NeerGrey Eyes {En Réécriture}

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Je pousse du pied Cocotte la poule qui me bare le chemin, un grand panier d'osier dans les mains.

- Va jouer ailleurs ...

Cocotte aime bien traîner dans mes pieds. À croire que c'est son passe-temps favoris lorsqu'elle a finit de picorer tout et n'importe quoi.

J'empreinte le long chemin sinueux en pente qui mène au lac. La légère brise de fin de printemps agite mes cheveux dans la douceur du soir. Mon bras droit commence à fatiguer, alors je change le panier de côté.

J'en profite pour cueillir quelques baies de pone, de petits fruits jaune succulent possédant un leger goût acidulé une fois en bouche.

Arrivée au lac, je dépose la panière sur l'herbe fraîche. L'air d'ici me donne le sentiment d'être libre, de pouvoir faire ce que je veux. Je viens souvent, même si c'est parfois pour ne rien faire.

Je m'agenouille, remonte mes manches et commence à sortir le linge sale. Je prends la vielle chemise de mon père puis commence à la laver à l'aide d'une planche râpeuse de bois et d'un savon.

Je ne m'occuppe pas souvent de la lessive. En temps normal, à cet heure-ci du soir, je suis en train de ranger mon stand d'œufs que je vends au marché en ville.

Le bruissement des feuilles du saule pleureur caresse mes oreilles. J'adore cet arbre. Il est reposant, parfait pour lire dessous en été, pique-niquer ou encore faire une petite sieste.

Je finis de laver le dernier vêtement, une de mes nombreuses robes usées. Je presse les habits dans mes mains pour enlever le surplus d'eau. Mes doigts sont frippés, le bas de ma robe mouillé. Je remets les t-shirt, chemises, et sous-vêtements dans la corbeille. Je les étendrai une fois rentrée.

Lorsque je me retourne, je sursaute tellement fort que mon coeur loupe un battement. Tyson se tient devant moi, un panier de linge sale dans les bras lui aussi. Un sourire plane sur ses lèvres.

- Tu es là depuis longtemps ? je demande.

Je le regarde poser son panier sur la terre puis remonter son pantalon jusqu'aux genoux. Ses cheveux blond cendré sont faiblement éclairés par le soleil couchant.

Je me suis toujours demandé s'il ne ressentait pas une légère lassitude au fil du temps à toujours m'effrayer de la sorte.

- Non, je viens d'arriver, répond-il.

Ses bras trempés finissent de nettoyer le premier vêtements, celui d'une de ses petites sœurs.

- Tu veux que je t'aide ? On finira plus vite à deux.

- Je ne dirai pas non.

Je m'avance et l'aide à laver les habits de sa nombreuse famille. Que des filles, il est le seul garçon. L'aîné, qui plus est. Je sais qu'il aime ses soeurs plus que tout au monde. C'est pour ça qu'il fait tout pour que leur quotidien soit meilleur. Ils ont perdu leur père très tôt.

Tyson est mon meilleur ami, je ne sais pas comment je me débrouillerai sans lui. On a fait les quatre cent coups ensemble, on a traversé des moments difficiles comme on a traversé des moments heureux. Quelque chose nous lie. Et ce, jusqu'à ce que nous ne soyons plus de ce monde.