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Les paroles de Tyson tournent toujours en boucle. Et ce, même en présence du prince. Ce qui est, entre nous, assez... dérangeant. Je me torture l'esprit dès le matin.

Lorsque je repousse les couvertures, je remarque quelque chose d'étrange. Le lit est plus moelleux et les édredons plus épais. De plus, une respiration se fait entendre à côté.

Je me redresse d'un coup, soudain parfaitement alerte. La pièce est plongée dans le noir. Je ne sais si je suis dans ma chambre ou pas.

Je tourne la tête, et tâte les dras jusqu'à ce que mes doigts rencontrent un dos. Ils remontent doucement puis atterissent dans une chevelure en bataille. Mais que fais-je ici ?

Je m'approche et hume l'air ambiant autour de la personne. Quand je reconnais cette merveilleuse odeur de lavande, je n'ai plus aucun doute.

Je me laisse finalement tomber dans les draps. Je crois rêver. Mais il n'y a pas d'odeur dans les rêves, non ? Alors je ne rêve pas, c'est bien la réalité.

J'espère que je n'ai rien fait contre ma volonté... Impossible, je porte encore cette vielle robe marron et son tablier.

Des milliers de possibilités attaquent mon pauvre cerveau quand le prince se retourne et passe un bras autour de moi.

C'est malin, ça ! Maintenant, je suis coincée. Si je bouge, je risque de le réveiller.

La pendule indique deux heures du matin. J'ai l'impression d'avoir dormi une éternité mais en même temps d'être épuisée.

Je distingue un sourire sur ses lèvres et ne peux m'empêcher de sourire aussi tandis que cet enquiquineur de sommeil m'emporte, le nez dans ses doux cheveux. Je n'essaie même pas de lutter.

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- Essayez d'avoir fière allure, me conseille le prince.

- Difficile, je réponds. J'ai l'impression d'être ridicule avec ces gants blancs et cet immense chapeau.

Hier, quand mon meilleur ami et moi avons dû nous quitter, j'ai eu les larmes aux yeux. Lui aussi, d'ailleurs. Ça m'a étonné, puisque Tyson ne pleure jamais.

Je défais le noeud sous mon menton puis retire mon large chapeau avant de le déposer sur mes genoux.

Le cheval blanc qui tire notre calèche ralenti peu à peu.

- Vous êtes têtue, me dit Kayle, qui vient de remarquer que j'avais retiré mon couvre-chef.

Il le saisit et le replace sur ma tête après avoir dégagé mes cheveux de mon visage.

- Vous allez attraper une insolation, me reproche-t-il tout en nouant le ruban de soie vert en accord avec ma robe.

- Je peux enlever les gants ? Par pitié..., le prié-je

Il lache un "non" si catégorique que je comprends que je ne pourrai pas y remédier.

Le cochet intime à l'animal de s'arrêter. Ce dernier obéit et s'arrête devant un immense bâtiment.

- C'est une école, ça ?

Kayle ouvre la portière et descend. Il me tend ensuite une main afin que je ne rate pas une marche.

- Oui, me répond-il. Ça n'a pas l'air ?

Je passe un bras sous le sien.

NeerGrey Eyes  {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant