Chapitre 47: Cure

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Après être restée une semaine en observation à l'hôpital, le médecin principal avait finalement décidé de me laisser retourner chez moi. Comme je me trouvais à Madrid, j'avais demandé à Lionel de m'apporter mes affaires la prochaine fois qu'il venait me voir. Et il avait tenu parole. Afin d'être plus proche de ma famille, j'avais choisi un centre de désintoxication à la sortie de la ville. Il était très réputé et il accueillait seulement des personnes connues. Plusieurs footballeurs y étaient déjà passés et ce qui me rassurait était le taux plus que positif des personnes qui sortaient après cette détox et qui ne replongeaient pas.

J'étais à la fois stressée et pressée d'y aller. Pressée de pouvoir me libérer de mon addiction qui me pourrissait la vie et de ce fait, rentrer plus rapidement chez moi mais également très stressée d'aller dans un endroit que je connais pas, loin de tous mes amis. En effet, pendant le temps que j'allais rester dans le centre, je devais couper tout contact avec mes proches. Du moins, tout au début, le premier mois, c'est à dire, la phase la plus compliquée dans la désintoxication, le ressentis du manque. C'était vraiment une partie que je ne voulais que personne ne voit. J'allais devenir violente, j'allais passer par des phases de dépression importantes,... et la dernière chose que je voulais c'était que les enfants et les personnes auxquelles je tiens, me voient comme ça.

A cause de ça, j'avais dû faire mes au revoir temporaires à tout le monde. Ça avait commencé avec les Bleues, puis les autres Bleus. Même si je travaillais depuis plus longtemps avec l'Équipe féminine, j'avais été plus touchée au moment de mon salut avec celle masculine. J'avais pleuré comme une madeleine. Peut être était-ce les larmes que j'avais réussi à garder pour moi ces derniers temps ? Ou le simple fait qu'ils allaient tous me manquer ? Ça avait suivi avec mes frères, Léo et Ney. La tension entre l'argentin et moi s'était calmée mais notre complicité d'antan n'était toujours pas de retour. Je savais que j'avais tout cassé mais j'étais sûre d'une chose. J'allais ramer pour avoir sa confiance de nouveau. Et je n'en demandais pas moins. Pour Ney, ça avait été autre chose. On ne se regardait ni parlait de la même façon maintenant. C'était normal après tout. On avait fait l'amour, j'étais tombée enceinte de lui et je l'avais perdu. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me pardonne et me saute dans les bras. Plus rien n'allait être comme avant, ça c'était sûr. Peut être devrais-je garder mes distances avec lui pendant quelques temps ? Déjà le fait qu'il soit parti au PSG arrangeait un peu les choses. J'étais dégoûtée d'avoir gâché notre fraternité mais bon, il fallait savoir assumer dans la vie.

Les derniers avaient été mes enfants. Mes bébés, ma raison de vivre, mon tout. Je ne voulais pas qu'ils m'accompagnent jusqu'au centre. Je préférais leur dire au revoir avant que devant la propriété. Quand je leur avais annoncé que c'était aujourd'hui le jour où je devais partir, les larmes avaient défilé les unes après les autres. Ça avait commencé par Evita. Je la comprenais, elle était jeune et allait encore une fois devoir être séparée de sa mère. Puis sa tristesse s'était transportée chez Brena, puis avait atteint les jumeaux. J'essayais de les persuader que ça allait vite passer, que je reviendrais rapidement dans leur vie, comme si je n'y étais jamais sorti. Mais finalement, la vérité avait eu raison de moi et j'avais aussi commencé à pleurer. On s'était fait un câlin groupé et je me sentais vraiment bien, entourée de ma famille.

Les derniers avaient été mes parents, Dylan et Antoine. Tous les quatre m'avaient accompagné jusqu'au centre. Une fois descendu de la voiture, mon père avait sorti ma valise du coffre, avec l'aide de mon frère. Pendant ce temps, ma mère s'était dirigée vers moi et nous nous étions salués. Puis, ce fût le tour de mon frère. Qui aurait pensé que mon petit frère soit autant affecté de mon départ ! Normalement quand ton aîné partait, tu faisais la fête à la maison. Enfin, c'était ce qu'on me racontait... Au contraire, lui voulait que je reste. Je lui avais fait le plus gros câlin du monde. Le con m'avait fait monter les larmes aux yeux.

Puis mon paternel arriva. Je crois que depuis le début des au revoir, celui-là était le plus difficile. Aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche. Seul des larmes apparurent dans mes yeux. Mon papa d'amour me prit dans ses bras. Je le serrais aussi fort que possible et il en fit de même. Il s'approcha de mon oreille avant de murmurer :

-On se revoit rapidement. Tout ce que je te demande c'est de suivre le programme et de revenir à la maison normale. Ma petite fille chérie me manque. Reviens-moi vite ma puce !

-Je te le promets papa. Te amo (Je t'aime)

-Te amo também (Je t'aime aussi)

Je pouffais légèrement de rire. Entendre mon père parler en portugais avec un fort accent français était très marrant. Certes, il ne parlait pas couramment mais je lui avais appris la base. Qu'est-ce qu'il allait me manquer ! Je me décalais de lui avant de lui embrasser fortement la joue.

La dernière personne qui restait était Antoine. Comme si mes parents et mon frère lisaient mes pensées, ils s'éloignèrent de nous deux. On était face à face et on ne savait comment commencer la discussion. Finalement, il se décida à prendre ma main gauche et à parler.

-Combien de temps tu comptes rester dans le centre ?

-Jusqu'à ce que je me sente capable de prendre soin de moi sans avoir de personnes sur mon dos.

-C'est-à-dire ?

-Peut-être pour le Nouvel An.

-Autant ? C'est la merde. Heureusement que je pourrais venir de voir.

-Oui, acquiesçais-je. J'ai aussi omis de te dire quelque chose. Je ne peux avoir de visite pendant la première phase de guérison. Autant contact physique que les appels ou messages. Pendant au minimum un mois.

-Quoi ?

-J'avais peur de te le dire mais comprends-moi Antoine. C'est pour mon bien. Et comme ça, je pourrais revenir plus rapidement à la maison, avec toi et les enfants. Je suis désolée. Mais en échange, je veux que tu fasses un truc pour moi.

-Je t'écoute.

-Qualifie la France à cette putain de Coupe du Monde !!

Il se mit à rigoler. Ça m'avait vraiment manqué. Son si joli sourire, que je n'avais pas vu depuis plusieurs mois. Et que je n'allais toujours pas voir pendant un mois. Qu'est-ce que ça faisait mal ! En même temps, je l'avais cherché. Avant qu'il n'ait l'occasion de parler, je lui sautais dans les bras. Il me réceptionna sans aucune difficulté. Cette fois, ce fût à mon tour de murmurer à son oreille :

-Promis je reviens rapidement. Pendant ce temps, prends soin des enfants. Tu vas énormément me manquer. Je t'aime, dis-je les larmes aux yeux.

-Moi aussi Adi. Tu vas me manquer.

Je me décalais et l'embrassais timidement. Avant d'avoir eu le temps de réagir, je rompis le baiser et allais prendre rapidement ma valise. Alors que je me dirigeais vers l'accueil du centre, je me retournais vers Antoine avant de lui envoyer un baiser volant et de murmurer un « Je t'aime ». Il rigola et fit semblant d'attraper le baiser. Puis ce fut à son tour de dire les trois mots. Je souriais. Avant de pénétrer définitivement dans l'établissement, je les saluais. Une larme coula sur ma joue, premier signe de victoire vers ma guérison.

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Celui qui m'a tué... (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant