Après en avoir appris un peu plus sur moi au petit déjeuner, qui s'est étonnamment bien passé, Kayle et moi allons nous promener dans le jardin. Je lui avais demandé à quelle heure mes parents viendront, et il m'avait répondu que ce ne sera pas avant midi.
Nous sommes donc assis sur l'un des nombreux bancs de marbre de son jardin. Nous ne parlons pas, mais cela n'est pas gênant. J'époussette ma robe beige, bien qu'il n'y aie aucunes saletés.
- Dites-moi, Eretha...
J'ai peur.
- Lorsque vous aviez dit que j'étais un enfant pourri gâté et que j'avais tout ce que je voulais, jeudi, vous le pensiez vraiment ? me lance Kayle.
Je sens son regard me transpercer de toutes parts. Je me mords la lèvre inférieure, comme si cela allait m'aider à trouver une réponse.
Je tourne ma tête vers son visage fin, ses cheveux bruns se balançant au gré de la légère brise.- Peut-être que j'ai dit cela, mais je ne vous connaissais pas. Bon, je ne vous connais toujours pas assez pour me faire une opinion profonde sur vous, mais vous m'avez comprise.
- C'est ce que la plut part des gens pensent de moi ? me demande-t-il en observant l'horizon, d'un regard froid.
Je lui adresse un tout petit hochement de tête.
- Du moins dans mon école, m'empressé-je d'ajouter.
Le prince ne me répond pas. Il observe un point précis depuis un moment. Je suis son regard: à l'entrée de la forêt, tout fond du jardin, se tient un petit écureuil sur une branche haute.
- C'est ce rongeur qui vous fascine tant ? fais-je à Kayle, moqueuse.
Mais mon sourire s'évanouit à la seconde où il tourne la tête vers moi, consterné.
- Quoi ? lui demandé-je avec un rire nerveux.
- Vous arrivez à l'apercevoir ? Dites moi de quelle couleur est son pelage.
- Heu... roux. Et il est en train de tapper un gland contre son front pour essayer de l'ouvrir.
Il est en train de me fixer, et cela m'effraie. Ce n'est pas si loin, après tout. Enfin, peut-être poir lui. Kayle me dévisage: il a la même manie que sa mère, décidément. Il passe sa main dans ses cheveux.
- Rien. Vous êtes impressionnante, Eretha. Vraiment.
J'ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Soudain, il capture ma main dans la sienne et se lève du banc.
- Venez, me lance Kayle.
Je suis surprise par la froideur de sa main, qui contraste étonnamment avec la mienne. Il m'entraîne à travers l'herbe fraîche pour ensuite pénétrer dans le Palais.
Nous traversons un dédale de couloir, et je me demande comment fait-il pour s'y retrouver. Kayle pousse une porte, et nous nous retrouvons plongé dans le noir.
Instinctivement, je me rapproche de lui et m'agrippe à sa chemise. Il m'enserre fermement la taille de son bras et s'aventure dans la pièce à tâton.
- Où sommes nous ? murmuré-je, légèrement inquiète.
- Vous allez voir...
Quelques secondes plus tard, j'entends un petit "clic", et une lumière éclatante illumine l'endroit. Vient ensuite la stupéfaction: la pièce croule sous les livres. Littéralement.
- Cette bibliothèque est à vous, rien qu'à vous ?
- N'exagérons pas, quand même, rit Kayle. C'est la bibliothèque royale: seuls mes parents, quelques de leurs sujets et moi y avons accès. Et encore, je ne peux pas consulter tous les livres. Mon valet doit m'accompagner.
Je vais à la découverte des ouvrages, en en touchant quelques uns aux couvertures extraordinaires.
- Quel est votre livre préféré, Kayle ? lui demandé-je en montant l'escalier qui mène au deuxième étage.
Je me penche par dessus la barrière en bois, dans l'attente d'une réponse. Je le vois se déplacer, et prendre entre ses main un livre blanc dépourvu de titre.
- C'est un livre sur la nature. Elle me passionne. Et vous ? me questionne-t-il en soudant son regard noisette au mien.
Je réfléchis un petit moment: je n'ai pas lu beaucoup de livre dans ma vie, même si j'adore ça.
- Vous avez déjà vu des livres, rassurez-moi ?
- Mais oui ! m'esclamé-je.
Je me tais, puis reprends.
- Les contes. J'aime les contes.
- Les contes ? Qu'est-ce ?
- Vous ne connaissez pas ? Ce sont des histoires imaginaires, dont on tire une morale à la fin. C'est très instructif.
- Et si je vous montrais, ce soir, pourquoi j'aime la nature ? me propose Kayle.
- D'accord. En revanche, demain, je vous montrerai pourquoi j'aime les contes.
Je lui souris, le premier vrai sourire que je lui adresse. Je parcours les étagères des yeux, lorsque je tombe sur un livre très abîmé. Je le saisis et lis le titre:
"Lois d'Émmoa-Famille Campbell". Je vérifie que Kayle soit occupé avant de l'ouvrir. Les feuilles sont jaunis par le temps. À la page 23, un article attire mon attention:"Loi du 29 Janvier-
Chaque enfant naissant avec les yeux verts ou gris devra être brûlé à l'aide d'un fer à l'épaule gauche au plus tard dans les trois jours à venir. Il devra être en possession d'une carte spéciale indiquant de quelle couleur sont ses yeux. Il devra obligatoirement la montrer lorsque l'on la lui demandera. Il devra aussi respecter le coure feu, qui est de 22 heures.
Loi prononcé par Liam Campbell"Je ne parvient pas à lire la date, mais cela doit dater d'il y a longtemps, car maintenant, on tue ces enfants là.
Je redépose le livre, qui m'a donné envi de rendre mon petit déjeuner. Je m'apprête à descendre pour rejoindre le prince quand des voix me parviennent du couloir. Je m'immobilise. Je cherche le regard de Kayle, effrayée. Je dévale les marches, portant ma robe pour ne pas tomber.- Kayle ! chuchoté-je.
- Je suis là ! Approchez.
La lumière s'éteint au même moment, puis sa large main me tire par le bras vers une structure de bois. Ce doit être une étagère. Mon coeur bat à une vitesse folle, menaçant de sortir de ma cage thoracique. Je me serre contre Kayle, et sens son parfum qui m'apaise instantanément. La lumière se rallume.
- Mais, Votre Majesté...
- Il n'y a pas de "mais" !
Je reconnais la voix de la reine.
- Je ne peux...
- Écoutez-moi bien, Monsieur Adams, si vous ne le faites pas, si vous osez me désobéir, je me chargerais personnellement de vous et de votre petite famille.
Je retiens mon souffle.
- Bien, Votre Majesté.
Nous entendons une porte claquer, puis le calme revient. Des pas se rapprochent de notre cachette avant de s'éloigner puis de quitter la pièce. Je sens Kayle bouger, mais il ne rallume pas la lumière.
- Vous allez bien ? lui murmuré-je.
- Non. Et ce n'est pas à cause de ma mère.
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Coucou à tous 😃😄 !!!!
Vous allez bien ? En tous cas, moi oui: j'ai adoré écrire ce chapitre, et j'espère que vous l'avez appréciez aussi 😜😗.
En tout cas, je vous remercie encore une fois de lire et à la prochaine pour le chapitre 11 😀 !
Bisous 💞💞
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NeerGrey Eyes {En Réécriture}
Adventure« Parce que j'ai les yeux verts, je dois me cacher. Parce que j'ai les yeux verts, je suis une anomalie pour la société. Parce que j'ai les yeux verts, je suis détestée. Mais surtout, parce que j'ai les yeux verts, on cherche à me tuer. . . »...