Partie 4 : Double impact

72 7 2
                                    

Pour la première fois de ma vie, je découvrais l'envers du décor de la fête foraine

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Pour la première fois de ma vie, je découvrais l'envers du décor de la fête foraine.

- On se déplace sans arrêt d'une ville à l'autre, expliqua Betty en enjambant des câbles et des cartons. Pour organiser une fête foraine comme celle que tu vois, ça demande des heures et des heures de préparation. On planque toute la misère là où les clients ne voient rien. Du coup, c'est nous qui escaladons les fils et les tuyaux. Attention à ne pas poser tes pieds n'importe où. Et dès la fin de la dernière journée, on commence à tout démonter sans que les gens voient quoi que ce soit. On range, on plie, on trie et ça dure un jour de plus avant qu'on poursuive notre route vers une autre ville. Notre ennemi juré, c'est la météo. On a plus de mal quand il pleut, même si Manuel se débrouille toujours pour que tout fonctionne. Les gens n'aiment pas sortir de chez eux sous la pluie. Du coup, en hiver, on se sédentarise un peu.

- Elle est géniale cette fête, avouai-je. Je suis tellement contente de vous avoir rejoint.

- Tu sais, ce n'est pas de tout repos de travailler ici, poursuivit Betty. Ce sont les gens qui s'amusent, nous on bosse. Le matin, tu dois te lever tôt pour assumer les tâches quotidiennes comme faire les courses ou encore laver le linge et les camping-cars.

- C'est moi qui devrai tout faire ? Lui demandai-je.

- Non, bien sûr que non! Ajouta Betty en tendant une carabine à un habitué. Les filles s'occupent ensemble de toutes ces taches pendant que les garçons assurent le montage et le démontage du matériel. Le problème, c'est qu'en ce moment, il manque un homme à la fête foraine : Sacha, le frère de Manuel. Il est malade et c'est moi qui les aide à installer les stands au lieu de tout ranger.

- Alors, je rangerai et nettoierai à ta place.

- Tu sais, ajouta Betty, pour toi, ce qui va être le plus dur, ce sera de fabriquer toutes les pommes d'amour et de nettoyer ton stand. Ce n'est pas le plus facile à entretenir, je peux te l'assurer. En général, tu ne fais pas de corvées quand tu tiens ce stand-là parce que c'est déjà bien assez de travail en soi.

- Mais qui va s'occuper de tout nettoyer ? Demandai-je.

- Tout le monde  y met du sien en attendant le retour de Sacha.

- C'est grave sa maladie ?

- Une leucémie, dit Betty en installant de nouveaux ballons dans les cages. Eh mon gars! Poursuivit-elle, en s'adressant à un jeune client d'une douzaine d'années, vise l'autre oeil. Celui-là n'est pas ton oeil directeur. Tu ne peux pas y arriver en t'y prenant comme ça. Lève ton coude.

Le jeune adolescent s'exécuta, visa, tira une première fois. Un ballon éclata. Il observa ses mains durant un long moment. C'était une grande première pour lui. Il visa une seconde fois et réussit de nouveau à faire éclater un ballon. Celui-ci était rouge.

- Encore un, lui dit Betty. Tu vois, ajouta-t-elle. Tu te concentres et tu gagnes.

L'adolescent se concentra encore. Il visa le ballon vert. Il tira et gagna sa partie.

Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant