Partie 13 : La déclaration

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La police investissait la plage et ses environs

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La police investissait la plage et ses environs. Il y avait des lumières partout. Ce n'étaient pas celles de la fête foraine mais les gyrophares des voitures de police qui s'agglutinaient autour de la scène du crime. Bien évidemment, le chapiteau n'était pas indemne. Manuel et moi étions les premiers interrogés puisque nous avions découvert le corps. Les explications n'en finissaient pas et je pleurais à chaudes larmes dans les bras de Manuel.

- Ne t'inquiète pas, disait-il. Ne pleure plus Lorraine.

Il posa sa veste sur mes épaules parce que je frissonnai. Puis, il se tourna vers l'enquêteur qui nous interrogeait :

- On se baladait sur la plage et on a découvert ce corps. Point final! On peut partir maintenant ? Ça fait plus de deux heures que vous nous posez des questions et on n'a rien de plus à vous dire. On est forains, c'est vrai! Mais, ça ne fait pas de nous des assassins. Puisque je vous dis qu'on était là par hasard.

- C'est que je veux comprendre pourquoi vous étiez sur cette plage pendant que vos amis faisaient la fête sous le grand chapiteau, insista l'enquêteur en fixant Manuel droit dans les yeux.

Ça faisait une bonne dizaine de fois qu'il se refusait à répondre à cette question. Mais là, il ne voyait plus comment s'en sortir. D'autant plus que je pleurais tout en baillant tellement j'allais mal et j'étais épuisée en même temps.

- J'allais lui dire que je l'aime! Pesta-t-il en se redressant d'un coup pour faire face à l'enquêteur. Bon-sang, vous ne voyez pas qu'elle n'en peut plus de toute cette histoire! Maintenant, que vous le vouliez ou non, je vais la raccompagner et la mettre au lit. Elle est épuisée.

- Vous revenez tout de suite après, répondit l'enquêteur visiblement gêné par cet aveu qui ne lui était pas destiné.

- D'accord, dit Manuel en levant les mains au ciel. Tout ce que vous voulez, mais après que je l'ai raccompagnée.

Il m'a pris dans ses bras et m'a ramenée jusque dans le camping-car.

- Je reviens tout de suite, dit-il en me déposant sur la banquette. Je n'en ai pas pour longtemps. Ne t'inquiète pas.

- Je ne veux pas que tu partes, dis-je en m'accrochant à sa chemise. S'il te plait!

- Je te promets que je reviens tout de suite Lorraine. Mais là, je dois leur parler cinq minutes, expliqua-t-il. Je te jure que je reviens directement après. Je ne comprends même pas pourquoi ce type me pose les mêmes questions en boucle.

J'attendis donc que Manuel revienne vers moi. Impossible de dormir ou de m'assoupir un peu malgré la fatigue. Je tournais en rond en pensant à ce cadavre ensanglanté rejeté par la mer jusque devant nos pieds. J'avais beau essayer de l'oublier ;  mon cerveau avait enregistré l'image de ma macabre découverte. Dès que je fermais les yeux, ça revenait, comme un jour sans fin.

Et puis, il y avait ce que Manuel avait dit : "j'allais lui dire que je l'aime." Ses aveux devenaient bien dérisoires à-côté des circonstances dans lesquelles Manuel les avait faits. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de revivre en boucle cette phrase et mon coeur me faisait mal.

Enfin, il y avait tous les problèmes que j'avais rencontré dans ma dernière famille d'accueil qui refaisaient surface avec ce type infect qui me poursuivait jusque sur le pas de ma porte. Je l'entendais respirer fort et tenir des propos salaces pendant qu'il se caressait en pensant à moi.

- MANUEL! Hurlai-je en tenant mon crâne entre mes mains.

J'avais le souffle court. Je suffoquai.

Il ouvrit aussitôt la porte et se précipita vers moi pour me prendre dans ses bras. Je tremblai, je pleurai et les mots se noyèrent dans ma gorge pendant que je tentai désespérément de tout lui raconter.

- Il me frôlait... quand, quand, quand... je partais aux courses et il voulait... et je m'enfermais dans... le placard. Et puis... et... et puis... j'avais peur. Et... et... je me suis sauvée... loin... loin.

- Je te protégerai, affirma Manuel en resserrant son étreinte. Calme-toi. Ne t'inquiète pas.

- Mais, je n'ai jamais voulu de... de... personne depuis... que je vis seule, lui confiai-je encore. Ja... jamais.

- Ecoute Lorraine, murmura Manuel, en me fixant droit dans les yeux. Tu sais ce que je ressens pour toi. Je ne l'ai pas dit au bon moment, mais est-ce qu'il y a un bon moment après tout ? Je veux dire qu'évidemment c'était le mauvais, ça c'est sûr. Enfin bref! Si d'aventure tu tiens un peu à moi... je ne veux pas te forcer, c'est certain. Donc si tu tiens à moi, même un tout petit peu, j'attendrai le temps qu'il faudra. Je te promets que j'attendrai.

Je me suis jetée dans ses bras. Les mots qu'il venait de me dire, j'en rêvais depuis la nuit des temps. Bien sûr que c'est lui que j'attends, depuis le premier jour : Manuel, ma force, mon protecteur, mon tout.

- Tu... tu ne bouderas plus ? Murmurai-je à son oreille. Tu ne partiras plus loin de moi ?

- Plus jamais mon ange promit-il.

- Parce que ça me fait de la peine, avouai-je en me calmant un peu. J'allais te dire que mon coeur me fait mal quand tu t'éloignes de moi et que tu refuses de me parler.

Manuel embrassa mon front, ma tempe et puis mes lèvres. C'était mon premier baiser, mon tout premier. Bien sûr, il était salé par mes larmes. Mais c'était tellement doux et délicat que j'ai trouvé ça génial.

- Allonge-toi Lorraine, dit Manuel. Je m'installe tout contre toi. Il ne se passera rien d'autre, c'est promis. Je reste seulement pour te protéger.

Je me suis allongée sur mon lit, tout contre lui. Son corps me réchauffa comme un soleil. Je me suis endormie dans ses bras, épuisée mais rassurée. 

Manuel ne me fera jamais de mal, jamais.


Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant