Lorraine a été renvoyée de son emploi à la suite d'une dénonciation calomnieuse. En bas du bureau ou elle travaillait, une fête foraine venait de s'installer. Après avoir chargé ses affaires dans sa voiture, elle se rend tout droit chez la cartomanc...
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Je venais d'être réveillée par un rayon de soleil qui chatouillait mon visage et par une odeur de café qui émanait du niveau inférieur. Non, je n'avais pas rêvé. J'étais bien dans le camping-car de Betty et la bouilloire sifflait allègrement comme pour me dire qu'il était grand temps que je me lève.
Je descendit donc la retrouver. Elle était déjà prête et m'adressa un sourire radieux. A côté d'elle, une jeune femme un peu plus âgée me regardait timidement. Elle était ronde, brune et son visage était recouvert de poils qui montaient jusque sous ses yeux. Ce devait être Mila, la femme à barbe dont Manuel m'avait parlé la veille.
- Mila attendait que tu te réveilles pour te montrer nos stands, dit Betty. Elle ne parle pas souvent, surtout quand elle ne connaît pas les gens. Mais quand elle s'habituera à toi, tu te rendras compte qu'elle se transforme en un véritable moulin à parole.
Mila est devenue rouge comme une tomate. Au moins, je ne suis plus la seule à me transformer en écrevisse pour un oui ou pour un non.
- B'jour, marmonna-t-elle.
- Bonjour Mila, répondis-je en l'embrassant sur les joues.
Du coup, elle est devenue encore plus rouge. Il est probable qu'elle n'ait pas l'habitude de ce genre de promiscuité.
- Fais ta toilette, intervint Betty. On t'attendait pour aller prendre le petit déjeuner. Nous, on apporte toujours le café et les jus de fruits. Manuel se charge du pain et des croissants. Cora, elle, prépare le thé. Quand Sacha est avec nous, on forme une famille unie. On était six avant ton arrivée. Maintenant, on sera sept.
- Mais ça ne vous ennuie pas trop ? M'inquiétai-je.
- Du tout. Dans deux jours, on démonte les stands et on va rejoindre nos cousins un peu plus bas, à Orléans. Ici, on n'est pas très nombreux parce que c'est un petit village. Alors, on se sépare en plusieurs groupes. Mais quand on est en ville, la troupe se recompose et je dois t'avouer que je suis vraiment pressée de les retrouver parce que c'est plus sympa quand on est tous ensemble. On forme quasiment un village dans la ville.
- Alors, on va être nombreux ?
J'avoue que j'ai un peu peur de me sentir perdue au milieu d'une foule de forains.
- De toute façon, on reste toujours entre nous. Les sédentaires n'aiment pas trop les nomades et pour peu qu'il y ait un vol ou un crime dans le coin, on est toujours les premiers à recevoir la visite de la police. Parfois, notre campement est encore plus grand quand on s'installe avec un cirque ami, mais ça, c'est pour les très grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille.
Pendant que Mila mettait en route la seconde cafetière et que Betty pressait des oranges, je me suis préparée en hâte et j'ai suivi mes deux colocataires jusqu'à la table installée par la cartomancienne. Nous étions dehors, à l'abri de regards indiscrets.