une sorcellerie. Pieds nus, le père d’Ancolie les mit dans l’eau étonnament chaude et il sentait les grains de sel se coller sur ses pieds. Il vit des huîtres et les ramassa avec soin, soudainement affamé. Avec sa pensée, Sidvin tua son futur repas et en cuisit, puis les mangea avec soin, tout en projetant ses sens. Il sut donc que sa fille se trouvait au Nord, au-delà de la frontière, en compagnie d’Élysée et d’une fille de même essence que la déesse.
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Le magicien ouvrit ses paupières d’un coup et courut avec maladresse dans le couloir. L’alarme sonnait toujours, et les habitants du château se précipitaient dehors avec panique. Quant à lui, l’Ambréen alla voir le Roi Jabe afin de savoir de quoi s’agitait-il.
-Que se passe-t-il ? s’écria Sdivin, confus.
Le Marinéen se retourna et le regarda, attristé.
-Trois familles ont péri dans une immense incendie.
-Et qu’est-ce qui a provoqué le feu ?
-Nous ne savons pas, bégaya le Roi. Savez-vous éteindre un feu, Maître ?
-Non, je ne contrôle pas l’eau.
-Auriez-vous besoin d’un élu ? proposa une voix moqueuse.
Les deux hommes se retournèrent en chœur et furent étonnés en voyant ce jeune garçon d’environ dix-huit ans. Maigre, ses cheveux blonds lui recouvraient ses sourcils, ses yeux bruns les fixaient avec espièglerie et sa peau blême perlait de sueur. Mais ce qui les faisaient rester figés de stupeur était le sang abondant et noir coulant de son énorme plaie au ventre, sa chemise blanche tachée et déchirée, la longue épée de métal noir et il haletait.
-Je m’appelle Pitter de Quartz. Je suis l’aileen un. Je suis à votre service, Majesté et Maître.
-Que t’est-il arrivé ? s’inquiéta Sidvin.
-Six hommes et quatre femmes attaquaient le village Dacositai, l’informa-t-il.
-Et tu t’es battu seul contre eux ? demanda Jabe, incrédule.
-Eh bien, mon protecteur, Patris, m’a aidé. Mais, vous savez, un seul élu peut faire énormément de ravages. Sans vouloir vous vexer.
-En reste-t-il ?
-Deux des femmes et un homme se sont échappés, mais je sens deux autres renfords qui arriveront sous peu.
Sidvin dévisagea Jabe. Ce qu’il lui proposa ensuite était pleinement inconsevable.
-Savez-vous vous battre ?
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-C’est ridicule, se plaignit le Marinéen. Nous ne sommes pas assez pour tous les tuer.
-N’oubliez pas que vous avez avec vous un magicien compétent, un élu et son protecteur, Altesse, l’encouragea Pitter.
-Un élu blessé, le corrigea-t-il.
-Nous y arriverons, j’en suis certain, affirma Patris, un poignard en main.
Ils avaient formé une ligne bien définit, attendant les inconnus ravageant leur village. Les feux derrière avaient cessé grâce à Pitter, capable d’éteindre le feu. Ne restait que de la fumée s’élevant dans l’air et les villageois étaient dans le château, en sécurité.
-Ils arrivent, leur annonça Sidvin.
Anxieux, ils regardèrent la petite armée s’avancer vers eux et s’arrêter.
-Que faites-vous sur mon territoire ? demanda hostilement Jabe.
-La petite sorcière de notre Seigneur, dit l’un d’entre eux.
-Élysée ? articula Pitter.
Sidvin se retourna vivement et lui lança un regard noir et plein de reproches.
-Oui. Ce nom…trop rempli de lumière. Nous avons senti un haut niveau de magie noire au Nord, mais nous avons un besoin urgent de passer par ici.
-Idiot, lui cracha une femme derrière. Ils ne te donneront jamais la permission !
Profitant de leur conversation, Sidivn, Jabe, Patris et Pitter foncèrent sur eux avec. Cependant, les sorciers ne se laissèrent pas facilement avoir. Avec chacun un poignard, ils pouvaient êtres tout aussi efficaces qu’avec la magie. Patris bloqua facilement les coups, ayant huit cent ans d’expérience; Sidvin fut habile, et réussit à poignarder son premier assaillant et s’attaqua à une femme; Pitter s’en sortait très bien, malgré sa blessure. Pourtant, le Roi Jabe n’avait pas autant de chance. Avec difficulté, il parvenait à bloquer les feintes de son adversaire. L’aileen fit jaillir des éclairs de sa main qui éclatèrent sur les boucliers de ses deux attaquants. Lorsqu’il créa de l’eau qu’il lança aux hommes qui l’attaquaient, ces derniers ricanèrent, mais se rendirent compte trop tard qu’ils s’étaient transformés en glace, que Pitter pulvérisa avec son épée et réalisa son œuvre d’art sur les autres, jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’adversaires. C’est alors qu’il vit tout le carnage qu’il avait causé; ses mains luisaient et chauffaient, il pleuvait abondament et il s’empressa d’éteindre ses mains en feu en balançant ses mains. En se retournant, il allait s’écrier, mais vit alors quelque chose de pénible. Sidvin, du sang sur son pantalon, s’était accroupit à terre où gisait Jabe. Celui-ci ne respirait plus et était certainement mort poignardé, en voyant la lame plantée dans son abdomen.
-Alisen devra le savoir, chuchota faiblement l’Ambréen. Et elle ne sera pas nécessairement contente.
-Qui est-ce ?
-La demi-sœur d’Élysée. Une élue.