Chapitre 38

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Précédemment dans The Three Brothers :

Le bal. Le parfait lieu de rendez-vous pour un prince charmant cachant un sombre secret et une jeune princesse insouciante, prête à vivre un conte de fée.

Ils se seraient vu, auraient valsé toute la nuit et au terme de cette soirée, se seraient embrassé tendrement. Alors pourquoi ce super scénario ne s'était-il pas réalisé ? Pourquoi je n'avais pas eu mon moment de bonheur avec Andrew ?!

Quelle poisse...

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*image de couverture : Lycia dans sa robe de soirée court rejoindre les Yonger en plein milieu de la nuit, dans une forêt pas si sécurisée que ça...*

Quand la voiture se stoppa sur le bas-côté de la route, je me précipitais au dehors en remerciant par-dessus mon épaule l'inconnu qui m'avait servi de chauffeur, de l'université jusqu'à la frontière de la forêt.

Les premiers pas m'arrachèrent une plainte de douleur. Mes chevilles se tordaient à cause de ses fichus talons à la noix qui s'enfonçaient dans la boue. Sans plus de délicatesse, je les jetais au loin et poursuivis ma route.

Pas de bruit de lutte ni de voix qui aurait pu m'alerter et m'indiquer le chemin à suivre. Courant entre les arbres qui bougeaient leurs feuillages au rythme du vent, tout semblait silencieux. Je m'arrêtais, m'obligeant à me calmer et à observer les alentours, guettant chaque mouvement suspect. Au beau milieu d'une nuit aussi froide et effrayante que celle-ci, tous les petits bruits et les moindres déplacements me parurent suspect.

J'avalais difficilement ma salive à cause de ma gorge devenue trop sèche et décida de prendre mon arme accroché à ma cuisse au cas où je devrais l'utiliser. Rien ne m'informait de la présence d'une bête ou d'un homme entre les ombres mouvantes créée sur le sol frais. Mes pieds s'engourdirent et l'air glacé eut vite fait de me faire grelotter. Je chargeais mon revolver et marcha un peu. Comment reconnaître qui que ce soit dans ce décor angoissant ? Et puis, quelle apparence avait les ténébreuses déjà ? Malgré le stress, je cherchais dans ma mémoire ce que l'on m'avait dit sur ces étranges monstres. Mais toute ma concentration était rivée à ce qu'il se trouvait devant moi. Il n'y avait aucun indice, tellement rien que je doutais de ma présence ici. Peut-être que j'étais au mauvais endroit ? - Oh non, la gourde ! -. Je ris jaune et me retourna pour reprendre le chemin inverse. Oui mais, quel chemin ?

- Non mais ce n'est pas vrai ! soufflais-je en me rendant compte de mon énorme bêtise.

Trop focalisée sur le danger rôdant dans la nature, j'avais foncée tête baissée dans les bois si bien qu'à présent, je ne savais plus où j'étais. En me frappant le front avec le plat de ma main, je tentais d'activer le GPS avec mon portable. Bizarrement, je captais toujours un peu et je vis bientôt ma position sur la carte numérique, assez loin de la première route de bitume la plus proche de moi.

Soulagée de pouvoir me repérer, je relevais la tête et tomba nez à nez avec deux yeux d'un blanc vitreux, enfoncés à l'extrême dans un crâne en décomposition d'où sortait des volutes de fumées noire qui m'effleuraient le bout des doigts. Mon souffle resta bloqué dans mes poumons, mes yeux s'agrandirent de terreur et un frisson glacé remonta le long de ma colonne vertébrale. Le crâne me scrutait toujours, sa mâchoire osseuse tombante semblait presque attendre une réaction de ma part.

Essayant de reprendre un minimum le contrôle de mon propre corps qui semblait s'être transformé en statue de pierre, j'osais reculer mon pied et doucement, très doucement, faire marche arrière. Mon revolver me semblait si ridicule à ce moment-là que je n'eus même pas le courage d'appuyer sur la détente. Le spectre sembla s'élever dans les airs en même temps que je m'éloignais de lui. Quand soudain, l'écran de mon foutu portable s'éteignit et avec lui, la vision du fantôme squelettique.

C'est alors qu'il émit un cri des plus intenables, d'une telle intensité que mes mains s'abattirent d'elles-mêmes sur mes oreilles. On me percuta en plein dans l'estomac, me faisant lâcher mon pistolet et je volais à travers les arbres jusqu'à ce que mon dos se fracasse sur l'un d'eux, mon cœur s'abattant subitement sur le mur de ma cage thoracique en pleine inspiration. Ma peau ripait sur toute la longueur de l'écorce et je finis par m'aplatir sur la terre ferme, privé d'air. Une douleur explosa dans mes côtes et mes yeux se mouillèrent instantanément quand j'essayais de faire un geste pour me relever.

Le cri du spectre recommença et je hurlais de douleur quand mon ouïe fut attaquée sans que je ne puisse me protéger de cet horrible bruit aigu. Tout d'un coup, je ne fus plus capable d'entendre. Ou alors c'était la ténébreuse qui avait cessé cette insupportable supplice ?

Ouvrant de nouveau les yeux, il me sembla apercevoir des silhouettes familières, éclairées par ce qui devait être des phares de voiture. Dans mon hallucination, je cru voir le profil familier d'Hervé, ce maudit chasseur. Passant tout près de moi avec d'autres hommes que je ne reconnus pas.

On me tira brusquement à m'en déboiter l'épaule et tous mes sens se remirent en marche. Ma vue, mon ouïe et surtout mon odorat. La puanteur de l'alcool fort se superposa au visage de Melvin, le braconnier écœurant qui s'était permis de s'inviter chez moi et de taper la discute avec ma mère.

-T'as de la merde dans les oreilles ou quoi ? Dégage de la jt'ai dit ! aboya-t-il en me secouant dans tous les sens.

L'instant d'après, je fuyais dans les profondeurs de la forêt en m'éloignant le plus vite possible du boucan infernal des armes à feu. Je trébuchais plusieurs fois, les branches me fouettèrent maintes fois la peau mais je savais que ma survie ne dépendait plus que de ma capacité à courir le plus rapidement possible.

Surgi alors un autre crâne envahit de vagues opaques obscures qui me coupa la route. Ses globes oculaires semblèrent se fixer sur ma poitrine et ses mains dépourvus de chairs me broyèrent les bras pour venir s'emparer... de mon cœur !

-NON ! hurlais-je en me débattant avec toute l'énergie qui me restait, totalement dépassée par les évènements.

Les deux pans de sa mâchoire se disloquèrent entièrement et foncèrent à l'emplacement de mon palpitant. Je sus alors que tout était finit.

The Three Brothers - La malédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant