The Three Brothers - La malédiction

Chapitre 11

Retour dans le passé

-Mamie !

Je courais de toute mes forces vers la petite maison qu'habitaient mon papi et ma mamie. J'avais eu le droit d'aller là-bas car j'avais fait tous mes devoirs pour l'école. Maman m'avait dit qu'à l'âge de six ans, je pouvais passer toute mes vacances d'été chez son papa et sa maman. Ça faisait six jours que j'étais ici, mais aujourd'hui était un jour exceptionnel !

-Mamie !

Où était-elle ? Je contournais la maison et la vis sur la chaise à bascule que j'aimais beaucoup, installée sur la terrasse. C'était là où je m'endormais le soir en regardant les étoiles.

-Regarde ce que j'ai trouvée !

Elle ouvrit ses grands yeux bleus et je fonçais sur elle en prenant soin de ne pas écraser ce que je tenais dans mes bras. Sa grande main toute blanche se posa sur ma tête et elle me lissa les cheveux, comme toujours.

-Qu'est-ce-que tu as encore découvert, ma petite Lycia ? me demanda sa voix un peu cassée.

Je desserrais l'emprise que j'avais sur la petite chose rousse qui se collait contre moi. Son petit museau se leva en l'air et je posais le bout de mon nez dessus. C'était un tour que je lui avais appris.

-Mon ange ! Où l'as-tu trouvé !

Sa voix s'éleva mais elle n'était pas en colère. Maman m'aurait déjà crié dessus à sa place ! Sachant qu'elle n'allais pas me le voler, je lui révélais alors où j'avais déniché mon petit renard.

-Il était coincé sous un arbre. Je te jure que je ne l'ai pas kidnapper !

Je ne voulais pas qu'elle croie que je l'avais séparé de sa famille. Il était tout seul dans la forêt et j'étais triste pour lui.

-Je te crois me petite Lycia. Viens, allons lui donner à manger !

-Ouiiiiii !

Je sautais de joie un soulevant mon renard au-dessus de ma tête. Mais je le fis doucement. Il était encore petit... même s'il était quand même lourd! Je rentrais dans la cuisine et mamie prépara quelque chose sur une table en hauteur. J'étais encore trop petite mais un jour, j'arriverais à savoir ce qu'il se trouvait dessus.

-Il faudrait lui trouver un petit nom, quand dis-tu ?

-J'ai déjà trouvé ! Il s'appelle Bennie !

Sept semaines plus tard

-Bennie ! On va jouer ?

Mon renard souleva sa tête de la gamelle qu'il partageait avec Zou, le chien de papi. Il trottina vers moi et je lui fis mon plus beau sourire. Il fallait bientôt que je reprenne l'école et maman ne voulait pas que je ramène mon Bennie dans notre appartement. C'était injuste ! Alors, je devais profiter de lui avant que les vacances d'été se terminent.

-Tu me rattrape ?

A peine avais-je dis le nouveau jeu que je partis en courant dans la grande forêt. C'était un de nos passe-temps favori ! Il suffisait que je parte à toute allure quelque part pour que mon renard me rattrape. Je ne m'arrêtais pas quand je vis que j'avais dépassé la petite rivière où on jouait souvent. Mamie m'avais dit de ne jamais franchir cette limite, mais je voulais profiter de mon renard !

Mes petites jambes commençaient à me faire un peu mal mais je continuais en regardant en arrière. Un point orange bougeait derrière moi et je filais encore plus vite, explosant de rire. J'avais de l'avance !

Mais je dus me stopper car un grand grillage se trouvait planté en face de moi. Bennie n'allais surement pas me chercher derrière cette grande grille... C'était donc la cachette idéale ! Je m'accroupis pour passer dans le petit trou que j'avais déniché sous la clôture et continua ma course.

Au bout d'un moment, je décidais quand même de ralentir car je n'arrivais plus à respirer. Qu'il était lent aujourd'hui ! Je regardais en arrière et ne vis pas son petit museau au loin.

-J'ai gagné !

Je sautais dans tous les sens pour célébrer ma victoire. Mais je m'arrêtais bien vite en ne le voyant toujours pas arriver.

-Bennie ! Sort de ta cachette !

J'attendis, longtemps. Mais où était-il ? Peut-être qu'il voulait que ce soit moi qui le cherche ? On jouait souvent à cache-cache... J'allais le trouver coûte que coûte !

Je revins sur mes pas, regardant autour de moi pour le trouver. Ma robe blanche se prit plusieurs fois dans les branchages des buissons. Il y avait déjà quelques trous... mais mamie n'allais pas me gronder pour ça !

Un petit couinement se fit entendre et je tendis l'oreille. De grosses voix s'ajoutèrent et j'eus très peur quand j'entendis un énorme bruit, le même que celui que papi faisaient avec son fusil. Un coup de feu, je crois qu'il l'appelait comme ça... Mon cœur se mit à battre plus fort et je m'avançais prudemment en me cachant sous un fraisier sauvage. Ma tête se fraya un passage dans les branches et les feuilles et je pus observer ce qui se passait.

Bennie. Allongé. Par terre. Du rouge partout sur lui. Pleins de jambes d'hommes inconnus plantées tout autour de ma boule rousse. Une odeur de fumée. Une main qui s'approche de Bennie. Mes jambes qui courent vers lui. Mes dents qui se plantent dans la main tendue. Des injures. Des bras qui me soulèvent. Mes protestations. Bennie... Mes pleurs. Puis ma colère. Mes cris. Mon Bennie...

Quelques heures plus tard

-Elle n'aurait jamais dû se trouver là-bas, gronda maman qui venait d'arriver sur le palier de la maison de papi et mamie.

-Je sais... Plus jamais elle n'ira dans la forêt, dit mamie en pleurs.

-Effectivement. Plus jamais elle ne reviendra ici à partir de maintenant...

-Non ! Ne lui fais pas ça ! protesta papi énervé.

-A cause de vous, elle a vu son animal mort ! Et heureusement que ces gens étaient là pour la ramener saine et sauve !

-Dis plutôt des braconniers ! fulmina papi.

Braconniers. C'était eux qui avaient tirés sur Bennie ?

-Marielle, je t'en prie, ne nous enlève pas notre petite-fille !

-Cette décision ne vous appartient plus. Dites au revoir à Lycia, conclu maman.

Non... je ne voulais pas ! Tout ça à cause de ses méchants hommes... Je détestais les braconniers et je leur en voudrais toute ma vie !