Chapitre 2

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Chapitre 2

L’attaque de l’Empire Sorcier

Après le départ de la Princesse Élysée, la vie au château d’Iris semblait morne et terne. Sa sœur adoptive, Kisiline, la plus proche de cette grande amie, sombrait de plus en plus dans la mélancolie. Ne parlant que très rarement, la princesse n’avait plus un seul interêt pour le sexe opposé, malgré  les préparatifs du mariage d’Akers, qui se préparaient à une vitesse effarante. La Reine Ardène venait régulièrement la consoler en vain, mais ses efforts ne rimaient à rien. Chaque fois que quelqu’un parlait au nom d’Élysée, Kisiline éclatait en sanglots et se réfugiait dans un endroit isolé. Récemment, la benjamine avait découvert une excellente cachette qui se résumait dans la forêt au Nord du château. Elle emportait son vieux violon usé, elle jouait toujours le même morceau...

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Kisiline se regardait dans le beau miroir pour admirer sa belle robe que la généreuse couturière du palais lui avait fabriqué. Des dizaines de fils argentés s’entrecroisaient dans son dos, retenant le vêtement beige et des sandales accompagnaient le tout. La jeune fille se sentait à l’aise, malgré l’absence d’Élysée. Prête, la benjamine ouvrit les portes menant à la cours du palais. Un tapis tressé de paille menant à une table de bois foncé qui semblait être un autel tapissait temporairement le sol d’herbes et une corde en laine traînait sur l’autel de bois. Son père, le Roi Yann, était debout près d’une grande statue d’une certaine déesse de la joie, qui se nomme Jannisse. La teinte de cette dernière était d’un bleu foncé, ce qui explique probablement que cette femme était d’origine azurienne. En face, le prêtre ferma les yeux et s’agenouilla devant la géante statue et pria silencieusement. N’étant pas tous les jours que l’on mariait un Prince, toute la cour et l’extérieur des murs en briques séparant les terres du palais étaient rempli de gens venant de tous les coins du royaume. Remarquant son frère à l’ombre, isolé, Kisiline alla le rejoindre.

-Nerveux ? devina-t-elle.

-Je doute aussi si c’est une bonne idée.

-Ne t’inquiètes pas, frère, tout va bien aller !

-Je parlais de notre sœur. Je me sens coupable qu’elle ne soit pas là pour assister à la cérémonie.

L’Irisienne, sensible aux émotions des autres, étreignit son grand frère avec un amour fraternel.

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Ardène frappa ses jointures sur la porte et entra. Ce qu’elle vit la fit sourire, malgré que sa fille adoptive ne sois plus là. Katherine, une Azurinne et de plus la future épouse d’Akers, était assise sur une chaise en métal, devant un immense miroir fournit par une servante. La couturière du château, Léana, brossait sa longue chevelure noire striée de mèches brunes, qui lui arrivait à la taille. Léana la lui tressa avec facilité, malgré quelques mèches qui s’échappèrent de sa belle coiffure digne d’une reine et lui mit des violettes derrière ses petites oreilles bleues pour la faire jolie. Ardène s’approcha et enlaça la jeune femme, dont cette dernière ses yeux se remplirent d’eau.

-Ta mère aurait été fière de te voir dans cette tenue pour épouser le Prince, dit-elle.

Courageuse, Katherine se dégagea doucement. Les deux femmes marchèrent et traversèrent les seuils de portes, accompagnées de Léana, puis s’arrêtèrent lorsqu’elles eurent franchi les portes en or et enfin, le long corridor de tapis de paille tressé. Ardène la laissa et rejoignit son mari. Léana partit se mélanger à la foule. La future épouse se tena bien droit, devant Akers, la corde de laine entrelacée entre leurs doigts, unissant leurs mains ensemble. Le prêtre les firent prononcer leurs vœux, puis versa de l’eau bénite sur leurs liens et les deux jeunes gens se détachèrent les mains lentement.

Kisiline mangeait sa pomme rouge tout en regardant les Irisiens et Irisiennes danser, chanter et s’amuser, ce qui n’était pas son cas. Fabien et Ìtlaz, les deux meilleurs amis d’Élysée, s’assirent près de la Princesse fatiguée et sur le bord des larmes.

-Mais quand vas-tu enfin tourner la page ? explosa Fabien.

En guise de réponse, la jeune fille malheureuse gémit et se referma comme une huître. Plus conciliant, Ìtlaz l’étreignit et Kisiline pleura toutes les larmes de son corps.

-C’est trop dure, pleurnicha-t-elle. J’ai perdu ce qu’il y avait de plus cher à moi…Que feriez-vous si vous perdiez  votre raison de vivre ?

L’Irisien et le Topazien y réfléchirent et durent se mettre d’accord sur le fait qu’ils en seraient démolis.

Les jeunes mariés, heureux, se séparèrent afin de jaser à leurs amis respectifs. Katherine vit soudain la plus jeune sœur de son époux, les yeux rouges, près de Fabien et Ìtlaz. Proche de Kisiline, l’Azurienne vient la voir et ne put échanger un seul mot pouvant la consoler. Par contre, la Princesse se jeta dans ses bras, désespérée. Sa nouvelle belle-sœur la berça tendrement debout, jusqu’à ce que se produise un énorme vacarme assourdissant. Les gens, inquiets, regardèrent par les fenêtres et hoquetèrent de surprise.

-Des météorites tombent du ciel ! cria le premier.

-Du feu ! hurla l’autre.

-Un dragon ! dit le dernier.

Dès cette phrase, tout le monde prirent panique et essayèrent de se diriger dans les escaliers qui mènent au sous-sol ou à l’extérieur. D’autres secousses défilèrent, mais la quatrième et dernière fut la plus terrible. Une supposée boule de feu éclata sur une partie du mur de pierre juste à côté de Katherine qui n’eut pas le temps de réagir. Les gros morceaux de pierre tombèrent sur cette dernière, qui poussa violemment Kisiline le plus loin possible d’elle. Effrayés, les amis de la Princesse l’entraînèrent vers Sa Majesté, en compagnie de Léana. Coincée sous les débris écrasants, l’Azurienne ne tenta aucunement de bouger, malgré le liquide chaud coulant le long de sa jambe qui lui faisait terriblement mal. Une autre partie du mur se détacha, achevant de semer la peur aux gens présents. Akers, voyant sa nouvelle femme en difficulté, courut vers elle et vit un dragon rouge, dirigé sous les ordres de ce qui semblait être un sorcier. L’énorme bête cracha des flammes vers l’individu, qui céda involontairement et fut envoyé dans une fenêtre de l’autre côté du hall. La vitre cassa. Inconscient, il saignait de plusieurs égratignures, heureusement légères. Une cinquième secousse fit trembler toute la pièce.

-Léana, amène les enfants dans le tunnel menant à la forêt au Sud, ordonna Yann.

Le père alla directement voir l’état de son fils. Obéissant, la couturière poussa Ìtlaz, Fabien et Kisiline devant elle, tout en courant. Près de l’enclos, la servante ouvrit la porte qui grinça sur ses gonds, mais ne se découragea pas pour autant. Ils s’engouffrèrent dans l’étroit passage mal entrenu.

La femme d’Akers poussa les briques plus loin, les envoyants faiblement valser. Se retournant sur le dos, elle vit sa jambe gauche coincée sous une poutre de bois durci. Elle sentit soudain une grande chaleur et avec adrénaline, réussit en rampant, de se dégager. Katherine n’eut juste le temps de se relever avec sa jambe cassée que le dragon l’attrapa et la serra entre ses griffes. Son membre endommagé subissant une forte pression, tellement qu’elle hurla de douleur, un cri dont elle se dégoûta d’elle-même.

Les Huit Élus : La Pierre des MalédictionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant