Partie 11 : Double union

42 6 0
                                    

Le chapiteau fut dressé durant la nuit, comme sorti tout droit du sol

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le chapiteau fut dressé durant la nuit, comme sorti tout droit du sol. Le mariage de Mila et Marco serait célébré dès le lendemain. Il s'agit d'un événement très important pour les forains puisqu'il n'est pas simplement question de l'union entre deux jeunes gens amoureux fous, mais aussi de celle de leurs familles respectives. Ainsi, dès lors où nous nous déplacerons de ville en ville, Marco et ses parents ne nous quitteront plus. Nous allions donc nous enrichir d'un stand "Végas" de jeux d'argent et d'un autre de tir à l'arbalète. Nos deux familles se renforceraient de cette union et personne ne s'en plaindrait.

Chez les forains, on se marie bien souvent avec quelqu'un auquel on est promis depuis toujours. Mais ce n'est pas le cas pour les membres de la famille d'Enzo. Lui est arrivé dans cet univers par hasard. Il était orphelin, tout comme moi. Et malgré qu'il ait été pris d'affection par un couple de forains stériles, il a mis des années avant de se faire accepter jusqu'au jour où il a rencontré et épousé Cora. Elle venait tout droit du monde des forains et compte-tenu de son don de voyance, personne ne s'opposait aux décisions qu'elle prenait. Il suffisait qu'elle dise "C'est écrit!" ou encore "Vous mettriez en doute mes pouvoirs ?" pour que tout le monde s'incline. Enfin, voilà pourquoi elle s'est mariée comme elle l'a voulu, avec qui elle a voulu. Et elle a élevé ses enfants sans que personne ne se mêle de l'éducation qu'elle leur donnait. Tout ça, au beau milieu d'une fête foraine.

- Comment se fait-il que tu ne sois pas marié depuis longtemps comme les autres forains ? Questionnai-je Sacha. Les jeunes se marient tous plus tôt d'habitude.

- Manuel et moi, on fait ce qu'on veut. Notre famille vit un peu en marge du système. On est sortis avec pas mal de filles, mais ce n'était jamais sérieux. Ça ressemblait davantage à un jeu. C'est pour ça qu'à vingt-sept ans, on n'est toujours pas mariés.

- En même temps, poursuivis-je, en jetant un bref coup d'oeil vers Manuel, comment veux-tu que ton frère trouve chaussure à son pied avec son tempérament. Il passe son temps à crier, jurer et insulter tout le monde. Je la plains celle qu'il choisira!

- Si tu le dis, ajouta-t-il en souriant.

J'étais amère. Ça commence à faire un bail que Manuel refuse de me parler. De toute façon, il ne parle presque pas et jette un regard noir aux gens qui le dérangent. J'ai pourtant tenté le coup d'aller le voir pendant qu'il astiquait ses fichues auto-tamponneuses :

- Tu boudes toujours ? Lui avais-je demandé en me plantant comme un piquet droit devant lui. On devrait faire la paix, tu ne crois pas ?

- Va bosser, fut sa réponse. On ne te paye pas à rien faire.

- Mais pourquoi ne veux-tu pas en finir avec cette histoire et...

- Tu veux que je te vire ou quoi ? Répondit-il.

- Pitié, non! Dis-je dans un souffle. Je ferai comme tu voudras. Mais...

- Alors, va bosser, répéta-t-il.

Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant