Chapitre 28
Primyveikazia
Kisiline et Lorell se matérialisèrent là où ils le souhaitaient. Étonnés, ils virent Liam et Natalia emprisonnés dans l’océan par des lianes d’eau. Les vêtements de Katherine étaient pleins de sueur et elle avait de la difficulté à tuer les assaillants qui lui envoyaient sans cesse des coups d’épées. Lorell réagit aussitôt : il balança ses bras en avant et une énorme tornade se forma et engloutit une petite partie des soldats. Quant à la Lazulienne, elle posa ses mains sur les branches d’eau, une à une. Elles se glacèrent automatiquement et brisèrent sous la force des dieux mineurs. Libérés, ceux-ci matérialisèrent pour chacun deux poignards et abattirent un à un leurs adversaires. Kisiline n’avait qu’à lever ses petites mains blanches pour glacer les soldats et les piétiner. Tout se joua comme cela, jusqu’à ce que Katherine ne puisse gérer l’énergie qu’il lui fallait pour que son épée soit matériel. Avec fracas, il disparut. Piégée devant maintenant une dizaine de soldats, Katherine paniqua. Chaque fois qu’ils en tuaient une dizaine, on dirait qu’une centaine d’autres apparaissaient.
-Liam ! cria-t-elle, tout en reculant.
Ce dernier vit sa cousine dans de mauvais draps et s’élança à son secours. Katherine sentit alors une douleur dans tout son corps et s’écroula à terre, tout en hurlant. D’un coup, la douleur disparut, mais elle comprit pourquoi. Le temps n’était pas le même à Primyveikyzia et son énergie vitale était à un extrême bas niveau comme elle le sentait. Avec un but fou dans la tête, Katherine se retourna et avança, les guerriers derrière. Elle vit alors qu’ils étaient sur une montagne de roches et la terre semblait présente en bas. Avant de se dégonfler, l’Azurienne sauta et tombait à une vitesse incoyable, la tête en premier. Elle entendit Liam crier son nom, mais elle n’était pas dupe. L’aileen savait qu’elle n’aurait aucune blessure en atterissant sur les pieds car la terre se trouvait là. Lorsqu’elle tomba sur ses pieds, elle sentit le vertige l’accompagner, mais ne lâcha pas prise et se mit à courir vers le supposé Nord entre les palmiers et les plantes. Plus l’Azurienne avançait, plus elle se sentait bien. Pourtant, elle se reprocha un moment de fuir le champs de bataille. Katherine s’arrêta en trombe; Liam venait de se matérialiser à quelques pas, mais trop proche selon elle.
-Reviens, l’implora-t-il.
-Je ne peux pas. Il n’y a pas de terre là-bas. Je ne survivrais pas. La douleur était tellement horrible !
-Alors, nous rentrerons tous à Laristhal.
-Nous ne pouvons pas.
-Et pourquoi ? s’inquiéta le dieu mineur.
-Ne l’as-tu pas compris plus tôt ? On ne peut revenir en arrière, nous sommes enfermés. Une barrière magique protège la chaîne de montagnes. Ce n’est pas pour rien que ceux qui se sont aventurés ici ne sont pas revenus. Et c’est bien à cause de ça.
-Alors tu vas simplement mourir ?
-J’ai compris comment je peux être guérie. Seule la terre sur laquelle nous sommes présentement peux me sauver. Mais seulement temporairement. La jungle, ici, en recèle énormément.
-Je te suis, dit Liam.
-Et tu vas laisser Natalia et Kisiline ?
-Il y a aussi le dieu Lorell, se défendit le frère d’Élysée.
-Mais c’est un dieu du mal, souligna Katherine.
-La vie de son unique fille lui tient à cœur, argumenta-t-il.
-D’accord, t’as gagné.
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Katherine et Liam marchaient depuis quelques heures avant de s’arrêter près d’un petit cours d’eau pour faire une pause. L’Azurienne buvait lorsqu’elle remarqua que la rivière scintillait. Se tournant la tête, elle vit des grottes à l’Ouest du continent. Katherine se releva, et excitée, pris la main du fils de Kialyne.
-Qu’est-ce que tu fais ? demanda Liam, à moitié réveillé par ce qui se passait.
-Tais-toi. Je dois te montrer quelque chose.
-Ah, je crois que j’aime déjà ça, sourit-il bêtement.
L’aileen stoppa brusquement et le fusilla de son regard noir.
-Tu n’es qu’un imbécile d’avoir pensé un seul instant ça. Et arrête d’imaginer ce que tu viens de penser. Ça n’arrivera pas, et probablement jamais.
-Bon, qu’est-ce que tu veux me montrer ?
-Tu vois, là-bas ? Les grottes.
-Oui. Mais je ne vois pas un rapport quelconque. Il n’y a rien de magique.
-Tu ne vois pas les scintillements ?
-Il y a deux secondes, non. Mais tu viens de me faire réaliser…ces grottes ne sont pas normales.
-C’est exactement ce que j’essayais de te faire dire, bougonna-t-elle. Allons-y.
Avec une marche rapide, ils arrivèrent à peine dix minutes plus tard. Cependant, l’Azurienne préféra rester à l’écart, car le sol près des grottes n’étaient que des roches. Quant à Liam, il pénétra sans peur dans la caverne étincellante. Malheureusement, les choses se gachêrent; Liam sortit avec une grosse pierre précieuse dans la paume, et ne remarqua aucunement l’homme derrière lui. Ce dernier allait l’assommer, mais Katherine fut plus vite que lui et balança sa main droite, projetant une boule de feu. Le dieu mineur se baissa et évita le projectile qui désintégra l’inconnu.
-Mais qu’est-ce qui te prends ? s’offensa-t-il.
-Il y avait un homme derrière toi qui voulait sûrement te tuer. Je t’es sauvé.
Le fils de Kialyne se retourna et découvrit des cendres.
-Bien en fait, je l’es désagrégé. Sans le faire exprès.
-Vas-y doucement avec tes pouvoirs.
-Ne t’inquiètes pas.
-Regarde ce que j’ai trouvé, dit-il.
Il lui lança la pierre qu’elle attrapa sans difficulté et l’examina attentivement.
-C’est de l’améthyste.
-Peut-être que les gens d’ici ont les yeux violets ou la peau mauve, suggéra Liam.
-Très drôle.
-Je suis sérieux. Les gens d’Azurite ont bien la peau bleue comme toi. Rien n’est impossible.
-Tu penses que cette pierre a une faculté particulière ? demanda Katherine.
-Nous verrons. Tu la porteras.
-Elle est trop lourde, se plaignit-elle.
-Je vais te l’arranger dans ce cas.
Le frère d’Élysée reçut le bloc d’améthyste et mit de la pression sur la pierre. Cette dernière rétréssit et se changea en une minuscule roche innocente. Il la lança une fois de plus à l’Azurienne qui la mit dans la petite bourse à sa ceinture.
-Nous ne sommes qu’à côté des montagnes Primyveiks, observa-t-il après avoir rejoint sa cousine.
-Allons voir, décida l’élue.
Pendant une quarantaine de minutes, ils grimpèrent le long jusqu’à un immense perchoir en pierre apparaîsse. Comment ils ne pouvaient aller plus loin, le champs de force les bloquant, ils s’assirent sur le perchoir et ils purent voir tout Auristhal, de même que les restes des Terres Inondées à l’Est de leur côté. D’ailleurs, le soleil allait bientôt se coucher et il leur faudrait trouver un endroit où dormir sans risquer le danger.