Chapitre 20: France vs Paraguay (3ème partie)

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Paul, Dimitri et Dembélé étaient sorti pour laisser la place aux autres. Ce qui voulait dire que je n'avais plus le droit à l'erreur. Plus personne ne sera là pour les rattraper et une connerie peut très vite se transformer en but.

A la 55ème minutes, alors que rien ne s'était encore passé, je fus surpris de recevoir un beau centre de Mendi. D'autre attaquants étaient près de moi et elle m'était vraiment destinée. J'essayais de tirer une belle balle mais elle manquait de peu sa destination de base. J'étais assez déçu mais les autres me firent constater qu'elle était bien mieux que celles en première mi-temps. 

62ème minute de jeu, j'avais le ballon au pied, un défenseur qui me courait après et un gardien devant le but, face à moi. Je devais tenter quelque chose, c'était jusqu'à présent la meilleure situation que j'avais eu et je ne pouvais pas la laisser passer. Je n'avais qu'une seule solution : la balle piquée, un mouvement spécial du ballon qui le soulève et le fait dévier au dessus du gardien : ma seule chance. Je tirais de toutes mes forces et avec toute la technique que j'avais apprise mais elle passa à côté. Bien à côté même ! Je soufflais, énervé : j'étais déçu de moi et j'en avais marre. J'avais vraiment perdu mon niveau. Je regardais Didier pour qu'il comprenne que je voulais sortir mais il m'ignorait toujours. Pourquoi ? Je venais de prouver une nouvelle fois que je n'étais plus au niveau.

Je laissais tomber. Je ne courais plus. Je regardais mes enfants, qui avaient les yeux rivés sur le ballon et le joueur qui était derrière. Je ne faisais plus vraiment attention jusqu'à la 69ème où Olivier marqua le 3ème but de la rencontre et son 3ème personnel. Il prenait un malin plaisir à marquer ce qu'avant je mettais et ça me soûlait un peu. Beaucoup même. J'avais pris mes distances avec lui pour me démarquer et lui en profitait pour la mettre dedans.

Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer mes enfants lui dire qu'il était le plus fort et Adriana lui sauter au cou comme elle le faisait souvent quand je rentrais d'un match, après avoir marqué. Ça me mettait hors de moi ! Je devais marquer, ça me rendait fou !

Après encore de nombreuses minutes, Olivier fut remplacé par Lacazette. Enfin c'était mon tour ! Ma chance ! Il m'envoyait le plus souvent la balle même quand il aurait pu aller la mettre et je le remerciais à chaque fois. Moussa Sissoko à la 76e marqua comme pour me prouver que j'étais nul de ne pas savoir les mettre au fond aussi. J'étais attaquant contrairement à lui et il faisait mieux le travail que moi. Je devais faire quelque chose! Je n'en pouvais plus de me faire humilier comme ça !

Une minute plus tard, seul Lacazette et moi étions devant les cages, « On peut le faire », me motivais-je à chaque pas. Il avait le ballon. Alors que le gardien arrivait sur lui, il me le passa comme il avait l'habitude et je n'eus plus qu'à le pousser dans les buts. J'avais marqué ! Enfin ! Sur le coup de l'euphorie, je faisais mon habituelle célébration et je me mis à penser à Adi. Elle l'adorait tellement. Lacazette, qui avait fait la balle décisive la plus belle du match, se mit en face de moi et m'imita.

Mais, avec le temps, l'évidence me frappa. Je ne méritais pas d'être celui qui avait marqué ce but. J'avais reçu le ballon sur un plateau. Mon coéquipier aurait dû le marquer. Le sourire qui s'était scotché sur mon visage disparût. Il m'avait quand même fallu trois minutes pour comprendre que je ne méritais pas la prime que je toucherai ! Je m'arrêtais net de courir, comme si j'avais une énorme douleur quelque part. Didier me sortit presque aussitôt. Il devait se dire que j'en avais assez fait pour les rendre fiers de moi. Mais moi, je ne l'étais pas du tout.

-C'est très bien mon grand, m'accueillit Didier. Tu as très bien joué cette deuxième partie, tu peux être fier !

Je passais à côté de lui sans lui adresser un mot. Que lui aurais-je dis ? J'ai fait un match de merde ? Je n'ai pas marqué ce but ? Ce serait encore une fois une preuve de ma tristesse. Ça faisait deux mois que je me lamentais, je devais me ressaisir !

Celui qui m'a tué... (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant