Chapitre 30
Les terres d’Obside
-Voilà ! s’écria Ancolie. Je vois les structures des villages !
-Il est là, en effet, confirma Driankli. Notre petit voyage prend fin, à ce que je vois.
-C’est le nôtre, pas le tien, protesta Alisen. Tu as juste choisi de nous accompagner.
-Parce qu’il s’intéresse à Ancolie, ricana Élysée.
-Ce n’est pas vrai, se défendit l’Ardoïs.
Malgré tout, embarrassé, il rougissait de gêne, tout comme Ancolie, d’ailleurs.
-Bon, est-ce qu’on reste là à discuter de Driankli et moi ou on fête cette minuscule victoire contre ce froid ?
Les filles de Kialyne s’échangèrent un regard complice et la neige fondit instantanément, laissant entrevoir l’herbe verdoyante qui constituait autrefois un paradis avec l’ancienne chaîne de montagnes reliant les Terres Inondées.
-On peut dire que c’est une énorme fête de ne pas être entouré de neige collante, en conclut-elle avec satisfaction.
Joyeuse, Ancolie enlaça de son bras gauche la taille de l’Ardoïs et celui-ci en fit de même et avec Alisen et Élysée, ils partirent d’un bon pied vers le premier village où les sentinelles montaient la garde. Ils ne firent pas attention aux petits séismes sans importance secouant la région, préférant plutôt observer le paysage vert et imaginer ce qu’il aurait été il y a huit cent ans.
En moins de trente minutes, ils étaient arrivés au premier village où se postait un garde et, étrangement, était armé que légèrement. L’Obsidien les arrêta d’un geste brusque de sa lance.
-Qui êtes-vous ?
-Ancolie d’Ambre, Alisen de Marine, Élysée d’Azurite et je suis Driankli d’Ardoise.
-Et que venez-vous faire ?
-Nous devons voir votre voyante, précisa Ancolie.
-Avez-vous un rendez-vous prévu ? se méfia l’Obsidien.
-Non.
-Alors vous ne pouvez entrer.
Élysée s’approcha de lui et elle s’assura que Driankli ne verrait pas son corps. L’Azurienne remonta l’une de ses manches en fourrure et lui laissa largement voir ses veines noires le long de son bras.
-Bien, allez-y, dit-il, blême de terreur.
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Ancolie n’aurait jamais cru voir un endroit aussi différent que son ancien pays natal qui est maintenant dévasté et rejeté par les autres royaumes avec haine. La plaza principale se trouvait au centre, entourée de chemins menant aux autres villages.
-Comment allons-nous trouver la demeure de la voyante dans un pareil endroit ? demanda Alisen.
-Il suffit de leur poser la question, dit Élysée.
-J’oubliais que tu pouvais parler leur langue, soupira Ancolie. C’est encore nouveau pour moi et il va falloir que je m’y habitues plus vite.
-Les filles ?
Elles se retournèrent pour fixer Driankli, dont ce dernier avait un air fatigué.
-Comment faites-vous pour tenir aussi longtemps ? s’exclama-t-il. J’ai sommeil, alors pourquoi ne pouvons-nous pas prendre du repos ? Votre quête, elle ne presse pas temps que ça, non ?
-Je suis d’accord, répondirent en chœur les filles.
-Et si on allait dormir à la belle étoile, près de la mer au Nord ? proposa Élysée.
-Pourquoi pas ? dit l’Ambréenne. Mais où c’est ?
-Je reviens.
La quatrième aileen se posta près d’une jeune femme qui remplissait un sceau du puit d’eau douce.
-Bonjour. Pouvez-vous me dire où se situe la mer au Nord ?
-Bien sûr. Prenez le chemin directement à ma gauche et suivez-le sans tourner aux autres qui s’offriront à vous et vous devriez atteindre la Frontière.
-Merci.
Élysée revient vers ses amis.
-On doit aller à gauche et nous devrions trouver la Frontière, sourit-elle.
-Je pensais que c’était une mer, bougonna Ancolie.
-C’en est une, mais appelée Frontière parce qu’elle désigne la fin de l’Atzien-Imondë.
-Nous allons donc retrouver nos pouvoirs d’origine ? s’écria Ancolie.
-Moi j’étais mal à l’aise avec ces pierres, laissa tomber Alisen.
-Tu devras t’y habituer, car je crois que nous allons passer un moment ici…