Partie 38 : au poil

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                  J'étais tranquillement installée sur un siège moelleux de la salle d'attente du service dermatologique de la clinique. L'atmosphère était propice à la créativité. Cela faisait au moins une heure que je traçais des lignes et des courbes sur mon carnet à esquisses. Quand je dessine, le temps arrête sa course et plus rien d'autre n'existe. Mon projet était absolument génial, du moins de mon point de vue. Je n'avais même pas vu que Mila m'observait quand j'ai levé le nez.

- Ça fait longtemps que tu es là ?

- Cinq minutes, répondit-elle. Je ne voulais pas t'arrêter en si bon chemin.

- Ta peau est rouge, mais j'ai bien l'impression qu'il ne reste presque plus de poils sur ton visage.

- Le dermatologue a dit qu'il me faudrait une dizaine de séances supplémentaires, répondit-elle timidement. Je comprendrais que...

- Dix ! Ce n'est pas beaucoup, répondis-je avec enthousiasme. On doit laisser passer combien de temps entre chaque séance ?

- Trois mois avant la prochaine et cinq avant la suivante. Plus on épile et plus le temps entre deux séance se rallonge. Pour la quatrième séance, on devra attendre huit mois.

- Tu es contente ?

- Super contente ! Déjà là, c'est génial. Et entre-temps, je peux toujours m'épiler avec des bandes de cire froide.

- Je t'amènerai en institut.

- C'est cher, répondit-elle en grimaçant.

- On ira à l'institut deux fois par mois, poursuivis-je. On emmènera Betty et Cora avec nous. On se fera manucurer, nettoyer la peau, épiler et masser. Je ne l'ai jamais fait, mais ça doit être génial. Ça servirait à quoi d'avoir de l'argent si ce n'est pas pour l'utiliser un peu pour nous ?

- Mais c'est ton argent, objecta Mila.

- C'est l'argent de la famille. Et je ne compte pas m'arrêter-là. Les filles du manège à poney ont besoin d'un peu d'aide, elles aussi. On va s'en occuper une fois qu'on aura fabriqué le manoir des rêves et des cauchemars le plus fabuleux qui soit. Une maison hantée, c'est banal. Mais si on utilise tous les rêves et les cauchemars les plus fous, tu auras un succès pas possible.

- Marco veut arrêter les jeux Végas, me confia Mila. Il a envie de travailler avec moi. Comme ça, je n'aurai plus besoin de l'aide de Manuel pour les branchements. Ça devenait trop lourd à gérer.

- Mais qui va remplacer Marco ?

- Son frère a arrêté son boulot. Il était dans l'armée de terre depuis quinze ans. Il nous rejoint bientôt. Marco voulait en parler avec Enzo, parce que son frère est parti de chez lui quand il avait dix-sept ans ; il ne voulait pas travailler avec ses parents. Maintenant, il a trente-deux ans et l'armée l'a calmé parait-il. On a un peu peur qu'il retombe dans ses travers. Il buvait et se battait beaucoup quand il était plus jeune. On peut dire que l'armée lui a appris à filer droit d'après ce qu'il nous en a dit.

Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant