Chapitre 31

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Chapitre 31

Que la vérité

-C’est l’endroit rêvé, chuchota Ancolie, émerveillée.

La Frontière, qui représentait en fait la mer, lançait des reflets verts et bleus aux arbres et sur le sable blanc. Marcher pendant des heures sous le ciel d’encre éclairé que par la lune vallait énormément le coup.

-Je vous avais bien dit que vous aimeriez la Frontière, sourit Élysée. De plus, nos pierres ne sont plus d’utilitées, mais juste ici, à partir de la ligne parfaite séparant la forêt.

Elle lança dans le sable un saphir qui disparut dans un bruit étrange.

-Il est retourné où, ton caillou ? s’enquit Driankli.

-Là où nous l’avons trouvé. Ces pierres ne marchent pas en dehors de l’Atzien Imondë, sauf si on la recharge avec l’énergie solaire ou terrestre.

-Et comment sais-tu tout ça ?

-Je n’en sais rien, dit-elle en fronçant les sourcils. La réponse m’est venue d’un coup à l’esprit.

-Laisse faire ton interrogatoire, Ardoïs. Profitons plutôt de ce paysage inhabituel pour réfléchir paisiblement à notre mission. Cela nous fera du bien de dormir et relaxer.

-Je suis d’accord, dit Alisen.

Elle et sa demi-sœur échangèrent un court regard et elles s’élancèrent dans la mer en retirant leur manteau de fourrure, leurs armes ainsi que leurs bottes.

-Elles ont un magnifique corps de femme, mais un esprit d’enfant, commenta l’Ardoïs.

Cette remarque lui valut un coup de poing gentil sur l’épaule.

-Reste sur la plage, j’irai te rejoindre après m’être lavée.

-Je t’attendrai, dit-il en la regardant s’éloigner.

Ancolie fit de même que ses amies et les rejoingnit dans l’eau étonnament tiède et pure, sans algues, poissons ou coquillages, à part le sable mou et chaud. Comme des gamines, elles s’amusèrent à créer toutes sortes de choses avec leurs facultés. Alors qu’elles reprenèrent leur souffle, Élysée eut une excellente idée.

-Driankli !

Celui-ci braqua son regard vers elle.

-Viens nous rejoindre !

-Et je pense qu’Ancolie appréciera ! renchérit Alisen.

L’Ambréenne rougit, mais par chance, l’obscurité cachait la rougeur. Driankli sourit et secoua la tête, mais la déesse insista et il décida d’aller se baigner avec les demoiselles. Il retira à son tour ses bottes, sa ceinture avec ses armes, son couteau, son manteau ainsi que sa tunique. Dès que l’eau lui arriva à la moitié de son torse nu, Alisen pointa sa paume sur lui et une géante vague l’engloutit. Quand il ressortit de l’eau salée, il en cracha une partie et se vengea en attrapant la taille d’Alisen et la lança dans l’eau. Il allait faire de même pour Élysée, mais elle l’arrêta d’un geste de la main.

-Tu sais que je peux respirer sous l’eau ? Essaye plutôt sur Ancolie, elle n’a pas de pouvoir contre l’eau et tu auras plus de succès.

Ancolie protesta et mit ses bras pour se protéger, mais Driankli lui emprisonna les poignets de ses puissantes paumes et sans le faire exprès, l’Ardoïs fit retrousser les manches de l’Ambréenne, révélant ses veines bleues dont le reflet se fit aveuglant.

-Mais qu’est-ce que…, s’étrangla-t-il.

-Drankli…

Connaissant la prophétie indiquant des élus aux veines bleues, il revient sur la plage et commença à faire les cent pas.

-Nous voulions t’en parler, mais notre identité devait rester secrète, tenta Alisen.

-Alors, comme ça, vous êtes les élues dont parle la prophétie ?

-Oui, répondit Ancolie.

-Je n’aurais jamais cru qu’ils arriveraient si vite, dit-il. Vos ancêtres étaient morts il y a huit cent seize ans, pas huit cent ans. Vous n’étiez pas supposées naître avant encore seize ans.

-Je n’avais jamais su ça…

-Katherine, ma belle-sœur, a dix-neuf ans et c’est une élue, les informèrent Élysée. Tu as raison, notre naissance n’était pas il y a dix neuf ans.

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-Je suis vraiment désolée, insista Ancolie. 

-Ne t’inquiètes pas, je comprends parfaitement, répondit Driankli.

Ils étaient installés près des arbres et Katessey, en oiseau, volait pas loin d’eux, les gardant à l’œil, tandis que les filles de Kialyne dormaient près du feu magique qu’Élysée avait eu la générosité de créer.

-Comment sais-tu toutes ces informations sur nous ?

-À une époque, quand j’avais ton âge, je volais des livres au magicien du château pour les lires, car ma famille n’avait pas assez d’argent pour que je puisse accéder à l’éducation, et un jour, j’ai trouvé un recueil en cuir et c’était les prophéties.

-Tu volais ? s’amusa-t-elle.

-Oui, et j’étais célèbre par mes punitions…Mais rassure-toi, je ne vole plus à l’âge de vingt-six ans. Au juste, quelle est votre mission si importante ? Je veux y participer même si elle est dangereuse.

-Tu n’imagines pas à quel point elle est dangereuse…, murmura-t-elle.

Les Huit Élus : La Pierre des MalédictionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant