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— Horreur.

Je pousse un long soupir. Cela va être mon neuvième essaie.

— Trop simple. Il faut qu'elle soit magnifique sans en faire trop. Essayez-en une autre.

Je farfouille dans le placard en bois du vaste dressing puis en sors une robe bleu nuit aux épaules dénudées mais à manches longues et moulantes. Elle est barrée d'une ceinture de satin bleue clair à la taille.

Je me tourne vers Candie, assise sur de gros poufs couleur guimauve.

— Parfait ! s'exclame-t-elle en se redressant. Venez, je vais vous aider à l'enfiler.

Elle se lève et m'aide à ôter la robe jaune que je porte. Me retrouver en sous-vêtements devant une inconnue me dérange un peu, mais il faudra bien que je m'y habitue un jour ou l'autre. 

L'habit glisse le long de mon corps et tombe au sol. Candie la ramasse et le pose sur le lit, où un amas d'autres robes de toutes les couleurs sont entassées.

— Vous habitiez où avant, mademoiselle ? me questionne Candie.

Avant. Le fait qu'elle emploi ce mot me ramène à la dure réalité : ma vie est ici, désormais.

Je passe les jambes dans le froufrou de la robe.

— J'habitais dans le village de Kernann. Je ne pense pas que vous connaissez. C'est un peu loin.

— Si, si, je connais, affirme-t-elle, ce que qui me surprends. Je me souviens d'une histoire qui date d'il y a... vingt ans, je crois ?

Je me tais et l'écoute attentivement. Elle est en train de me nouer la ceinture de satin dans le dos tandis que j'enfile les manches délicates de soie.

— Bref. Il y avait une sage-femme qui venait de finir sa formation. Elle logeait au palais lorsqu'elle fut appelée un jour dans ton village pour une naissance. C'était un petit garçon, tout s'est bien passé, à un détail près.

Elle s'arrête, marque une pause. Je retiens ma respiration, craignant que ce ne soit ce que je pense. Elle me contourne pour se retrouver dans mon dos.

— Il avait les yeux verts. Lorsque la sage-femme est revenue, elle était en panique. Elle m'a dit que les parents l'avaient suppliés pour qu'elle n'en parle à personne. "Ne le dites surtout pas." C'est ce que je lui ai intimé ce jour là. Je lui avais dit d'imaginer la tristesse des parents, s'ils perdaient leur nouveau-né. Je pensais qu'elle m'avait écouté, mais non: deux jour plus tard, elle est allé voir le roi pour lui dire qu'un bébé venait de naître avec les yeux verts. Après tout, c'est ce que les sages femme doivent faire lorsqu'une chose comme cela arrive, même si c'est très rare. Les gardes ont été envoyé à Kernann et le petit a été tué.

Je viens de voir un autre point de vu de la mort de mon frère. J'en ai des frissons, presque les larmes aux yeux.

— Mais ce n'est pas tout. La reine a demandé à la sage-femme depuis quand le bébé est né. Elle lui a répondu qu'elle ne savait pas quoi faire et qu'elle ne l'a dit que maintenant, donc deux jour plus tard. La reine l'a exilée dans la forêt des Landres.

Là, je suis stupéfaite. Pas la forêt des Landres. Je ne souhaite même pas à Ashley d'y être exilée.

— Bon, vous pouvez vous contempler dans le miroir, j'ai terminé.

Je marche d'un pas mal assuré et me regarde dans la glace. J'ai du mal à croire que c'est moi : la robe m'arrive au dessus des genoux et carresse le sol derrière. Elle est juste sublime.

Soudain, on toque à la porte.

— Entrez ! autorise Candie.

La porte s'ouvre sur Kayle. Mon visage s'assombrit d'un coup face à son minois déroutant.

NeerGrey Eyes  {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant