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J'observe la carte d'invitation mauve à l'odeur de lilas, l'image du prince me tendant une fleur rouge agenouillé en première page.

- Pas mal, dis-je.

Je la montre à Kayle, trop occupé à écrire quelque chose pour me prêter attention. Nous sommes assis à la terrasse, sous le soleil de midi. Le roi se promène dans les allées du grand jardin, en compagnie d'un de ses conseillers.

Je sens l'enveloppe glisser de mes mains.
Je détourne la tête, découvrant Kayle en lire le contenu.

Je le détaille du regard, examine minutieusement chaque partie de son visage. Je n'arrive pas à croire que je vais devenir sa femme. La future reine de ce pays.

- À quoi pensez-vous ? me demande-t-il soudainement.

- Comment savez-vous que je pense ?

- Vous êtes dans la lune en train de sourire sans raison apparente.

Bien vu. Lorsque j'ouvre la bouche, je ne cherche pas à cacher le fond de ma pensée.

- Je me disais que je n'arrive toujours pas à réaliser le fait que je vais devenir la gouvernante de ce pays.

Il hausse un sourcil, un sourire moqueur aux lèvres.

- Moi même je n'arrive pas à m'y faire. Avant, je pensais que j'avais le temps. Que les années passaient lentement, à leur rythme. Mais non.

Il dépose la carte d'invitation sur la table.
- La preuve : dans quelques semaines je me marie.

Je pique un léger fard. Je le laisse finir de boire son verre d'eau, ses lèvres se colorent en bleu par la suite.

- Comment faites vous pour les camoufler ?

Pas besoin de dessins, il comprend de quoi je parle.

- Sérieusement ? Vous voulez voir ? me demande Kayle, se penchant au dessus de la table.

J'hoche la tête.

- Alors regardez-moi fixement dans les yeux, chuchote-il, pointant les miens puis les siens du bout de son crayon.

Je fais ce qu'il me dit sans comprendre. Pourquoi n'enlève-t-il tout simplement pas ses lentilles comme moi je le fais ?

Je laisse mon regard voyager dans ses prunelles. Ses pupilles gardent leur couleur noir, cependant je remaque que la pigmentation noisette qui les entoure se change petit à petit en un gris foncé, à la limite de l'argenté.

Je reste bouche bée devant ce spectacle.

- Comment...?

- Pour être honnête, même moi ne sais pas.

Un rayon de soleil donne un éclat intense à ses si beaux yeux.

- Entre nous, vous pouvez les laisser comme cela, je n'y vois aucun inconvénient.

- Si vous voulez, murmure-t-il.

Il se penche encore, jusqu'à ce qu'une mèche de sa chevelure brune caresse mon visage. Ses lèvres bleues s'apprêtent à laisser s'échapper des mots, mais il se ravise.

- Dites toujours...

- Si je vous le disais, ce ne serait plus un secret, Eretha.

Il finit de manger la minuscule distance qui nous réduit en m'embrassant sur la joue droite puis de se lever pour regagner le hall du Palais, la main dans les poches.

Je me laisse tomber sur ma chaise mais me redresse imédiatement. Je me précipite dans ma chambre puis m'y enferme.

Je me dépêche d'enlever mes lentilles et de me placer face à l'immense miroir accroché au mur. Je souffle un grand coup avant d'ordonner à mon esprit de faire changer la couleur de mes yeux. J'essaie pendant une minute, sans résultat.

Je me concentre puis recommence. Toujours rien. Je ne sais pas comment il fait ça.

Toc toc toc.

Non. Je n'ai pas fermé la porte.

- Oui ? risqué-je.

Je remets en vitesse mes lentilles puis la porte s'ouvre doucement. Je suis très surprise d'apercevoir dans le reflet du miroir la mère de Kayle entrer dans ma chambre.

- Bonjour, me salue Mérédith.

- Bonjour Majesté.

Je daigne faire une jolie révérence cette fois-ci.

Son visage neutre n'est décoré d'aucun sourire.

- Je voulais aborder avec vous un sujet qui me tient très à coeur.

Elle s'assied, épouste la table malgré la poussière inexistante. Candie passe beaucoup de temps à nettoyer. La reine parcours la pièce du regard. C'est étrange de la voir ici.

- Quel sujet ? lui demandé-je, sur la défensive.

- Connaissez-vous un quelconque Tyson ?

Mon sang arrête de couler dans mes veines pendant quelques instants avant de repartir à une vitesse folle.

- Pourquoi cette question ?

Mérédith me regarde avec une once d'amusement.

- Il se trouve que, depuis un moment, ce dénomé Tyson envoie des lettres en votre nom.

- Et ?

Pourquoi ne les ai-je pas reçues ? Dans quel pétrin t'es-tu enfoncé, Tyson ?

- Il vous donne rendez-vous à vingt-heure ce soir dans une grange, ou quelque chose du genre. Je ne sais plus.

Elle ne me laissera jamais y aller...

- Je vous laisse vous y rendre.

Ça paraît louche, tout ça. Mon visage interloqué doit être plus que comique car elle se met à rire. Chose que Mérédith ne fait que rarement, pour ne pas dire jamais.

- Petite bémol, nous recevons des convives d'une très grande importance, ce soir.

Je savais qu'il se tramait quelque chose.

- Vous devinez que je ne vous laisserai en aucun cas manquer ce dîner.

Elle se lève, lisse les pans de sa jupe.

- Une autre fois, lance-t-elle, me tapotant l'épaule.

Je la regarde sortir, un sourire viscieux sur le visage.

Je reste là, debout pendant à peu près dix minutes. Peut-être une heure, même. Je repense à Tyson. Les bêtises qu'on a pu faire ensemble. Les moments pas très joyeux qu'on a traversé. Il vit dans la boue et la suie pendant que moi je me lave à l'eau chaude et porte des robes qui pouraient subvenir aux besoins de sa famille pendant au moins cinq ans.

Et puis, pourquoi ces lettres ne me sont jamais parvenues ? Il faut que je le vois, que je lui parle. Je vais le voir...

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Coucou les gens, ça va ✋👊👀 ? J'espère que oui 😝❤ !!! Je vous souhaite une joyeuse fête de paques 🎂✅♥♥ !!! Et merci d'être encore là, de commenter et voter 😃😙 ! Ça fait chaid au coeur 😍😍😍.
💕💕💕Bisoooooous💕💕💕

NeerGrey Eyes  {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant