Chapitre 46
Ne reste que 46 heures
-Tu comptes vraiment juste sur une pierre pour assurer ta victoire sur Auristhal ? le désarma Élysée, fatiguée d’être dans cette petite pièce à torture pour elle, car des chaînes passaient à travers ses paumes et lui faisaient un mal horrible en plus d’infecter ses deux plaies saignantes.
-Pas n’importe quelle pierre, Elena, tu le sais bien.
Daiklan tenait un chaudron dans lequel fondait magiquement de l’obsidienne mélangée à de l’amiante, la recette pour extraire de la magie d’un objet.
-Et tu penses que les élus resteront là à croiser les bras devant la fin du monde ? se moqua-t-elle.
-Non, mais vous ne pouvez pas faire grand-chose contre moi et la Pierre des Malédictions.
-C’est ce qu’on verra, monstre, cracha l’Azurienne.
Il soupira.
-C’est prêt.
L’empereur versa le contenu du bol sur le sol de pierre, une masse répugnante noire.
-J’ai aussi besoin de ton sang.
Daiklan prit un petit pot de terre cuite et appuya brusquement sur la chaîne dans une des mains d’Élysée, recueillant le liquide chaud et rouge vif. Ensuite, il le jeta dans la masse sombre qui vira à un brun brûlé. Puis, il ouvrit la bouche de sa fille et y versa un liquide épais et bleu. Élysée ne protesta pas, puisque cela n’aurait quand même servi à rien, mais le goût était vraiment désagréable.
-Qu’est-ce que c’était ? grimaça-t-elle.
-De la Fleur d’Encre mélangée à de l’obsidienne.
-Et cela me servira à quoi ?
-Ce mélange activera temporairement ta magie noire en toi afin que tu survives à la douleur que t’infligeras la pierre quand elle se détruira. Rassure-toi, la potion ne dure qu’une dizaine de minutes.
-Qu’est-ce que c’est charmant, gronda-t-elle.
Il ignora son commentaire.
-Et voilà, tout est prêt et mit en place. Tu es prête, ma chère ?
-Je vous ai dit de ne pas m’appeler comme ça ! Et bien sûr que je suis prête, ça n’aurait rien foutu pour toi si j’avais dit le contraire.
-Comme tu es intelligente.
-J’avoue.
-Tu as le même cerveau que le mien.
-J’ai maintenant la preuve du contraire.
Daiklan éclata de rire et sortit la Pierre des Malédictions, provoquant une vague de douleur à l’Azurienne. Elle hurla de douleur. L’empereur la lança dans le liquide épais. Aussitôt, une explosion résonna et la terre trembla violemment. Les pots tombèrent à terre et se cassèrent en plusieurs morceaux, la table de bois tomba aussi sur le côté et quelques blocs de pierre des murs et du plafond s’écrasèrent. Élysée n’eut pas le temps de brailla par l’immense douleur la terrassant qu’elle disparut dans un scintillement doré, puis revint une seconde après dans des étincelles multicolores. Ils entendirent un bruit effrayant venant du sol, puis la croûte terrestre se plaça et s’immobilisa. Cherchant désespérément son souffle, Élysée sentit ses mains libres, sans chaînes. Ses deux plaies se refermèrent, lui laissant un moment de répit.
-Ça a commencé ? souffla-t-elle.
-Je te laisse partir à ta guise, dit Daiklan en s’inclinant avec sarcasme.
-Je reviendrai très tôt pour te tuer, le menaça-t-elle.
Piquée au vif, elle s’évapora dans une fumée violette qui produisit un bruit sec. Élysée se matérialisa sur la plage principale de Marine, à l’Ouest. Kyle, Ancolie, Alisen et Driankli s’y trouvaient, juste devant elle.
-Je suis là ! cria-t-elle.
Ce fut Kyle qui se retourna le premier et l’annonça aux autres à ses côtés.
-Nous pensions que tu étais morte ! dit l’Ardois.
Ancolie lui donna un coup de coude dans le ventre afin qu’il retienne ce genre de commentaire négatif. Élysée les rejoignit au pas de course.
-Alors ? lui demanda sa demi-sœur. Qu’en est-il de la pierre ?
-La malédiction est enclenchée. Il ne me reste plus que quarante-sept heures avant la victoire de…mon père.
Ils restèrent silencieux devant ces derniers mots.
-Je le sais que vous le saviez. Ne me faites pas cette tête.