Partie 43 : Un an plus tard

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           Lorsque Paul franchit la porte vitrée de l'hôpital psychiatrique, il sentit son coeur se serrer. Il avait les mains moites et transpirait. Son passé refluait jusque dans le bout de ses doigts. Il avait vécu tellement d'années de souffrance avant de pouvoir vivre libre dans son corps et dans sa tête. Mais ses médicaments étaient efficaces et lui permettaient d'avoir une vie quasiment normale. Son petit décalage de comportement avec le commun des mortels n'était pas une gêne au sein de la fête foraine. Il se sentait aimé de tous.

- Ça va aller ? Lui demanda Manuel, toujours attentif au bien-être de son beau-frère.

Il posa sa main sur l'épaule de Paul. 

- Si tu ne le sens pas, on fait demi-tour et je reviens un peu plus tard sans toi.

- Non ! Affirma Paul en se ressaisissant. Je vais le faire. Ce sont les souvenirs... rien d'autre que les souvenirs. 

- Bon ben ! C'est parti, intervint Sacha. On n'a pas beaucoup de temps avant la fin.

- On fait comme on a dit, précisa Marco. Une dernière pique avant d'achever le taureau. 

- J'y vais le premier, dit Diego. 

Les cinq hommes avancèrent d'un pas tranquille jusqu'à la chambre qui avait été celle de Paul durant de nombreuses années. Diego ouvrit la porte sans faire un bruit et alluma la lumière.

- Eteignez ! Ordonna la patiente. J'ai dit éteignez ! Bande de connards !

- Ta gueule la vieille ! Claironna-t-il à l'oreille de la femme.

Elle était installée sur un fauteuil roulant placé à côté de la fenêtre. Elle sursauta.

- J'suis nouveau ici et j'ai l'intention de m'occuper de ton cas. Les autres disent que tu gueules tout le temps et que tu leur mène une vie d'enfer. Alors ?

- Vous n'êtes rien qu'une petite merde d'infirmier, répondit-elle sèchement. Moi aussi j'ai été infirmière à une époque. Les gens étaient faibles et à ma merci. Tant que je les soignais, ils étaient mes esclaves. Mais ici, c'est toi l'esclave, pauvre type ! Je connais la musique. Alors, tu feras ce que je te dis si tu ne veux pas que je me chie dessus, juste pour t'emmerder.

- C'est toi que t'emmerderas, répondit Diego en éclatant de rire. Tu peux même te pisser dessus. J'm'en fiche royalement. Ta toilette, c'est à neuf heures du matin. Ensuite, ce qui se passe avant le lendemain matin, je m'en fiche. Petite précision, vieille peau ; si tu te chies dessus exprès pour m'emmerder, je te fais bouffer ta merde. Si tu te pisses dessus, tu boiras ta pisse. C'est clair ?

- J'te ferai renvoyer connard !

- J'crois pas, non. Je peux aussi t'emmener quelques tarés, fans de baise. Ils s'en ficheront que t'ais des jambes ou pas. Eux, ce qu'ils veulent, c'est un trou. 

La patiente lui lança un regard effrayé. Elle en avait perdu son sens de la répartie.

- Maintenant mémé, t'as de la visite, poursuivit Diego : des amis à toi, enfin presque.

Il sortit en laissant la porte ouverte derrière lui.

- A votre tour messieurs. La dame est prête. Je vous l'ai cuisiné aux petits oignons.

- C'est très aimable à vous de vous occuper avec autant de soin de notre vieille cousine, répondit Marco à son frère. Je vous donnerai un pourboire pour la peine mon brave.

Les quatre autres visiteurs entrèrent à leur tour dans l'ancienne chambre de Paul, devenue celle de la "tante Brigitte".

- Alors comme ça, on vous soigne bien tantine ? Demanda Manuel froidement en lui lançant un regard noir.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 14, 2017 ⏰

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