Chapitre 19
Les forêts topaziennes
Cherche dans les forêts topaziennes et tu y trouveras ce que tu as de plus précieux à protéger…
Akers se redressa dans un violent sursaut, les vêtements collés à sa peau et les cheveux, trempés de sueur maintenant froide, restèrent figés dans la même position. Le fauteuil dans lequel il s’était endormi luisait devant la faible flamme d’une bougie presque éteinte, Kisiline et Kassie respiraient toujours anormalement, le cœur ne battant plus, étant fixé dans l’époque noire et insignificative de l’Éther. Un épais givre recouvrait entièrement le corps de la Princesse et s’étendait jusqu’au poignet de la magicienne, mais depuis une semaine, plus rien n’avançait et ne bougeait.
Avec un soupir, l’Irisien se leva et franchit le seuil de la demeure en briques et remarqua que le dragon écarlate s’agitait. Depuis ce dernier mois, il a énormément grossi et Pakeïtos prenait de plus en plus de place et de chance, il était herbivore et ne mangeait que de la végétation. Il était en son devoir d’avertir ses parents de l’état de Kisiline ainsi que celui de Kassie. Malheureusement pour lui, il dût passer pas la forêt semée d’embûches par des chasseurs expérimentés. Des cordes cachées par des buissons improvisés, des pierres à la pointe taillée plantées dans la terre et recouvertes d’une matière gluante et plusieurs autres pièges semblables.
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-Laissez-moi passer, insista Akers.
Le garde lui barrait le passage de la porte de la salle de réception et secouait sans cesse la tête à chaque fois.
-Je suis le Prince, lui rappela-t-il. Vous me devez obéissance.
-Le Roi et la Reine sont en grande discussion importante du sort du trône.
L’Irisien le poussa brutalement et pénétra la salle. Ses parents dirigèrent des regards interrogatifs; mais il voyait bien que celui de son père était teinté de fatigue.
-Père, mère, je dois vous parler, c’est extrêmement urgent.
-Je t’écoute, dit Yann.
Akers ignora le Conseil d’Iris, composé de deux femmes et un vieil homme, et leur lâcha tout.
-Kisiline a eu un accident grave et elle est dans le coma, chez Madame Kassie, tout comme elle-même, d’ailleurs. Je tenais juste à vous en informer comme la loi le dicte.
-Tu as bien fait. Maintenant, pars. Nous avons des choses à régler et un gamin nous serait de trop.
Cette remarqua vexa le Prince, mais il se contenta de filer et regagner sa chambre dans les appartements royaux. Il avait bien besoin de sommeil, même s’il craignait de faire le même rêve...
Le plafond de terre et de pierre aurait tombé sur Kassie si elle n’avait pas bougé deux secondes avant de se faire écraser. Le deuxième niveau du labyrinthe s’acharnait à s’effondrer sur une victime emprisonnée dans cet endroit situé aux Enfers. L’Irisienne s’empressa de courir pour ne pas être atteinte des éclairs meurtriers ainsi que la chute du toit. Sous ses pas pressés, elle sentit le sol trembler. Les parois du tunnel la couvraient sans cesse de débris de terre molle et s’en sortait sans difficulté lorsqu’elle percuta un mur d’améthyste et tomba à la renverse. Assomée, Kassie se releva quand même alors que le danger courait. Avant qu’elle puisse trouver rapidement un plan pour s’échapper, une fumée noire envahit l’étroit passage dans lequel elle y était coincée. Cependant, la magicienne reconnut aussitôt la vieille femme pour l’avoir vue souvent dans les livres décrivant l’histoire de la civilisation…
-Étanelle ?
-Bienvenue dans mon humble création, magicienne, ricana cette dernière. Je ne m’attendais tellement pas à ce qu’une Auristhazienne sache qui je suis réellement. Les écrivains m’ont tellement ignoré, la création de votre sale petit monde.
-Qu’est-ce que tu me veux, damnée ? cracha Kassie.
-Simplement ton essence vitale, ma chérie. Rien de plus pour recouver mon véritable pouvoir et ma belle forme physique d’antan !
L’Irisienne leva ses mains, mais rien ne se produisit et un instant de surprise passa sur son visage. La déesse-Mère ne put réprimander son rire sorcier.
-Ici, c’est moi la maîtresse. Tu ne peux utiliser ton énergie magique ici, mais seul un élu peut le faire. Mais si on me tue, vous mourrez avec moi.
Étanelle ne bougea qu’un sourcil et Kassie fut enchaînée à l’une des deux parois sur le côté par des chaînes de métal en fusion avec du magma. Ses cris de douleur résonnèrent alors qu’un filet de sang s’écoulait le long de ses bras.