Partie 2 : Hugo

102 10 2
                                    

La fête battait son plein quand Lorraine arriva sur la place du village

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

La fête battait son plein quand Lorraine arriva sur la place du village. Il faut dire qu'elle venait de passer un sale quart d'heure comme on dit. Une heure plus tôt, elle avait vu Hugo sortir du bureau du directeur en arborant un large sourire sadique aux lèvres. Qu'avait-il encore bien pu faire pour paraître si joyeux ? La réponse ne tarda pas à lui exploser au visage :

- Lorraine! Clama le Directeur. Venez dans mon bureau immédiatement!

La jeune femme s'empressa de le rejoindre et se retrouva assise sur une petite chaise juste en face du Directeur ; lui était confortablement installé dans un fauteuil XXL qui le rendait davantage imposant. Entre eux, un bureau majestueux, noir et brillant de mille feux lui recrachait au visage sa totale incompétence par le biais d'une lettre assassine qui lui signifiait son renvoi.

- Je vous paye des indemnités de départ, mais le coeur n'y est pas, conclut le Directeur après lui avoir asséné un long laïus dans lequel il était question d'irresponsabilité et de trahison. Vous quittez les lieux immédiatement. Quand on trouve un emploi tel que le vôtre, Mademoiselle, on ne crache pas dans la soupe et on n'essaye surtout pas de protéger des clients récalcitrants.

Lorraine ne tenta même pas de se défendre. Elle savait pertinemment que cette flèche empoisonnée venait d'Hugo. Eh bien, puisqu'il voulait sa place, qu'il la prenne. Et là, sans savoir pourquoi, elle a senti un poids en moins peser sur sa poitrine. Elle se libérait de toutes ces tâches qui lui pesaient sur la conscience. Elle arbora un léger sourire que le Directeur prit pour une marque de respect.

- Si vous ne me posez pas davantage de problèmes, poursuivit-il sur son ton doucereux, je vous donnerai cette lettre de recommandation pour votre prochain employeur.

Il tendait le courrier comme un soldat aurait montré un drapeau blanc pour se rendre. Mais dans son cas, la blancheur de la page était le seul point commun avec le drapeau. Cette lettre servait de monnaie d'échange au cas où Lorraine aurait décidé de se plaindre auprès des prud'hommes.

- Vous avez oublié le dernier mois en cours et les primes de fin d'année dans votre calcul, répondit froidement Lorraine après avoir jeté un bref coup d'oeil à son solde de tout compte.

C'était bien la première fois qu'elle réagissait face à son employeur. De toute façon, qu'avait-elle à perdre maintenant qu'il la renvoyait sans motif légitime en dehors des ragots d'Hugo.

- Comment osez-vous! Répondit son employeur en devenant rouge cramoisi.

Il tapa du poing sur le beau bureau noir qui frissonna sous la force de l'impact. La sueur perlait du front de l'homme qui était cramoisi. Il épongea son visage d'un mouchoir en tissus qui ne le quittait jamais.

Maintenant qu'elle était lancée, Lorraine ne s'arrêtait plus :

- Je veux bien m'asseoir sur votre motif douteux, répondit-elle. Mais mes droits sont les mêmes que ceux de tout autre salarié, Monsieur le Directeur. De toute façon, si vous ne me versez pas mon dû, ce sont les gens de pôle emploi qui vous demanderont des comptes ainsi que les prud'hommes que je ne manquerai pas de saisir. Quant au motif, je souhaiterais tout de même que vous invoquiez davantage une réduction d'effectif pour cause de manque de travail plutôt qu'une incompatibilité d'humeur qui n'est pas une cause légitime de renvoi. Vous y ajouterez une prime de précarité puisque je travaillais  à ce poste bien avant l'arrivée d'Hugo. Je vous donne une heure pour rectifier tout ceci. Je n'ai pas de temps à perdre avec vous. Au-delà de ce laps de temps, vous me devrez une heure supplémentaire.

Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant