Partie 20 : Cup of tea

31 6 0
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


           Pendant que je préparais des smooties, Manuel courait acheter des croissants à la boulangerie du coin. Là-bas, tout le monde parlait du double meurtre. On se serait cru dans une ruche. Et quand Manuel est arrivé devant la caisse du magasin, la boulangère a commencé à lui poser des questions. C'était une petite dame toute ronde et toute blonde, comme les brioches qu'elle vendait et avec de bonnes joues bien rouges. La pauvre avait une mine de chien battu. On devinait que ses traits n'étaient pas ceux qu'elle arborait habituellement face à ses clients et ses rides se déformaient dans un rictus d'angoisse non feinte.

- Vous avez des informations sur les assassinats ? Lui demanda-t-elle sous le sceau de la confidence.

- Vous savez, répondit-il, on n'est pas mieux lotis que vous, sauf qu'on a tué l'une des nôtres. Lola était une petite mamie adorable qui n'aurait pas fait de mal à une mouche.

- Ben alors, pourquoi on l'a tuée ? S'étonna une cliente.

- Aucune idée madame, répondit Manuel. J'ai l'impression que l'assassin tue les gens au hasard et que cette fois-ci c'est tombé sur elle. L'autre cadavre n'était pas de chez nous. Demain, va savoir après qui il va s'en prendre. Mon avis, c'est qu'il est dingue et que, malheureusement pour nous tous, il aime bien le coin.

Il fut pris de compassion face à toutes ces femmes présentes dans le magasin. Elles se serraient les unes contre les autres comme des sardines qui se protègent entre elles par le nombre face au requin qui ne manquera pas de les attaquer à la première occasion. Pas une d'entre-elles ne lui jeta un regard de travers contrairement aux usages en vigueur. Cette fois-ci, elles se cachaient toutes derrière la haute stature et les biceps de Manuel. Il devenait le héros de la boulangerie, celui qui sait, celui qui voit, celui qui peut affronter le monstre. Ses cheveux longs faisaient de lui le tarzan de ces dames et le protecteur de la veuve et de l'orphelin. Elles savaient ! Elles savaient toutes que la nuit dernière, les forains avaient failli venger la ville de l'infamie qui s'abattait sur elle comme une nappe de brouillard toxique. Ici, ce n'était plus la plage et le farniente mais le crime et la barbarie. Qui viendrait encore passer ses vacances dans le coin ?

- Si ça n'est pas malheureux cette affaire, dit une vieille dame qui serrait son pain contre son cœur comme s'il pouvait la protéger par la chaleur qu'il dégageait. On vit une époque terrible.

- Vous avez bien raison madame, poursuivit Manuel. Chez les forains, on surveille tout le secteur et la police en fait autant. Mais ce sale type est pire qu'une anguille. Il rôde la nuit. Alors, si vous croisez quelqu'un de louche, n'hésitez pas à le signaler et surtout ne faites confiance à personne. Fermez vos portes à clef. N'ouvrez à personne.

- Comment voulez-vous qu'on le reconnaisse au milieu des touristes ? Se plaignit une autre dame qui s'accrochait à son sac nerveusement. L'hiver, tout le monde connait tout le monde. Mais en pleine période touristique, ces assassinats ne peuvent que nous causer des problèmes.

Pomme d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant